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La Thaïlande à la lutte pour redresser son taux de natalité

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Les autorités thaïlandaises se débattent pour convaincre la population du royaume de faire davantage d’enfants afin de redresser le taux de natalité qui ne cesse de baisser, menaçant l’économie.

La Thaïlande cherche par tous les moyens à encourager sa population à faire davantage d’enfants afin de redresser le taux de natalité qui ne cesse de baisser, et envisage d’offrir aux parents des facilités d’accès aux centres de fertilité et aux garderies et de faire appel aux influenceurs des réseaux sociaux pour promouvoir les joies d’être parents.

Le nombre de naissances en Thaïlande a chuté de près d’un tiers depuis 2013, date à laquelle le taux de natalité a commencé à décliner. L’année dernière le pays, qui compte 70 millions d’habitants, a enregistré seulement 544.000 naissances, le chiffre le plus bas depuis au moins six décennies, inférieur à celui des décès (563.000) de la même année – lequel n’a augmenté que de 1,99% par rapport à 2020 malgré le Covid-19.

Même si la trajectoire démographique de la Thaïlande est similaire à celle d’autres pays asiatiques comme le Japon ou Singapour, en tant qu’économie émergente reposant sur une main-d’œuvre bon marché et une classe moyenne en croissance, les implications pour le royaume sont beaucoup plus problématiques.

Changement de mentalités

Les données reflètent un déclin de population (…) au cœur duquel on trouve un changement de mentalités vis-à-vis de l’idée d’avoir des enfants“, explique Teera Sindecharak, experte en démographie à l’Université Thammasat.

Le haut responsable de la santé, Suwannachai Wattanayingcharoenchai, a déclaré à Reuters que le gouvernement reconnaissait la nécessité d’intervenir.

Nous essayons de ralentir la baisse des naissances et d’inverser la tendance en incitant les familles, qui sont prêtes pour cela, à avoir des enfants plus rapidement“, a-t-il déclaré, décrivant des projets de mesures visant à garantir que les nouveau-nés bénéficient du plein soutien de l’État.

Élever un enfant coûte cher”

Parmi les mesures envisagées figurent l’ouverture dans les 76 provinces du pays de centres de fertilité, actuellement limités à Bangkok et à quelques autres villes, ainsi que le recours à des influenceurs de réseaux sociaux pour porter le message, selon des sources officielles.

Si elles étaient arrivées un peu plus tôt, de telles politiques auraient peut-être pu convaincre des personnes comme Chintathip Nantavong, 44 ans, qui a décidé avec son partenaire, avec qui elle vit depuis 14 ans, de ne pas avoir d’enfants.

Élever un enfant coûte cher. Un semestre pour la maternelle coûte déjà 50.000 à 60.000 bahts (1.390 à 1.670 euros), puis on atteint des millions un peu plus tard“, dit-elle, soulignant que d’autres pays disposent de meilleurs établissements de soins et ont de meilleures politiques de protection sociale.

Vers une société “super-âgée”

La Thaïlande n’est pas la seule dans la région à se débattre contre un faible taux de natalité. Mais elle est moins riche que certains pays plus développés qui ont dû s’appuyer sur une force de travail étrangère pour soutenir leur économie. La Thaïlande a également des lois relativement restrictives sur le travail des étrangers, ceux-ci n’ayant le droit d’exercer qu’un nombre limité de métiers. 

Les experts estiment qu’il est difficile d’inverser une situation dans laquelle interviennent de nouveaux facteurs sociaux amenant autour de l’idée d’avoir des enfants des préoccupations liées à l’endettement personnel et à la prise en charge des personnes âgées.

La Thaïlande est en passe de devenir une “société super-âgée” où le nombre de personnes de plus de 60 ans représentera plus d’un cinquième de la population, explique Teera Sindecharak. Environ 18% de la population thaïlandaise a aujourd’hui plus de 60 ans.

Baisses de productivité

L’année dernière, le ratio entre les personnes en âge de travailler et les personnes âgées était de 3,4. Mais d’ici 2040, les autorités estiment qu’il pourrait être de 1,7.

Le secteur manufacturier va être confronté à des baisses de productivité… nous devons donc développer une main-d’œuvre qualifiée et adopter l’utilisation de technologies automatisées“, a déclaré le chef de l’agence de planification de l’État, Danucha Pichayanan, lors d’un récent forum d’affaires. La Thaïlande est un important pôle régional de fabrication pour l’automobile et l’électronique notamment.

Danucha Pichayanan note aussi que la tendance démographique actuelle risque également de peser sur les finances publiques, et certains experts soulignent que la couverture sociale des personnes âgées n’est pas considérée comme suffisante, même aujourd’hui, avec des allocations mensuelles de seulement 600 à 1.000 bahts (16,7 à 27,8 euros).

Establishment rétrograde

Il est devenu plus difficile de décider d’avoir des enfants“, exlique Teera Sindecharak, soulignant que la dernière décennie a été morose économiquement, tandis que le coût de la vie a fortement augmenté sans amélioration significative des revenus.

Les turbulences politiques, l’augmentation de la dette et les coûts de l’éducation sont d’autres facteurs prédominants dans la réticence des Thaïlandais à avoir des enfants, et les mesures à court terme risquent de ne pas suffire, estiment les experts.

On ne saurait oublier que la Thaïlande a également été secouée par l’instabilité politique au cours des deux dernières décennies, avec deux coups d’État militaires et de grandes manifestations antigouvernementales dont les dernières ont été menées par une jeunesse en rupture avec un establishment aux idées jugées rétrogrades et néfastes pour l’épanouissement des jeunes.

“Nous avons un chat”

La dette des ménages a atteint près de 90 % du produit intérieur brut, contre 59 % en 2010, selon les données de la Banque de Thaïlande.

Mais pour beaucoup comme Chinthathip, qui a choisi de ne pas avoir de progéniture, le coût reste le principal frein à l’idée d’élever des enfants.

La classe moyenne, les employés de bureau ou les personnes qui essaient de joindre les deux bouts pensent la même chose“, dit-elle. “En ce moment, nous avons un chat et ce n’est pas aussi coûteux qu’un enfant.”

Lepetitjournal.com avec Reuters – 8 mars 2022

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