Birmanie : un mois après le séisme, une situation toujours précaire
Le 28 mars, le plus puissant séisme en plus d’un siècle à frapper le territoire birman a tué plus de 3800 personnes. Des bombardements se poursuivent dans le pays malgré une trêve humanitaire annoncée par la junte.
La Birmanie demeure dans un état critique un mois après le séisme qui a tué plus de 3800 personnes à travers le pays, où des bombardements se poursuivent malgré une trêve humanitaire annoncée par la junte. «Ça fait un mois, mais nous essayons toujours de récupérer ce que nous avons perdu», a déclaré à l’AFP un habitant de Mandalay (centre), qui a requis l’anonymat pour parler à la presse. «Je ne suis pas le seul en difficulté, il y a tout le monde autour de moi», a-t-il décrit.
Le 28 mars 2025, un séisme de magnitude 7,7, le plus puissant en plus d’un siècle à frapper le territoire birman, a tué plus de 3800 personnes, selon le dernier bilan en date des autorités. Les dégâts se concentrent autour dans la région de Mandalay, la deuxième ville du pays, où les secousses ont détruit ou endommagé des appartements, des boutiques, des hôtels ou des sites religieux, poussant à la rue des dizaines de milliers d’habitants.
Inquiétude pour les prochaines semaines
À l’approche de la saison des pluies, les organisations humanitaires ont averti de l’ampleur des difficultés à venir, dans un pays déjà rendu vulnérable par la guerre civile qui fait rage depuis le coup d’État du 1er février 2021.
«Les gens sont extrêmement inquiets de ce qu’il va se passer dans les prochaines semaines», a expliqué à l’AFP Nadia Khoury, responsable pour la Birmanie auprès de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
La FICR prévoit un plan d’aide sur deux ans, parce que «l’ampleur géographique de ce tremblement de terre a été absolument considérable», a-t-elle poursuivi.
Bombardements
Le 2 avril, la junte a décrété un cessez-le-feu pour soutenir les efforts des secours et de reconstruction. Mais l’armée a procédé depuis lors à 65 attaques aériennes, a relevé le Centre pour la résilience de l’Information, une organisation indépendante basée au Royaume-Uni.
Mercredi dernier, un bombardement a tué cinq personnes et blessé huit autres dans un village près de Tabayin (centre), à une centaine de kilomètres de l’épicentre du séisme, ont indiqué à l’AFP des habitants. «J’ai réussi à me cacher tout de suite après avoir entendu des explosions, mais pas ma grande sœur», a expliqué Ko Aung, 40 ans. «Elle a couru paniquée durant l’attaque, et un éclat d’obus l’a touchée à la tête. Elle est morte sur le coup».
Cho Tint, 46 ans, a décrit s’être réfugiée dans une étable lorsqu’un avion de chasse a largué deux bombes sur son village. «Les militaires ont annoncé un cessez-le-feu pour le tremblement de terre, mais ils l’ont déjà enfreint, et ils continuent d’attaquer les civils», a-t-elle déclaré. «Ce sont eux qui dépassent les limites»
Millions de déplacés
La trêve doit expirer le 30 avril si elle n’est pas renouvelée d’ici là. Dans l’est de la Birmanie, des habitants ont dit également avoir été chassés de chez eux par une offensive menée par des groupes armés d’opposition qui tentent de s’emparer pendant la trêve de villes situées sur une route commerciale lucrative vers la Thaïlande.
Les affrontements ont provoqué le déplacement de plus de 3,5 millions de personnes, selon les Nations Unies. La crise birmane s’est aggravée au moment où les États-Unis ont commencé à réduire drastiquement leurs dépenses humanitaires. Faute de financements, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé mi-mars supprimer son aide à plus d’un million de personnes en Birmanie.
Selon le PAM, plus de 15 millions d’habitants du pays, sur un total de 51 millions, ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins alimentaires quotidiens.
Le Figaro avec Agence France Presse – 28 avril 2025
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