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« Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère) » : le cinéma thaïlandais conquiert la scène internationale

How to make millions before grandma dies est un film thaïlandais sorti en 2024 réalisé par Pat Boonnitipat. Drame familial, il mêle cultures thaïlandaise et chinoise, enjeux sociétaux, et met l’accent sur les querelles d’une famille au sujet de l’héritage.

M, jeune “streamer” infructueux décide de vivre chez sa grand-mère atteinte d’un cancer, dans le but de s’occuper d’elle afin d’être le “favori”, dans l’espoir de recevoir le plus gros de l’héritage. 

Quand M apprend que sa grand-mère est malade, il voit une opportunité de mettre fin à ses galères. En jouant les petits-fils modèles, il compte bien décrocher l’héritage ! Mais gagner ses faveurs est loin d’être une mince affaire, et pour toucher le pactole, il est prêt à tout. Ce qui commence comme une mission intéressée devient peu à peu l’histoire d’un petit-fils et d’une grand-mère qui apprennent à se connaître…

Une première : une reconnaissance aussi bien nationale qu’internationale

Après une vague de succès dans les années 1990, ainsi que la reconnaissance internationale du travail de Apichatpong Weerasethakul, le cinéma thaïlandais n’a jamais réellement percé à la fois à l’échelle locale et internationale.

Contre toute attente, ce long métrage devient celui qui a rapporté le plus de recettes dans l’histoire du cinéma thaïlandais, avec une estimation à 73,8 millions de dollars américains. Selon le studio de production Gross Domestic Happiness, le film aurait été visionné par environ 10 millions de spectateurs à travers le monde.

Lahn Mah (หลานม่า), le titre original du film qui signifie « petit-fils de grand-mère », a été largement salué et a été nommé voire gagnant de plusieurs prix dans de prestigieux festivals de cinéma. Cette production cinématographique thaïlandaise a remporté le prix du public au New York Asian Film Festival en 2024, et a pour la première fois de l’histoire du royaume fait partie des 15 films sélectionnés par l’académie des Oscars, sur 85 participations à travers le monde, pour la catégorie du meilleur long métrage international. 

La simplicité, clé du succès ?

Alors, d’où vient ce succès imprévu ? Quel est l’ingrédient secret que Pat Boonnitipat a ajouté au mélange pour atteindre cette notoriété internationale ? Premièrement, la rédaction du script lui a pris trois ans. Il s’est majoritairement inspiré de sa vie, mêlant sa réalité familiale aux suggestions de Thodsapon Thiptinnakorn, avec qui Boonnitipat a co-écrit le film. Il a même avoué vouloir faire en sorte que les gens de sa famille ne se reconnaissent pas en visionnant son travail. 

Ironiquement, le réalisateur était persuadé que Lahn Mah serait son premier et dernier film. Il a expliqué qu’en Thaïlande, personne ne traitait les drames familiaux car ces sujets ne rencontraient pas de succès. Il s’attendait éventuellement à ce que le fruit de son travail ait un peu de reconnaissance en Chine. Alors, quelle ne fut pas sa surprise de voir qu’au-delà de percer en Thaïlande, son long métrage a su traverser les frontières du pays, et rencontrer un immense succès dans le monde entier. 

Il pense par ailleurs que ce qui a su faire la différence réside dans les détails, la simplicité des dialogues et des personnages. Finalement, malgré sa concentration sur la culture sino-thaïlandaise, ce film traite une problématique qui touche une large audience. Peu importe la nationalité, il est facile de s’identifier à cette histoire, chacun l’interprétant à sa façon. 

Boonnitipat estime également que le casting a joué un rôle clé dans la réussite de ce drame familial. La majorité des acteurs étaient en effet des amateurs. Le réalisateur a expliqué qu’en Thaïlande il était compliqué de trouver des comédiens de personnes âgées.

Ainsi, il a été contraint de choisir des non-professionnels dont Usha Seamkhum, qui a joué Amah, la grand-mère. Cependant, ce ne fut pas forcément un frein. Il y a eu une véritable alchimie sur le tournage, qui a permis d’apporter cette simplicité et cette authenticité au film. 

Début d’une carrière prometteuse et perspectives

À l’heure actuelle, Boonnitipat serait en train de rédiger un nouveau script, et il a d’ailleurs affirmé qu’une adaptation américaine de Lahn Mah serait produite. Au-delà de critiquer le rapport toxique à l’argent, Lahn Mah témoigne de plusieurs aspects socio-culturels thaïlandais.

Le réalisateur met en avant un fossé entre une ancienne génération basée sur le respect envers les dieux et les aînés, qui a connu une Thaïlande pauvre et agricole, et une génération plus jeune, en plein embourgeoisement et en quête d’individualisme. Également, le spectateur, s’il n’est pas chinois ou thaïlandais, découvre des rites religieux uniques ainsi que des paysages qui semblent être d’un autre temps.

Lahn Mah apparaît ainsi comme une étape clé dans la reconnaissance internationale du cinéma thaïlandais.

Par Wandee Hervier – Thailande-fr.com – 5 juillet 2025

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