Les négociations sur le salaire minimum 2026 au Cambodge sous pression tarifaire
Le Conseil national du salaire minimum a lancé les discussions pour 2026. Les syndicats visent mieux qu’en 2025 mais restent prudents face à l’inflation, aux retours de travailleurs et à la hausse des tarifs US.
Début des discussions et calendrier
Le Conseil national du salaire minimum a entamé, le 20 août, les pourparlers sur le salaire minimum 2026, en présence des représentants des employeurs et des salariés. Les parties ont d’abord acté un socle commun de données et de statistiques pour cadrer la suite des échanges.
Selon Sun Mesa, porte-parole du ministère du Travail et de la Formation professionnelle, les délégations n’ont pas dévoilé leurs positions à ce stade, préférant exposer leurs difficultés et les chiffres essentiels pour « mieux comprendre la situation de chacun ». Les prochaines réunions sont fixées aux 3, 10 et 15 septembre.
Évolution du salaire minimum
Le salaire minimum mensuel est passé de 40 $ en 1997 à 208 $ en 2025. En 2024 puis en 2025, une hausse supplémentaire de 2 $ a été ordonnée par le Premier ministre Hun Manet, après quatre années consécutives de relèvements limités à 2 $.
Pouvoir d’achat sous pression
Pour Say Sokny, vice-présidente de la Fédération des syndicats libres des travailleurs du Royaume du Cambodge (FTUWKC), le salaire de 208 $ ne couvre plus les dépenses essentielles des ouvriers, en raison de l’inflation, des emprunts bancaires et d’une baisse des heures supplémentaires.
« Les prix des produits du quotidien ont grimpé de façon spectaculaire, du fait de pratiques de certains vendeurs sans scrupules, en particulier sous le prétexte des fermetures de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande », rapporte-t-elle au nom des travailleurs.
Conditions de vie et productivité
Faute de moyens, des salariés se tournent vers des solutions de survie peu saines : nourriture la moins chère et peu nutritive, alors même que leur travail est physiquement exigeant. « La compétitivité en matière de productivité n’augmentera pas si les travailleurs sont affaiblis physiquement et mentalement, vont au travail le ventre vide et sous stress », prévient Sokny.
Boycott des produits thaïlandais et substitutions
Le boycott des produits thaïlandais exerce aussi une pression. D’après Say Sokny, l’offre locale ne permet pas de remplacer immédiatement tous ces articles pour les ménages populaires ; certains se reportent vers des produits vietnamiens, moins chers. « Cela ne signifie pas que l’économie s’améliore. Dans les foyers pauvres, le développement économique n’a pas d’effet direct positif sur les travailleurs », estime-t-elle.
Revendications et réalités salariales
Le 10 août, la FTUWKC et d’autres syndicats ont sondé près de 3 000 ouvriers dans 98 usines : le niveau de rémunération jugé « confortable » pour faire face aux difficultés actuelles serait de 232 $. Malgré cela, Say Sokny dit s’attendre à une hausse limitée en 2026, arguant que de nombreux employeurs versent déjà entre 225 $ et 300 $ (en incluant heures supplémentaires et diverses allocations ponctualité, transport, logement, repas, ancienneté).
« Ce chiffre s’appuie également sur la pratique des règlements d’usine, les normes internationales et l’indépendance des syndicalistes dans la protection des droits des travailleurs », ajoute-t-elle.
Retour massif de Thaïlande et impact sur l’emploi
Les retours de travailleurs après les affrontements à la frontière va aussi peser sur le marché du travail. Le 20 août, le ministre de l’Intérieur Sar Sokha a évoqué environ un million de retours.
Sun Mesa précise qu’environ 250 000 de ces personnes ont plus de 45 ans et plus de 50 000 sont des enfants. Le reste répond aux besoins croissants de main-d’œuvre locale. Le pays disposerait désormais d’assez d’ouvriers pour la production et l’exportation dans l’industrie et le textile, alors que le nombre d’usines augmente.
Say Sokny pose toutefois la question : « Travailleront-ils dans des usines qui les paieront moins que lors de leur dernier emploi en Thaïlande, alors que certains ne sont pas familiers du travail textile ou manufacturier ? »
le poids des taxes américaines
Les taxes américaines de 19 % constitue un défi pour le secteur de l’habillement, amenant certains clients à reconsidérer leurs commandes auprès des usines locales. Néanmoins, la situation reste relativement favorable, affirme Sun Mesa, le Cambodge — avec Singapour — figurant parmi les pays de l’ASEAN soumis aux droits américains les plus bas.
Lepetitjournal.com – 22 août 2025
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