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Répression en Birmanie : Total se maintient dans le pays tout en finançant des ONG

Bloquer les paiements à l’État birman exposerait «les responsables de notre filiale au risque d’être arrêtés et emprisonnés», justifie le PDG Patrick Pouyanné dans une tribune publiée dans le JDD.

Le groupe pétrolier Total a annoncé dimanche qu’il maintenait sa présence controversée en Birmanie, où la répression contre le coup d’État militaire a déjà fait des centaines de morts, tout en s’engageant à financer des organisations pour les droits humains dans le pays. Plus de 550 civils, dont des femmes et des enfants, ont été tués par les forces de sécurité depuis le putsch du 1er février qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, d’après l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).

Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd : quelque 2700 personnes ont été arrêtées. Beaucoup, détenues au secret, sans accès à leurs proches ou à un avocat, sont portées disparues. L’armée et la police tirent à balles réelles de jour comme de nuit, relève l’AAPP, et quatre civils sont encore tombés sous les balles samedi.

Face à la dégradation constante de la situation, des ONG internationales et locales, relayées par certains politiques en France, ont appelé Total, présent en Birmanie depuis 1992, à quitter le pays. La société va maintenir sa production de gaz qui «alimente en électricité une population nombreuse à Rangoun», la capitale économique, a fait savoir dimanche son PDG Patrick Pouyanné. Le groupe ne veut pas non plus exposer ses salariés sur place au risque de «travail forcé» s’il partait.

Total a versé environ 230 millions de dollars aux autorités birmanes en 2019 et 176 en 2020, sous forme de taxes et de «droits à la production», d’après ses documents financiers. Bloquer nos paiements exposerait «les responsables de notre filiale au risque d’être arrêtés et emprisonnés», a estimé Patrick Pouyanné dans cette tribune parue dans Le Journal du dimanche. Il s’est engagé à financer des ONG pour les droits humains à hauteur de ce qu’il versera à l’État birman.

Le Figaro avec Agence France Presse – 4 avril 2021

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