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Emmanuel Macron au Vietnam fin mai : un déplacement hautement stratégique

Il est attendu de pied ferme, d’autant plus et d’autant mieux que sa visite, promise depuis 2018, a été plusieurs fois reportée. Emmanuel Macron, puisque c’est de lui qu’il s’agit, sera le quatrième Président français à se rendre au Vietnam depuis 1973, date de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. La dernière visite présidentielle, celle de François Hollande, remonte à 2016 : une éternité, si l’on songe à l’importance croissante du Vietnam en Asie et dans le monde, et à l’historicité de ses liens avec la France.

Le Vietnam sera en fait la première étape d’une tournée dans le sud-est asiatique que le Président français poursuivra en Indonésie puis à Singapour, où il doit prononcer le discours d’ouverture du Dialogue de Shangri-La, qui est l’un des grands rendez-vous annuels de la région Indopacifique, région dans laquelle la France est de facto présente (Polynésie, Nouvelle Calédonie..) et où elle entend bien faire entendre sa voix.   

Un contexte bien particulier

Prévue autour des 26 et 27 mai (A ce stade, le calendrier peut encore évoluer), cette visite d’Etat d’Emmanuel Macron au Vietnam s’inscrit dans un contexte bien particulier.

Considéré comme une place manufacturière alternative à la Chine, le Vietnam connait en effet un développement économique fulgurant, auquel la croissance de ses exportations vers les Etats-Unis n’est bien évidemment pas étrangère. Mais c’est justement là que le bât blesse, en tout cas pour Donald Trump, qui a imposé à Hanoï des droits de douane de 46%, avant de lui accorder – comme à presque tous les autres pays – un sursis de 90 jours.

Le Vietnam se voit donc contraint de négocier un nouvel accord commercial avec les Etats-Unis, faute de quoi ses ambitieux objectifs de croissance – 8% pour l’année 2025 et du deux chiffres pour les années suivantes – risquent de devoir être revus à la baisse.  

Adepte de sa flexible et bien nommée « diplomatie du bambou », Hanoï se retrouve sur une ligne de faille, à devoir jouer les funambules. Comment s’attirer les bonnes grâces de Washington sans s’attirer les foudres de Pékin ? Telle est la question qui se pose actuellement à To Lâm, le Secrétaire général du Parti communiste vietnamien, qui a reçu mi-avril la visite d’un Xi Jinping bien décidé à faire pencher le bambou vietnamien de son côté à lui.

Pour une relation bien particulière

Le Président français va donc devoir essayer de se frayer une place dans ce jeu d’équilibriste auquel se livre le Vietnam, avec une virtuosité consommée.

Sur le plan des échanges, la situation n’est pas des plus brillantes, en tout cas vue depuis Paris, qui relève un déficit commercial criant, de 5.5 milliards d’euros, pour la seule année 2024.

Si elle veut gagner quelques parts de marché au Vietnam, la France va devoir commencer par ratifier l’accord de protection des investissements Vietnam – Union européenne, signé en 2019, et user de son influence à Bruxelles pour faire lever le « carton jaune » qui sanctionne encore les produits de la pêche vietnamiens. C’est en tout cas ce qu’attendent d’elle les dirigeants vietnamiens.

Cela suffirait-t-il ? Pas évident. Inutile de se voiler la face, les entreprises françaises se sont laissées distancer, au Vietnam. Si en 1993, lors de la visite historique de François Mitterrand, elles avaient a priori pas mal de cartes en main, elles n’ont pas vraiment su saisir l’opportunité. Il est néanmoins un domaine dans lequel elles pourraient encore tirer leur épingle du jeu : le nucléaire civil. Le Vietnam espère en effet pouvoir mettre en service deux nouvelles centrales d’ici 2030, et il semblerait pour le coup qu’EDF n’ait pas dit son dernier mot.  

Dans le secteur de la défense aussi, il y aurait peut-être de l’espace, mais la Corée du Sud est à l’affut et entre Asiatiques, il est parfois plus facile de s’entendre.

Quoiqu’il en soit, le partenariat stratégique global établi en octobre 2024 à Paris à l’occasion de la visite de To Lâm, est bel et bien destiné à permettre aux deux pays de lancer des « projets structurants », et en venant à Hanoï, Emmanuel Macron aura certainement à cœur de donner un nouvel élan à des relations certes marquées par le sceau de l’Histoire, mais qui peuvent encore se conjuguer au présent et surtout au futur.

Lepetitjournal.com – 2 mai 2025

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