« La France est très attendue au Vietnam » : Forum d’affaires d’Asie du Sud-Est 2025

Depuis 2021, un mouvement de réorganisation des chaînes de valeur s’opère vers la zone ASEAN, où des opportunités se dessinent par milliers. 

« N’attendez pas, foncez, vos concurrents y sont déjà », ont clamé les intervenants aux chefs d’entreprises, lors du Forum d’affaires d’Asie du Sud-Est organisé à Paris. Pays en pleine expansion, le Vietnam s’est dressé au-devant des projecteurs en tant que positionnement stratégique pour innover en 2025. « La France est très attendue au Vietnam » a souligné le directeur exécutif de la Chambre de Commerce France-Vietnam (CCIFV).

Organisé pour la troisième fois par Business France le 12 février dernier, le Forum Asie Pacifique pour les affaires a posé les jalons d’une course à l’investissement dans la région Asie Pacifique, considérée comme prioritaire par la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Représentants de ministères français et étrangers, de la Team France Export et de Business France ont discuté des opportunités à saisir pour les entreprises françaises qui veulent se lancer.

« Je vous le dis, aux chefs d’entreprise en particulier, n’attendez pas, foncez, parce que vos concurrents sont déjà partis ».

Mais la Team France Export a mis en garde, c’est maintenant qu’il faut oser pour ne pas laisser passer sa chance. L’Asie capte un quart du commerce mondial et bénéficie d’un dynamisme hors du commun, servant de « pivot entre la Chine et l’Inde, avec un nœud central, le hub de Singapour et le détroit de Malacca ».

La région Asie-Pacifique : l’Eldorado des entreprises

Les experts l’ont répété : la région d’Asie du Sud-Est est dans une conjoncture de croissance à long terme, et représente donc un fort potentiel pour les entreprises, où Singapour, hub emblématique, occupe une position de premier plan. En 2023, 12 000 entreprises françaises exportaient vers l’Asie du Sud-Est, dont la plupart sont des PME. Ce dynamisme est notamment marqué par l’interconnectivité de la région et les investissements pour le développement de ces pays. Les flux de capitaux ont alors doublé en 10 ans.

Avec de nombreux accords de libre-échange conclus, y compris par l’ASEAN, la région offre une situation extrêmement stratégique. La France a d’ailleurs félicité l’accord de libre-échange signé entre le Vietnam et l’Union Européenne lors du Forum.
Depuis la fin de la pandémie, les exportations françaises connaissent une progression annuelle à deux chiffres vers les pays d’Asie du Sud-Est, faisant de l’Asie Pacifique une « zone prioritaire » pour Bercy. Le Trésor Public encourage les entreprises européennes et françaises à saisir ces opportunités à travers sa politique de soutien et de garanties, notamment concernant les prêts.
La région présente les ressources nécessaires pour s’y lancer. Catherine Chanthaboun, du Crédit agricole, présente au Forum, a mis en évidence un mouvement nouveau qui s’opère vers l’Asie du Sud-Est : les acquisitions d’entreprises. Ces acquisitions permettent de « profiter du carnet d’adresses, de l’environnement, et de l’implantation déjà faite » assure Olivier Monange, de DS Avocats, garantissant un développement rapide.

Autre ressource importante, la région Asie Pacifique reste très attractive pour les VIE. Elle compte environ 500 jeunes professionnels à Singapour, en Thaïlande et au Vietnam principalement. Les intervenants ont incité les entreprises à profiter de ce « dispositif unique » et « extrêmement bon pour le développement commercial et industriel des entreprises sur place ».

Stratégie de diversification avec les tensions sino-américaines

La période actuelle de tension sino-américaine, notamment avec le retour de Trump à la tête des Etats-Unis, renforce la stratégie de diversification des entreprises.

En jouant le « ni – ni » les entreprises se tournent vers d’autres pays, en se délocalisant. L’Asie-Pacifique s’affirme alors comme un élément central des chaines de valeur mondiales, profitant de leur réorganisation due à la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis.
La stratégie « Chine + 1 » est sur toutes les bouches, et on constate effectivement un mouvement général de délocalisations de géants en Malaisie et au Vietnam, tels que Apple, Samsung ou encore Nike.

Investir en Asie du Sud-Est, « Oui, l’innovation est d’abord une solution »

L’Asie du Sud-Est, c’est une vingtaine de projets d’investissement, plus de 500 emplois créés depuis Singapour, le Vietnam et la Thaïlande. La France grâce à son expertise et ses « leaders visionnaires » dans des secteurs prometteurs renforce sa stratégie de diplomatie économique.

Parmi les secteurs les plus prometteurs en 2024, on retrouve tout d’abord les investissements dans les infrastructures. Vinci est présent dans la région, notamment au Vietnam avec les projets de métro et de ligne ferroviaire. Puisque les besoins en infrastructures sont croissants pour accompagner le développement rapide de ces pays, les opportunités dans la logistique et le transport sont très importantes. Les secteurs des transports aériens, le ferroviaire, et le portuaire sont parmi les plus dynamiques ont souligné les experts.

Ainsi, investir dans le secteur des infrastructures, c’est « déverrouiller un potentiel de croissance à deux chiffres » car « oui, l’innovation est d’abord une solution ». Tous les pays de l’ASEAN misent sur l’innovation, avec Singapour en tête de file.
En parallèle, l’innovation dans les télécommunications et le digital progresse rapidement. Le vice-ministre vietnamien des communications était d’ailleurs présent lors du Forum. Les intervenants ont souligné que le Vietnam recherche l’expertise française dans ce secteur, les représentants vietnamiens se rendent souvent à Paris pour développer leurs relations et accélérer leur révolution numérique.

Enfin, le secteur médical et sanitaire, où la France possède une vraie expertise, semble en porteur, particulièrement en termes d’équipements médicaux dont 80% sont importés par l’ASEAN.

Le Vietnam sur le devant de la scène

Le Vietnam était sous les feux des projecteurs lors du Forum le 12 février dernier. En tant que puissance exportatrice, le pays a besoin d’investissements dans ses infrastructures portuaires et présente donc beaucoup d’opportunités. Si la plupart des pays d’Asie du Sud-Est misent sur une politique d’attraction industrielle, le Vietnam emboite le pas avec sa volonté d’investissement dans les semi-conducteurs.

Victime des aléas climatiques, le Vietnam développe également une stratégie de convergence entre les objectifs de développement durable et de croissance verte. De nombreuses opportunités se dessinent alors pour accélérer cette révolution énergétique et agricole. Le pays coopère avec l’expertise française pour se lancer, par exemple, dans des projets tels que la décarbonisation ou la souveraineté alimentaire.

Le directeur exécutif de la Chambre de Commerce France-Vietnam (CCIFV) – Adam Koulaksezian – a encouragé les entreprises à s’installer sur le territoire vietnamien en soulignant que « la France est attendue au Vietnam – en pleine transition énergétique et explorant la réouverture du nucléaire – , et, si  les grands groupes sont déjà sur place,  il y a tout l’écosystème autour, qui a besoin de PME innovantes”.

Par Joséphine Chaboche – Lepetitjournal.com – 21 février 2025