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La Birmanie prépare le retour, à partir de la mi-avril, de mille réfugiés rohingya

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Après la visite d’une délégation birmane dans les camps au Bangladesh, des réfugiés rohingya ont émis des doutes sur la possibilité de ce rapatriement. « Je ne pense pas qu’ils nous feront revenir en Birmanie. S’ils le font, ils ne nous donneront aucun droit. »

La Birmanie s’est dite prête au retour, à partir de la mi-avril, d’un millier de Rohingya réfugiés au Bangladesh dans le cadre d’un programme de rapatriement pilote, a déclaré un porte-parole de la junte au pouvoir, Zaw Min Tun, mercredi 22 mars. « Nous allons accueillir la population de retour conformément à l’accord entre les deux pays », a-t-il fait savoir, précisant que le premier rapatriement concernerait « environ un millier de personnes ».

Après la visite d’une délégation birmane dans les camps au Bangladesh, des réfugiés rohingya ont, pour leur part, émis des doutes sur la possibilité de ce rapatriement. Arrivée il y a une semaine, la délégation de dix-sept membres, conduite par un haut fonctionnaire du ministère de l’immigration birman, a rencontré 480 réfugiés rohingya dans les camps, qui en accueillent près d’un million.

A l’arrivée de la délégation, des responsables bangladais avaient dit espérer voir débuter prochainement un rapatriement des réfugiés, plus de cinq ans après leur exode. Quelque 750 000 Rohingya birmans avaient à l’époque fui la répression de l’armée birmane, aujourd’hui objet d’une enquête pour « actes de génocide » devant la Cour internationale de justice.

L’identité rohingya « imaginaire », selon la junte birmane

Le Bangladesh et la Birmanie avaient signé un accord pour le rapatriement des réfugiés dès 2017. Mais la pandémie de Covid-19 puis le coup d’Etat militaire en Birmanie début 2021 ont maintenu les Rohingya dans ces camps insalubres, où ils ne sont pas autorisés à travailler et dépendent presque entièrement d’une maigre aide alimentaire pour survivre.

L’ONU a facilité le transport de certains fonctionnaires birmans de la délégation et la Chine joue un rôle de médiateur. L’ambassadeur chinois à Dacca, Yao Wen, avait déclaré la semaine dernière qu’un rapatriement commencerait « très prochainement ». Mais plusieurs réfugiés rohingya ont dit qu’aucune de leurs demandes concernant leur sécurité en Birmanie ou la reconnaissance de leur citoyenneté n’avait reçu de réponse.

« Ils nous ont maltraités là-bas. J’ai demandé si désormais nous pourrions vivre une vie normale là-bas mais alors ils [la délégation] m’ont interrompue », a expliqué Shamsun Nahar, une Rohingya de 40 ans, à l’Agence France-Presse. « Ils ne voulaient plus de questions. Je ne pense pas qu’ils nous feront revenir en Birmanie. S’ils le font, ils ne nous donneront aucun droit. »

Les Rohingya, installés en Birmanie depuis des générations, sont toujours considérés comme des intrus dans le pays dont ils n’ont pas la nationalité, ni les mêmes droits que les autres habitants. Le chef de la junte birmane et auteur du coup d’Etat de 2021, Min Aung Hlaing, à la tête des forces armées lors de la répression de 2017, a qualifié l’identité rohingya d’« imaginaire ». Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a répété dimanche que les conditions n’étaient pas propices pour « un retour sûr et durable » des Rohingya.

Le Monde avec Agence France Presse – 22 mars 2023

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