Birmanie : les combats entre armée et groupes rebelles s’intensifient dans l’État de Kayah
À bientôt un an du coup d’État militaire en Birmanie, les combats entre l’armée et des groupes rebelles anti-junte s’intensifient depuis une dizaine de jours dans l’est du pays. Selon l’ONU, la situation serait préoccupante pour les civils dans l’État de Kayah.
C’est plus particulièrement dans les villes de Loikaw et de Demoso, situées à 200 km à l’est de la capitale, dans l’État de Kayah, que la situation serait très tendue. L’armée y aurait lancé des frappes aériennes et procédé à des tirs d’artillerie.
Selon des témoins rencontrés par l’AFP, des centaines de moines auraient abandonné leurs monastères, quittant la ville à bord de dizaines de camions. Mais ce n’est pas tout. L’ONU affirme que près de 90 000 personnes ont fui l’État de Kayah. Elles seraient près du double selon les médias locaux.
La ville « désertée »
À Loikaw, des combattants rebelles ont investi des églises et des maisons abandonnées. Ils ont aussi forcé les portes d’une prison pour tenter d’inciter les détenus à les rejoindre, a indiqué un membre de la police locale. Dans cet État, 35 personnes avaient été tuées à la veille de Noël et leurs corps brûlés. Un massacre imputé aux militaires. Une quinzaine de prêtres ont aussi pris la fuite.
La Birmanie a sombré dans le chaos depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 qui a renversé Aung San Suu Kyi et mis fin à une décennie de transition démocratique. Dans l’État de Kayah, comme ailleurs dans le pays, des groupes ethniques rebelles, aidés par des milices citoyennes, ont pris les armes contre la junte depuis l’arrivée de la saison sèche en novembre.
L’ONU appelle l’armée à mettre fin aux attaques
La junte reste silencieuse face aux appels au dialogue lancé par la communauté internationale. Tom Andrews, le rapporteur des Nations unies sur la Birmanie, a de nouveau demandé au chef de la junte Min Aung Hlaing de mettre « fin aux attaques » lancées contre Loikaw et de « laisser passer l’aide humanitaire ».
Et, alors que la situation sanitaire et humanitaire est critique, les militaires bloquent l’acheminement de l’aide et des fournitures médicales dans les régions où la résistance est forte, selon l’ONG Human Rights Watch. Plus de 1 400 civils ont été tués par les forces de sécurité depuis le putsch et plus de 11 000 ont été arrêtés, d’après une ONG locale.
Aung San Suu Kyi, déjà condamnée à six ans de prison, risque des décennies de détention au terme de son procès. Âgée de 76 ans, elle est tenue au secret par les généraux depuis près d’un an.
Radio France Internationale avec Agence France Presse – 16 janvier 2022
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