Cambodge : la déforestation illégale met en danger les peuples indigènes
Au Cambodge, la déforestation illégale, qui s’est accélérée ces deux dernières années dans deux zones protégées, met en péril l’écosystème et les droits des peuples indigènes. Dans un nouveau rapport d’Amnesty International, l’ONG dénonce ces pratiques et appelle les autorités cambodgiennes à protéger les droits de ces communautés.
L’abattage massif des arbres dans les réserves naturelles de Prey Lang et Prey Preah Roka, deux zones censées être protégées et qui figurent parmi les plus importantes forêts pluviales au monde, est désormais hors de contrôle, selon Richard Pearshouse, conseiller d’Amnesty International pour les situations de crises et l’environnement.
« Les images satellites montrent clairement une perte colossale des couverts forestiers. Rien que l’an dernier, nous avons observé la destruction de plus de 6 000 hectares de forêts dans ces deux zones protégées. »
Un déboisement illégal qui se fait selon Amnesty International en toute impunité et avec le consentement tacite des autorités : « Les autorités cambodgiennes n’ont jamais vraiment protégé ces réserves naturelles. Le ministère de l’Environnement cambodgien a au contraire empêché les militants écologiques d’effectuer des patrouilles de surveillance et de protéger leurs forêts des coupes illégales. Les autorités doivent lever cette interdiction et mettre un terme à la corruption dans leurs rangs. »
Un impact dévastateur pour le peuple Kuy
Au-delà des conséquences gravissimes pour l’environnement, ces pratiques ont des conséquences dramatiques pour les populations indigènes, notamment pour la communauté Kuy qui vit à l’intérieur et autour de la forêt de Prey Lang.
« La forêt joue un rôle crucial pour la subsistance et la spiritualité du peuple Kuy, explique Richard Pearshouse. Pour eux, le déboisement entraîne la disparition de leur forêt sacrée et de la résine des arbres qu’ils protègent et qu’ils récoltent de manière durable. L’impact pour ces peuples indigènes est dévastateur. »
Pour Amnesty International, la question de l’environnement a trop longtemps été reléguée au second plan. La déforestation illégale qui détruit l’écosystème de la planète doit désormais occuper une place centrale dans les négociations diplomatiques entre Phnom Penh et les pays comme la France qui entretiennent de forts liens diplomatiques avec le Cambodge.
Radio France Internationale – 29 janvier 2022
Articles similaires / Related posts:
- Mondolkiri, province oubliée Oubliez les palmiers à sucre. Tirez une croix sur les rizières. La province de Mondolkiri, sur les contreforts montagneux du Vietnam voisin, offre un paysage de collines et de forêts, un climat parfois frisquet et une population qui ne parle pas toujours très bien le khmer. Un autre Cambodge. Récit issu de notre magazine. « Nhiet drang » ! L’invitation est un peu brusque, presque un ordre. L’homme au visage taillé à la serpe et aux longues oreilles percées m’observe en souriant. Puis il m’invite à entrer dans sa longue maison en chaume. « Nhiet drang »… « Boire à la jarre », dans le dialecte...
- Cambodge : le « développement » au détriment de l’environnement L’industrialisation effrénée du pays s’accompagne de dérives environnementales que le régime autoritaire cambodgien tente de masquer, en réduisant au silence les défenseurs de la nature. Trois viennent d’être poursuivis pour « conspiration » et « insulte au roi »....
- Cambodge. Face à Bolloré, l’ethnie Bunong pleure sa forêt Les paysans cambodgiens ont été déboutés par le tribunal de Nanterre, dans une affaire d’accaparement de terres les opposant à l’homme d’affaires breton....
- Cambodge. L’ethnie bunong poursuit son combat contre Bolloré Depuis l’implantation sur leurs terres de Socfin-KCD, filiale minoritaire du groupe Bolloré, le mode de vie des Bunongs s’est métamorphosé. Une première audience de la procédure d’appel doit avoir lieu ce 13 décembre 2021, à Versailles, après un rejet en première instance. ...
- Plus de 70 affaires de blanchiment d’argent découvertes au Cambodge Après que le Groupe d’action financière (GAFI) ait placé le Cambodge sur une liste grise l’année dernière, le ministère de l’Intérieur a découvert 75 affaires de blanchiment d’argent. En février 2019, le groupe d’action financière (GAFI) ou Financial Action Task Force (FATF), un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, a placé le Cambodge dans la liste grise, liste de pays « très vulnérables au blanchiment d’argent ». Un an après, le ministère de l’Intérieur a découvert 75 affaires de blanchiment d’argent, saisi environ 8 millions d’USD et confisqué près de 3 000 véhicules. Le système...