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Vietnam : Vo Van Thuong nommé président, en pleine offensive anticorruption

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Les députés vietnamiens ont élu jeudi le successeur de Nguyen Xuan Phuc, qui a démissionné dans le cadre d’une campagne de lutte contre la corruption. Seul candidat, il a récolté 487 voix sur 488.

Le Vietnam s’est doté jeudi 2 mars d’un nouveau chef d’État, au coeur d’une campagne anticorruption d’ampleur organisée par le parti communiste, incontesté au pouvoir, qui a pris dans ses filets le précédent président. Vo Van Thuong, qui a récolté 487 des 488 voix de l’Assemblée nationale selon un média d’État, était le seul candidat pour succéder à Nguyen Xuan Phuc, qui a démissionné en janvier dernier. Le nouveau président, âgé de 52 ans, s’est dit «déterminé à lutter contre la corruption et les pratiques malsaines».

Le Vietnam, tenu d’une main de fer par le parti communiste (PCV), traverse une séquence d’agitation en coulisses, marquée par le départ de plusieurs hauts responsables soupçonnés d’être impliqués dans des scandales liés à la gestion de la pandémie. Le mouvement, fondé par le héros de l’indépendance Hô Chi Minh, a lancé une purge anticorruption d’ampleur, qui a culminé avec la démission de Nguyen Xuan Phuc, premier ministre au plus fort de la crise sanitaire.

Ces campagnes, récurrentes dans l’histoire du pays, «sont un moyen de dire à la population que le parti sanctionne les méchants, et pour le secrétaire général de régner au sein d’un appareil d’État gangrené par les rivalités personnelles et d’argent», explique Benoît de Tréglodé, directeur de recherches à l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM). Ces dix dernières années, quelque 168.000 membres ont été sanctionnés, dont plus de 7.300 pour corruption, selon le parti unique.

«Un apparatchik»

L’intronisation de Vo Van Thuong constitue «le dernier coup» du secrétaire général du PCV Nguyen Phu Trong, l’homme le plus puissant du régime, «dans sa campagne pour dessiner le présent et le futur du parti», analyse Jonathan London, un expert basé aux Pays-Bas. L’ancien étudiant en philosophie, considéré comme un proche de Trong, occupe depuis 2021 la fonction de chef adjoint du Comité de pilotage central pour la prévention et la lutte contre la corruption et les pratiques malsaines. Il dirige aussi la commission de propagande du PCV, un organe clé dans ce pays autoritaire qui figure parmi les pires élèves au classement mondial de la liberté d’expression.

Vo Van Thuong est aussi le plus jeune membre du puissant Politburo du PCV, dont les 16 membres actuels (dont une femme) décident de l’orientation politique du pays. Cette promotion fait de lui un successeur potentiel de Trong, 78 ans, lors du prochain Congrès en 2026. «Thuong n’a pas de base politique importante», modère Jonathan London, qui estime qu’il y a «autant de chances qu’il soit une figure de transition». Vo Van Thuong est «un apparatchik du système. Sa nomination ne symbolise pas un tournant», renchérit Benoît de Tréglodé, insistant sur la «stabilité» du parti. Le président, visage du régime à l’étranger, est le chef d’État, mais reste une figure politique moins influente que le secrétaire général du PCV.

Durcissement de la répression envers les dissidents

La gestion de la pandémie fait l’objet d’un large examen par le pouvoir communiste. Au moins une centaine de hauts fonctionnaires et de dirigeants d’entreprises, dont le ministre de la Santé et le maire de la capitale Hanoï, ont été arrêtés ces derniers mois pour un scandale de surfacturation de tests de dépistage du Covid. Une quarantaine de personnes, en grande partie des diplomates et des policiers, ont par ailleurs été arrêtées dans le cadre d’une autre enquête concernant, elle, une campagne de rapatriements au plus fort de la pandémie.

Dans son dernier rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde, Amnesty International a dénoncé le durcissement de la répression envers les voix dissidentes du régime, avec la multiplication d’arrestations arbitraires et de poursuites à l’encontre des journalistes.

Le Figaro avec Agence France Presse – 2 mars 2023

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