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Cambodge–États-Unis : vers une sortie de crise sur les droits de douane ?

Alors que le sursis de 90 jours sur les droits de douane américains touche à sa fin, Phnom Penh espère un accord avec Washington pour éviter une hausse à 49 %.

Le 9 juillet marquera la fin de la suspension temporaire des nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis sur les produits cambodgiens. Initiée par le président Donald Trump le 9 avril, cette trêve de 90 jours visait à permettre des négociations bilatérales. Trois séries de discussions ont eu lieu, sans aboutir à un accord définitif pour l’instant.

Pourtant, le ministère cambodgien du Commerce et plusieurs économistes se veulent optimistes. Le porte-parole du ministère, Pen Sovicheat, a affirmé le 2 juillet que des avancées notables avaient été réalisées lors des précédentes rencontres.

« Des propositions ont été acceptées des deux côtés, car une négociation implique nécessairement des offres et des contre-offres », a-t-il déclaré.

Protéger les intérêts économiques et sociaux

Selon Pen Sovicheat, l’objectif du Cambodge reste de défendre les intérêts de ses industries exportatrices et de ses travailleurs, tout en conservant un accès privilégié au marché américain.

« Il faut prendre en compte les conditions du marché tout en recherchant un bénéfice mutuel. Les propositions américaines doivent être analysées avec soin », a-t-il ajouté.

Le Cambodge s’inscrit dans un contexte régional tendu. D’autres pays exportateurs comme le Sri Lanka ou le Bangladesh n’ont pas réussi à obtenir de résultats positifs dans leurs propres négociations commerciales avec Washington.

Un équilibre diplomatique à trouver

Donald Trump a laissé entendre que la date du 9 juillet pourrait être modulable. Pour le chercheur économique Hong Vannak, de l’Académie royale du Cambodge, la poursuite des discussions est un signal encourageant.

« Si aucun progrès n’avait été réalisé, il n’y aurait pas eu autant de négociations. Les discussions précédentes posent les bases pour une décision américaine plus favorable », estime-t-il.

Il rappelle également les relations historiquement constructives entre les deux pays, notamment lorsque les États-Unis avaient accordé des avantages douaniers (GSP) au Cambodge.

Des concessions déjà accordées

Parmi les gestes notables, Phnom Penh a abaissé à 5 % les droits de douane sur 19 catégories de produits américains. Une initiative qui pourrait, selon Vannak, inciter Washington à modérer les nouvelles taxes sur les produits cambodgiens.

« Le gouvernement montre un engagement fort envers le bien-être des travailleurs, surtout dans les usines tournées vers l’exportation vers les États-Unis. Cela peut peser dans la balance », explique-t-il, ajoutant que les produits cambodgiens restent compétitifs en termes de prix et de qualité.

Une pression économique tangible

Pour Chhuon Vanndasambath, directeur adjoint du Centre cambodgien d’études régionales, les autorités ont engagé d’importants efforts diplomatiques, avec la création d’une équipe de négociation dédiée.

Il souligne cependant que, malgré cet optimisme, la situation reste incertaine. « Même si la trêve prend fin, les récentes visites d’officiels américains laissent entrevoir de nouvelles pistes de dialogue », avance-t-il.

Il suggère que le Cambodge continue de faire preuve de souplesse diplomatique et propose des alternatives pour maintenir l’ouverture des discussions.

En cas d’échec : quelles conséquences ?

Si aucun compromis n’est trouvé et que la hausse de 49 % est appliquée, les effets pourraient être dévastateurs. « Cela entraînerait une chute de la demande, des ruptures dans la production et les chaînes d’approvisionnement, et affecterait directement les travailleurs et l’économie nationale », alerte Vannak.

Pour lui, il reste toutefois probable qu’un accord soit trouvé, peut-être en échange d’une nouvelle baisse des droits de douane cambodgiens sur les produits américains, afin de réduire le déficit commercial des États-Unis.

En 2024, le commerce bilatéral s’est élevé à 10,18 milliards de dollars, dont 9,92 milliards d’exportations cambodgiennes. Sur les cinq premiers mois de 2025, les échanges ont atteint 4,47 milliards de dollars, soit une hausse de 27 % par rapport à l’année précédente.

Un enjeu stratégique pour le Cambodge

Le maintien de l’accès au marché américain est crucial, notamment pour les produits phares du Cambodge : vêtements, articles de voyage, pneus, panneaux solaires, chaussures, luminaires, jouets, et textiles.

Le pays importe de son côté des biens électroniques, véhicules, médicaments, aliments transformés, câbles, produits laitiers ou encore tabac.

Le 2 juillet, Donald Trump a annoncé un accord commercial avec le Vietnam, imposant un droit de douane minimum de 20 % et exigeant une ouverture accrue de son marché aux produits américains. Le Cambodge suit ces développements de près, espérant éviter un scénario similaire.

Par Rin Ousa – Cambodianess / Lepetitjournal.com – 4 juillet 2025

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