Relations France-Vietnam: où en est-on aujourd’hui ?

La France et le Vietnam, le Vietnam et la France, c’est une longue et vieille histoire, qui aura parfois été « tumultueuse », pour reprendre les mots de François Hollande lors de son déplacement à Hanoï en septembre 2016. 

Il n’en demeure pas moins que les deux pays ont établi des relations diplomatiques le 12 avril 1973 et qu’en un peu plus d’un demi-siècle, ces relations se seront beaucoup développées, jusqu’à prendre la forme d’un partenariat stratégique global (octobre 2024), soit l’un des plus hauts degrés de proximité diplomatique qui puisse exister entre deux pays.

Dans quelques jours, le Président français, Emmanuel Macron, sera au Vietnam pour une visite d’État très attendue : l’occasion, pour Le Petit Journal, de dresser une sorte d’état des lieux des relations entre les deux pays.

Sur le plan politique

La France aura été l’un des premiers pays occidentaux à soutenir la politique de réforme du Vietnam, dont elle accompagne le développement et l’ouverture depuis près de quarante ans.

Les relations politiques, elles, ont été et sont rythmées par des rencontres régulières de haut niveau, avec, pour mémoire, quatre visites présidentielles françaises au Vietnam en l’espace d’un quart de siècle (1993, 1997, 2004 et 2016).

En 2013, les deux pays ont établi un partenariat stratégique qui aura permis de structurer les échanges, les entretiens et les visites. Mais en octobre 2024. à l’occasion de la venue à Paris du Secrétaire général du parti communiste vietnamien To Lam, ce partenariat est passé à la vitesse supérieure pour devenir un partenariat stratégique global.  

Dialogue politique, dialogue stratégique et défensif, dialogue économique annuel de haut niveau… La France et le Vietnam ont mis en place des mécanismes de consultation réguliers, auxquels il faut ajouter de fréquents échanges de visites entre groupes d’amitié parlementaires.

En ce qui concerne la défense, la coopération se structure autour d’un dialogue annuel baptisé depuis 2018 « Dialogue sur les questions stratégiques et la coopération de défense ».

Sinon, les relations bilatérales, qui se veulent aussi riches que diversifiées, se nourrissent des liens souvent très denses entre collectivités locales, lesquelles se réunissent régulièrement à l’occasion des Assises de la coopération décentralisée franco-vietnamienne, dont la 12e édition a eu lieu en 2023, à Hanoï.   

On notera aussi que ces dernières années, les relations ont été nourries par l’importance croissante des enjeux globaux, notamment le changement climatique, auquel le Vietnam, et plus particulièrement le delta du Mékong, est très exposé. Le pays souhaite néanmoins s’engager sur la voie d’un développement durable. Aussi s’est-il fixé un objectif très ambitieux lors de la COP26 : zéro émission nette en 2050. La France, elle, souhaite l’aider à y parvenir, notamment à travers le Partenariat pour une Transition Energétique juste (JETP), établi en 2022 avec le G7, le Danemark et la Norvège. L’objectif de ce partenariat est de permettre au Vietnam de faire face à l’augmentation de ses besoins énergétiques grâce à des énergies renouvelables plutôt qu’en recourant à des énergies carbonées.

Mais la France travaille également avec le Vietnam sur des questions liées à l’adaptation au changement climatique (érosion, gestion de l’eau, planification urbaine résiliente).  

Sur le plan économique et commercial

La plupart des entreprises françaises du CAC40 sont actives au Vietnam, trente d’entre elles disposant même d’une représentation sur place et six autres étant présentes en vertu d’accords de distribution ou d’assemblage.

L’influence économique de la France passe essentiellement par les E.F.E (Entreprises des Français et l’Etranger), particulièrement dynamiques et à l’actif desquelles plusieurs succès parfois exceptionnels sont à mettre.  

Pour ce qui est des relations commerciales, en revanche, les relations sont déséquilibrées depuis de nombreuses années, et pour le coup, c’est en faveur du Vietnam, qui penche la balance.

Le dynamisme de l’économie vietnamienne et la mise en œuvre de l’accord de libre échange Vietnam-Union européenne devraient toutefois profiter aux échanges, de même que l’émergence, au Vietnam, d’une classe moyenne qui devrait représenter 50% de la population d’ici 2035. A cela s’ajoute une forte demande en infrastructures et un secteur privé en plein essor : de quoi « relancer la machine ».

Alors quid des exportations françaises au Vietnam ? 100 millions d’habitants, des revenus et un pouvoir d’achat en forte croissance. Le marché vietnamien est évidemment attractif.

Pour l’instant, on note une forte demande en produits pharmaceutiques de haute qualité : un domaine dans lequel la France a bien évidemment quelques atouts à faire valoir, eu égard aux grand laboratoires de renommée mondiale qu’elle abrite, mais eu égard aussi au fait que le gouvernement vietnamien encourage ouvertement les investissements étrangers dans le secteur de la santé.

Autre domaine dans lequel la France a des cartes à jouer au Vietnam : les meubles, les parquets et les objets de décoration en bois. Outre qu’ils semblent apprécier la qualité des produits français, les consommateurs vietnamiens se montrent de plus en plus sensibles au fait que l’exploitation des forêts est bien gérée en France, d’où un meilleur impact environnemental.       

Les entreprises chimiques, enfin, semblent elles aussi être en mesure de tirer leur épingle du jeu. Elles proposent en effet une large gamme de produits destinés à différents secteurs et à différentes applications, et constituent de facto une option attractive pour des entreprises vietnamiennes à la recherche de produits chimiques de haute qualité.    

Sur le plan universitaire, scientifique et technique

La France ayant été l’un des premiers pays à se manifester au Vietnam au tournant des années 1990, la coopération a d’abord été très dense. Création d’une soixantaine de classes bilingues dans les écoles du pays, maison du droit, trois campus universitaires franco-vietnamiens, formation de médecins en France. Paris n’aura pas lésiné sur les moyens, mais dans l’intervalle, le Vietnam a très rapidement évolué et surtout, il a su se trouver beaucoup d’autres partenaires.  

La coopération reste néanmoins marquée par une grande diversité des champs investis : culturel, éducatif et linguistique, universitaire, scientifique, médical. Le nombre important d’opérateurs français présents au Vietnam (AFD, IRD, CIRAD, EFEO, Institut français, Expertise France, Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales/ANRS, École française d’extrême orient/EFEO) constitue de toute évidence un atout pour dynamiser la coopération et l’orienter vers des secteurs d’avenir tels que la transition écologique, l’innovation et la recherche, la gouvernance numérique, la protection sociale, le tourisme, les industries culturelles et créatives. Le champ des possibles est aussi vaste que prometteur.

Lepetitjournal.com – 19 mai 2025