Deux étudiants s’engagent dans la renaissance des danses traditionnelles khmères
Momvan Davin et Rith Daro ravivent le lakhon ape et le yike, danses khmères méconnues, en mêlant passion, tradition et modernité pour inspirer les jeunes générations cambodgiennes.
Le lakhon ape et le yike sont deux formes emblématiques du théâtre musical cambodgien, chacune reflétant des aspects uniques de la culture khmère.
Le yike
Le yike (en khmer : យីកេ) était une forme de théâtre musical populaire au Cambodge, caractérisée par l’intégration du chant, de la danse et d’un ensemble d’instruments traditionnels. Selon certaines sources, le yike aurait des origines javanaises et aurait été introduit au Cambodge via le Siam au milieu du XIXᵉ siècle. Les histoires présentées sont fréquemment tirées des Jatakas ou de contes de la vie du Bouddha, et sont appréciées pour leur capacité à transmettre des enseignements religieux et moraux. Wikipédia
Le lakhon ape
Le lakhon ape est une forme traditionnelle de théâtre dansé cambodgien, caractérisée par l’intégration du chant, de la danse et du jeu d’acteur. Les interprètes, vêtus de costumes traditionnels, incarnent divers personnages et racontent des histoires issues du riche patrimoine culturel khmer. Le lakhon ape se distingue par sa capacité à combiner des éléments de danse classique et de théâtre populaire, offrant ainsi une expérience scénique unique qui reflète la diversité et la profondeur de l’art khmer.
Une passion pour les arts ancestraux
À seulement 24 ans, Momvan Davin et Rith Daro, étudiants en troisième année à l’Université royale des beaux-arts, se sont donné une mission : faire revivre le lakhon ape et le yike, des formes de danse et de théâtre traditionnels cambodgiens.
« Ces arts incarnent l’âme de notre culture. Nous voulons que les jeunes Cambodgiens s’y intéressent et les préservent »
explique Davin à Cambodianess, spécialiste du lakhon yike, une discipline mêlant chant, danse et dialogues humoristiques.
Daro, quant à lui, se consacre à la mise en scène des danses traditionnelles. Il a joué le rôle principal dans l’histoire de Sang Sel Chey de lakhon bassac à Angkor Sangkrant à de Siem Reap. Ses talents lui ont permis de se produire lors d’occasions spéciales, notamment à l’Académie chinoise des sciences et dans le cadre de programmes d’échanges culturels en Chine.
Une renaissance après des décennies d’oubli
Le lakhon ape, presque disparu pendant les décennies de guerre civile au Cambodge, a connu un renouveau en 1991, mais les performances publiques sont restées rares jusqu’en 2019.
Lors du Festival de l’eau de novembre, Davin et Daro ont redonné vie à des personnages emblématiques comme Tevoda Kageng Kagang. « C’était incroyable de voir les spectateurs redécouvrir cette danse. Beaucoup n’avaient jamais vu ce personnage sur scène », raconte Davin, qui a incarné le rôle avec une énergie communicative. Daro, lui, insiste sur l’importance de maintenir des standards élevés. « Nous devons recréer chaque mouvement avec précision pour rester fidèles à l’art original », dit-il.
Des défis pour préserver un héritage fragile
La route n’a pas été sans embûches. Daro évoque le manque de ressources : « Certains documents ont été perdus. Nous devons souvent travailler avec ce que nous avons et combler les lacunes grâce à nos mentors. »
Les contraintes financières ont également pesé. Daro a dû interrompre brièvement ses études pour travailler et pouvoir payer ses frais. « Cela a été difficile, mais je n’ai jamais abandonné mon rêve de performer », confie-t-il.
Un appel à la jeunesse et au public
Malgré ces défis, ils restent optimistes. « Nous voyons un intérêt croissant pour ces danses. Mais il faut que ce soutien dure », souligne Davin, appelant les parents à faire découvrir les arts traditionnels à leurs enfants. Les deux artistes souhaitent également attirer un public plus large grâce à des créations innovantes. « Nous voulons surprendre tout en transmettant des messages éducatifs. C’est ainsi que ces arts continueront à vivre », conclut Daro.
Leur engagement reflète une volonté profonde de préserver l’identité culturelle khmère. Avec le soutien du public, ils espèrent écrire un nouveau chapitre dans l’histoire des danses traditionnelles cambodgiennes
Lepetitjournal.com avec Cambodianess – 25 décembre 2024
Articles similaires / Related posts:
- New Cambodian Artists : danser, travailler, poursuivre son chemin malgré le COVID Depuis plus de 18 mois, deux danseuses cambodgiennes répètent chaque jour, malgré un avenir désormais incertain en raison de la pandémie. Elles continuent, même si aucune représentation n’est prévue....
- La Beauté du geste, un documentaire rythmé par le Cambodge Xavier de Lauzanne, réalisateur de nombreux documentaires à travers le monde, revient sur le devant de l’affiche avec son nouveau long-métrage, La beauté du geste. A travers notre rencontre avec le réalisateur, plongez dans l’univers passionnant du ballet royal cambodgien, de ses danseuses et de la royauté cambodgienne....
- “La Beauté du geste – Danse et éternité” : un documentaire de Xavier de Lauzanne au cinéma le 13 mars En 1906, Auguste Rodin découvre les danseuses cambodgiennes lors d’une représentation du Ballet royal à Paris. Bouleversé par cette expérience et par leur gestuelle, il produit en quelques jours une œuvre magistrale de 150 aquarelles…...
- Le Ballet Royal du Cambodge : un spectacle de danse traditionnelle au Musée du Quai Branly À l’occasion de l’exposition « Au fil de l’or », le Musée du Quai Branly accueille les 8 et 9 mars 2025 le Ballet Royal du Cambodge pour trois représentations exceptionnelles de danse traditionnelle....
- Battambang, ville créative pour l’Unesco La ville de Battambang est devenue la première ville cambodgienne à être intégrée au Réseau des villes créatives de l’UNESCO (UCCN)....