Le parc archéologique d’Angkor menacé par le sur-tourisme ?
Quel avenir pour le parc archéologique d’Angkor à l’aune de l’ouverture du nouvel aéroport de Siem Reap-Angkor ? Alors que le gouvernement mise gros sur le tourisme dans la région de Siem Reap, la question se pose de savoir si ce tourisme de masse ne constitue pas une menace pour le patrimoine.
L’aéroport international de Siem Reap-Angkor, qui vient d’accueillir ses premiers vols, devrait accueillir 7 millions de passagers dès l’année prochaine et jusqu’à 13 millions en 2040, lorsqu’il sera achevé. L’aéroport pourra alors accueillir plus de 100 000 vols par an.
On est loin, bien sûr, des plus grands aéroports du monde : 100 millions de passagers à l’aéroport international Hartsfield-Jackson d’Atlanta aux États-Unis, l’aéroport numéro 1 ; ou 50 000 millions de passagers à l’aéroport français de Paris Charles de Gaulle, le numéro 10. Mais, bien qu’il ne s’agisse ni d’un hub international ou régional, ni d’un aéroport d’affaires de classe mondiale, ces nouveaux locaux situés à 40 kilomètres du parc d’Angkor ont été conçus à grande échelle par leurs promoteurs.
Une telle capacité de passagers, c’est bon pour le tourisme, c’est bon pour l’économie et donc c’est bon pour le pays, ont sans doute pensé les planificateurs de ce projet dont le financement provient en partie de l’initiative Belt and Road de Pékin.
Bon pour le tourisme ? Oui, si ce flux de visiteurs n’y débarque pas uniquement pour passer trois jours dans le parc d’Angkor, mais se répand ensuite dans tout le pays. Si les visiteurs amenés en masse par avion s’agglutinent dans le parc pendant un court séjour, le sur-tourisme détruira le tourisme.
Au cours des dernières années, la diversification des destinations touristiques cambodgiennes a figuré comme l’une des priorités du gouvernement. Avec l’ouverture de ce nouvel aéroport, cette volonté de diversifier les lieux touristiques doit impérativement se traduire dans les faits. Sinon, aussi sûrement que la forêt engloutira les temples s’ils sont abandonnés, l’aéroport international étouffera la poule aux œufs d’or qu’est le parc d’Angkor.
Lepetitjournal.com / Cambodianess – 5 novembre 2023