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Focus sur la présence économique française au Vietnam : IDE et EFE

Par son expansion économique et sa croissance rapide, le Vietnam constitue une terre d’accueil rassurante pour les investisseurs étrangers. Dans l’article d’aujourd’hui, Le Petit Journal zoom sur la présence et l’engagement économique français au Vietnam sous deux formes : les investissements directs étrangers (IDE) et les entreprises françaises de l’étranger (EFE).

Il est nécessaire avant toute chose d’apporter quelques précisions.

Selon les sources utilisées, les chiffres et les statistiques qui illustrent et quantifient la présence française au Vietnam en termes d’investissements peuvent varier. Les données de la Banque de France ne comptabilisent par exemple que les investissements réalisés directement depuis la France et ne prennent donc pas en compte ceux qui transitent par d’autres pays (Singapour, Hong Kong…) et encore moins les investissements réalisés par une filiale basée dans la région.

À l’inverse, les chiffres présentés par les institutions vietnamiennes incluent ces données ainsi des investissements qui ont été cédés, des projets d’entrepreneurs individuels et quelques erreurs. La nuance est donc de mise.

Implication économique française et IDE au Vietnam

Selon les données vietnamiennes, la France se place au 16e rang des pays du monde qui investissent le plus au Vietnam et occupe la deuxième place européenne derrière les Pays-Bas. De manière plus générale, les pays européens ont un grand intérêt pour le Vietnam : entre 2019 et 2024, la part des IDE d’origine européenne dans le stock d’IDE vietnamien est demeurée stable, représentant 6% du stock total.

Toutefois, la part française au sein de ces flux européens a nettement baissé sur cette même période, passant de 17% des IDE venant d’Europe en 2019 à 13% en 2024. Si l’on se penche sur les données fournies par la France, elle n’était en 2024 que le cinquième investisseur européen au Vietnam (52.5 millions de dollars) derrière les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Allemagne et le Danemark.

Au regard de ces statistiques, la France apparaît comme un investisseur modeste mais rappelons que la méthodologie appliquée pour fournir ces chiffres n’est pas la même partout. Ainsi, de nombreuses entreprises françaises opèrent au Vietnam depuis une base régionale comme Singapour ou Hong Kong et certains flux d’investissements passant par ces “hubs” ne sont pas comptabilisés dans les statistiques officielles.

Qui plus est, des entreprises telles que Décathlon stimulent des réseaux de sous-traitant importants qui sortent des schémas de statistiques. Enfin, certaines sociétés françaises ont participé à de grands projets pour le Vietnam (Airbus a notamment fourni au Vietnam son satellite d’observation VNREDSat-1) que le montant de l’investissement ne traduit qu’imparfaitement.

Une présence française en cours de diversification

Dans son “Enquête européenne sur l’activité des filiales étrangères des groupes français” portant sur 2021, l’INSEE listait 232 filiales françaises au Vietnam (dont les ⅔ sont basées à Ho Chi Minh-Ville), enregistrant un chiffre d’affaire total de 2.5 milliards d’euros et employant plus de 25.000 personnes, ce qui placerait le Vietnam à la 5e place des pays de l’ANASE (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) accueillant des investissements français. Le Vietnam est même devenu un pays de premier plan pour les activités de certains groupes français dont les chiffres d’affaires sont en forte croissance à l’instar de Décathlon et de CMA-CGM.

Les entreprises françaises au Vietnam se répartissent en plusieurs catégories qui s’adaptent et suivent les mutations de l’économie locale : celles impliquées dans des grands projets d’infrastructures, terrain historique des sociétés françaises. D’autres entreprises choisissent le Vietnam comme base de production à coût modéré pour l’exportation, incluant des manufactures ou des sociétés de services informatiques et de jeux vidéo. Enfin, un nombre croissant d’entreprises considèrent le Vietnam non seulement comme un marché de consommation, mais aussi comme un centre de conception de produits, avec des investissements de groupes comme L’Oréal ou Sanofi.

L’activité des entreprises françaises au Vietnam ainsi que les IDE d’origine française se concentrent dans les secteurs les plus porteurs et prometteurs de l’économie. Dans le domaine des transports notamment, Airbus et Safran sont bien implantés au Vietnam et Air France a signé en octobre 2017 une coentreprise avec Vietnam Airlines. Le secteur de l’énergie s’avère également crucial : EDF est en négociation concernant un projet de centrale à gaz de Son My 1 et exploite plusieurs sites d’énergies renouvelables. Enfin, le troisième secteur ou la France est la plus impliquée est celui des infrastructures grâce à Vinci et Bouygues qui possèdent de nombreuses filiales au Vietnam.

La présence française au Vietnam, via les EFE

L’influence économique française au Vietnam passe aussi par les EFE qui représenteraient 20 000 emplois et 4 à 5 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Ces sociétés peuvent être détenues par des Français implantés au Vietnam, des Franco-vietnamiens ou des Viet kieu (quelqu’un d’origine vietnamienne qui vit à l’étranger et qui a grandi pour la plupart à l’étranger). Ces entreprises sont de droit local, mais disposent néanmoins de liens indirects avec la France à travers leurs fondateurs, leur activité (importations d’intrants ou d’expertise française) ou leurs liens capitalistiques.

Parmi les principales EFE créées au Vietnam, certaines montrent une réussite importante comme Open Asia (distribution de produits de luxe, restauration), Apple Tree (importation, distribution, hôtellerie) ou encore Archetype (architecture). Un autre grand succès de l’entrepreneuriat français en Asie, Aden Services (services aux entreprises) – qui compte désormais Chanel et la famille Dassault à son capital – a initialement été fondé au Vietnam avant de déménager son siège en Chine (Shanghai). Ces EFE opèrent notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire (Les Vergers du Mekong, New Viet Diary), des services (Aden, Open Asia) et de l’industrie (Roof International, Stolz Miras).

Par Paul Cottenceau – Lepetitjournal.com – 24 février 2025

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