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Vietnam : l’histoire oubliée du pasteur qui a combattu pendant 17 ans dans la jungle

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Traqué par l’armée vietnamienne après la victoire des communistes au milieu des années 1970, Hin Nie s’est retranché dans l’étouffante forêt primaire. Pendant près de vingt ans, ce chrétien s’est battu pour l’autonomie des minorités ethniques du Vietnam, avant de déposer les armes.

Au milieu des années 1970, l’Histoire retient l’échec patent des États-Unis, engagés dans une guerre de près de deux décennies, qui se soldera par des centaines de milliers de morts. Après la reddition américaine, en 1973, les communistes jubilent. La République socialiste du Vietnam est créée en 1975. Le pouvoir va donc s’adonner avec encore plus de force à réprimer dans le sang les minorités ethniques, désireuses d’autonomie.

Cette histoire est aussi celle de Hin Nie. Ce pasteur d’origine vietnamienne, qui réside dans l’État de la Caroline du Nord, était l’un des principaux membres du Front uni pour la libération des races opprimées (Fulro), a récemment rapporté la BBC. Pendant dix-sept ans, ce mouvement insurgé, constitué de guérilléros de foi chrétienne, a tour à tour combattu les forces vietnamiennes, trouvé refuge au Cambodge, puis mis fin à sa lutte armée.

Une traque de quatre ans

La rencontre de Hin Nie avec les armes s’est déroulée au printemps 1975. Le retrait américain et la défaite de Buon Ma Thuot, dans les hauts plateaux du Vietnam, ont accéléré sa fuite dans la jungle environnante. Jusqu’à la capitulation américaine, le pasteur résidait à Buon Ma Thuot, une ville peuplée de missionnaires américains, au côté desquels il officiait dans une école biblique. La chute de cette cité l’a précipité dans les bras du Fulro.

Ce mouvement insurgé était composé d’une constellation de combattants chrétiens, baptisés “Montagnards”, persécutés par le pouvoir. La victoire communiste a conduit ce dernier à appuyer la répression. Pendant quatre ans, les combattants du Fulro sont traqués par les forces vietnamiennes. “Nous n’avions pas d’armes puissantes”, a relaté Hin Nie à la BBC.

Des peaux de serpents en guise de taxes

Sous-équipé, le mouvement est contraint de se retirer au Cambodge voisin. “Nous ne pouvions pas rester. Alors, nous avons traversé la frontière”, a t-il expliqué. Mais ce pays dirigé d’une main de fer par le dictateur Pol Pot, chef des Khmers rouges, a constitué un refuge particulièrement dangereux. En 2012, l’université de Yale avait estimé que 1,7 million de personnes avaient été victimes du régime khmer.

Ce qui devait donc s’apparenter à se jeter dans la gueule du loup s’est finalement traduit par un lien de soumission. Les autorités cambodgiennes ont autorisé le Furlo à établir son campement sur leur sol. À une condition : s’acquitter d’une taxe mensuelle sous forme de peaux de tigres, de pythons et de cornes de cerf.

“Ils étaient très en colère. Ils nous ont menacés à plusieurs reprises, a indiqué le pasteur. Ils nous ont dit ‘si vous ne payez pas d’impôts, vous devez rentrer'”. Finalement, l’armée “oubliée” déposera les armes en 1992, échouant à obtenir leur libération.

Par Antoine Grotteria – Geo Magazine – 28 août 2023

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