Le fils d’Aung San Suu Kyi alerte sur le sort des prisonniers politiques birmans
Kim Aris, le plus jeune fils d’Aung San Suu Kyi, attire l’attention sur la détention de sa mère, bientôt âgée de 80 ans. L’ancienne cheffe du gouvernement, renversée par la junte il y a quatre ans, vit dans l’isolement. Au total, plus de 21 000 personnes sont détenues en Birmanie pour des raisons politiques.
Le dernier contact de Kim Aris avec sa mère, Aung San Suu Kyi, remonte à plus d’un an, lorsqu’il a reçu une lettre de sa part. Dans ce courrier, elle “n’a pas pu dire grand-chose”, explique-t-il à Channel News Asia, les échanges des prisonniers avec l’extérieur étant lus et censurés.
“Mais je sais que, dans les conditions dans lesquelles elle était détenue, elle ressentait le froid et la chaleur, et qu’elle avait des problèmes de santé permanents.”
Quatre ans après le coup d’État militaire qui a mis un terme à la démocratie en Birmanie, l’ancienne cheffe du gouvernement Aung San Suu Kyi est détenue dans la capitale, Naypyidaw. Mais très peu d’informations filtrent sur son état de santé.
Son fils, qui vit à Londres, a tenté depuis ce dernier courrier de poursuivre les échanges. “J’ai envoyé des lettres et des colis de soins. J’ai demandé à pouvoir la voir en personne, comme c’est son droit. Je n’ai reçu aucune réponse. L’armée n’a répondu à aucune de mes demandes.”
21 753 prisonniers politiques
Aung San Suu Kyi avait déjà passé quinze ans en résidence surveillée, entre 1991 et 2010, lors des juntes précédentes. En août 2023, sa peine d’emprisonnement de trente-trois ans a été réduite de six ans dans le cadre d’une grâce partielle.
“Ma mère va avoir 80 ans cette année, et je veux continuer à attirer l’attention sur son sort et sur celui du peuple birman.”
Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques, 21 753 personnes seraient détenues dans les geôles birmanes pour des raisons politiques.
La junte birmane a annoncé le 31 janvier prolonger de six mois l’état d’urgence. Depuis le coup d’État du 1er février 2021, le pays est plongé dans une guerre civile ayant coûté la vie à au moins 6 000 individus et entraîné le déplacement d’au moins 3 millions de personnes. L’armée a perdu le contrôle de larges parties du territoire. Et la tenue d’élections, une promesse régulière de la junte, semble toujours plus improbable.
Courrier international – 4 février 2025
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