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Thaïlande : le parti vainqueur des élections écarté de la coalition pro-démocratie

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Le parti réformiste vainqueur des dernières élections législatives en Thaïlande a été écarté mercredi de la coalition de huit partis pro-démocratie qui tente de former un gouvernement, dans un contexte de forte résistance des militaires et des milieux pro-royalistes.

Le parti Move Forward (MFP) est arrivé largement en tête lors du scrutin du 14 mai et a remporté le plus grand nombre de députés, grâce au soutien massif d’une jeunesse avide de changements profonds dans le royaume, gouverné par l’armée depuis quasiment une décennie.

Mais la candidature de son chef, Pita Limjaroenrat, au poste de Premier ministre a été balayée par les sénateurs, triés sur le volet par l’ancienne junte, en raison de sa détermination à réformer la très stricte loi sur la diffamation royale.

Après des jours de tractations en coulisses, le dirigeant du Pheu Thai, l’autre principal parti de la coalition, a annoncé la mise à l’écart de Move Forward.

“La formation du nouveau gouvernement n’inclura pas le MFP”, a déclaré Chonlanan Srikaew aux journalistes.

“Le Pheu Thai s’efforcera d’obtenir suffisamment de voix, le MFP sera dans l’opposition et nous travaillerons dans une nouvelle dimension qui sera bénéfique pour le peuple. Le parti va maintenant présenter le magnat de l’immobilier Srettha Thavisin comme candidat au poste de Premier ministre”, a-t-il ajouté.

Les discussions visant à élargir la coalition à d’autres partis ont révélé que l’insistance du MFP à vouloir réformer la loi sur le lèse-majesté constituait une pierre d’achoppement majeure, a-t-il poursuivi.

“Plusieurs partis ont clairement fait savoir qu’ils ne soutiendraient aucun gouvernement avec le MFP dans la coalition”, selon Chonlanan Srikaew.

La nouvelle a déclenché la colère de certains partisans du MFP, venus manifester devant le siège du Pheu Thai, brûlant des mannequins et souillant les murs du parti de peinture rouge.

Le secrétaire général du parti Move Forward, Chaitawat Tulanon, s’est montré plus mesuré, affirmant que le parti continuerait son combat, dans l’opposition.

“Nous ferons de notre mieux pour conduire la politique thaïlandaise vers une véritable démocratie, un système dans lequel les votes des gens comptent vraiment”, a-t-il déclaré aux journalistes.

Outre la réforme de la diffamation royale, le MFP a effrayé l’establishment thaïlandais en promettant de réformer l’armée et de démanteler les monopoles qui dominent l’économie du royaume.

Depuis l’échec de Pita Limjaroenrat à devenir Premier ministre, “ce n’était qu’une question de temps” avant que le Pheu Thai ne se débarrasse de lui, a déclaré à l’AFP le politologue Thitinan Pongsudhirak.

– Un homme d’affaires candidat –

“La question est de savoir si le MFP soutiendra le candidat Pheu Thai pour marginaliser le Sénat”, a déclaré Thitinan Pongsudhirak à l’AFP. “Si c’est le cas, ce serait un camouflet pour les putschistes”.

Pour devenir Premier ministre, un candidat doit être approuvé à la majorité par les deux chambres, les 500 députés élus et les 250 sénateurs nommés par l’ancienne junte.

Pita Limjaroenrat, 42 ans, diplômé de Harvard, avait obtenu 324 voix dans les deux chambres lors d’un vote à la mi-juillet, mais seulement 13 au Sénat.

Sa deuxième tentative quelques jours plus tard a été bloquée et il a été suspendu de son mandat de député par la Cour constitutionnelle pour détention de parts dans une chaîne de télévision. La loi thaïlandaise l’interdit, sachant cependant que cette chaîne n’a plus diffusé depuis 2007.

Le vote du Parlement pour désigner le Premier ministre est prévu vendredi. Le parti Move Forward n’a pas encore annoncé si ses députés voteront pour M. Srettha.

Srettha Thavisin, homme d’affaires de 60 ans au profil consensuel, va devoir constituer autour de lui une nouvelle coalition susceptible de remporter l’adhésion des sénateurs.

Mardi dans une vidéo diffusée par son parti, il a affirmé exclure de gouverner avec les partis pro-militaires auteurs du coup d’Etat de 2014.

Il aura cependant besoin du soutien d’une partie du gouvernement sortant issu de ce coup d’Etat, comme le Bumjathai d’Anutin Charnvirakul qui dispose du troisième plus important groupe de députés, pour avoir une majorité à l’Assemblée.

Le Pheu Thai est un poids lourd de la politique thaïlandaise, dirigé en sous-main par la famille Shinawatra qui compte parmi ses membres deux anciens Premiers ministres évincés par des coups d’Etat militaires en 2006 et 2014.

Le patriarche de ce clan incontournable de la politique thaïlandaise, Thaksin Shinawatra, est en exil principalement à Dubaï depuis 15 ans pour échapper à une condamnation pour corruption, dans un procès qu’il juge politique.

Mais la fille du milliardaire âgé de 74 ans a annoncé la semaine dernière qu’il avait l’intention de rentrer au royaume le 10 août prochain et de s’en remettre à la justice.

Agence France Presse – 2 août 2023

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