Infos Viêt Nam

Temps dur pour les écologistes au Vietnam

Né de l’union de la terre et l’eau, le delta du Mékong est aujourd’hui menacé de disparition, victime du peu d’attention portée au fonctionnement fragile et complexe de la nature. Troisième article d’une série de quatre.

Comme chacun sait, il n’est pas toujours facile de concilier développement économique et protection de l’environnement. Cette tension s’est particulièrement fait sentir, récemment, par des experts et militants écologistes vietnamiens.

C’est le genre de sujet qu’on hésite à aborder trop directement, mais qu’il faut garder en tête, comme journaliste au Vietnam, lorsqu’on s’intéresse aux questions environnementales. Des gouvernements étrangers et des organismes internationaux de défense des droits de l’environnement ont dit s’inquiéter d’une phase de répression dans laquelle serait entré depuis deux ans le Vietnam à l’encontre d’experts environnementaux reconnus et de militants en vue.

Washington et Londres se sont notamment dits « préoccupés » par le phénomène alors que les pays du G7 ont promis plus de 15 milliards de dollars américains en aide à l’ambitieux engagement du Vietnam d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Hanoï rejette ces accusations, les qualifiant de calomnies.

Généralement très généreuses de leur temps et de leurs explications, les nombreuses personnes au fait des questions environnementales au Vietnam interrogées par Le Devoir se sont faites plus réservées et discrètes lorsque les questions portaient sur les possibles erreurs commises par les autorités gouvernementales. Même sous le couvert de l’anonymat, on était surtout portés à vouloir insister sur l’ampleur du défi pour un pays en développement d’environ 100 millions d’habitants qui essaie de réconcilier une meilleure protection de son environnement et de légitimes aspirations d’avancement économique et du niveau de bien-être.

À mots couverts

On admet toutefois qu’il vaut généralement mieux éviter de critiquer trop directement le gouvernement sur la place publique, mais que cela ne veut pas toujours dire qu’on restera sourd à ces critiques si elles sont exprimées autrement. 

On ajoute que le gouvernement n’est pas un tout cohérent et que ses différents ministères, comme ses différents niveaux d’autorité, ne sont pas exempts d’objectifs contradictoires et de jeux d’influences distincts.

Certains rappellent, également, que l’engagement du Vietnam d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050 n’a pas l’heur de plaire à tout le monde en plus de compliquer les choses quand on sait que le remplacement des centrales au charbon par des barrages hydroélectriques réduit les émissions de GES, mais vient bouleverser le fonctionnement du cours d’eau.

Et puis, les firmes de construction et les producteurs de riz, dont l’économie dépend tellement, n’ont pas très envie de changer leur façon de faire et disposent d’une influence considérable sur les décideurs.

D’un autre côté, il y a des gestes et des engagements en faveur de l’environnement qui ont leur importance, insiste-t-on. La promesse de carboneutralité en est un exemple.

L’adoption par le gouvernement vietnamien en 2017 de la « résolution 120 » sur le développement durable du delta du Mékong en est un autre, dit-on. Censée guider la gestion de l’aménagement du territoire pour la prochaine décennie, elle plaide notamment pour une agriculture moins intensive et à plus grande valeur ajoutée ; pour la reconnaissance de l’eau comme une ressource précieuse plutôt qu’une ennemie ; et pour une approche moins compartimentée du développement afin de considérer le delta comme un seul et unique corps vivant.

Par Éric Desrosiers – Le Devoir – 12 février 2024

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