Le premier ministre cambodgien affirme que la Thaïlande expulse des civils à la frontière
Le dirigeant cambodgien Hun Manet a accusé mercredi la Thaïlande d’empêcher une vingtaine de familles de retourner chez elles à la frontière, dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. Les forces thaïlandaises ont «élargi la zone de conflit en érigeant des barbelés et des barricades» depuis le mois dernier, selon Hun Manet, et expulsé «de force» des civils cambodgiens de leurs «terres occupées de longue date» dans deux villages frontaliers de la province de Banteay Meanchey, au nord-ouest du Cambodge.
«Vingt-cinq familles ont déjà été empêchées d’accéder à leurs maisons et à leurs champs», peut-on lire dans le document daté de mercredi. L’armée thaïlandaise a tiré le même jour des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène lors d’une escarmouche avec des Cambodgiens le long de leur frontière disputée, Phnom Penh faisant état de plus de 20 blessés. Les deux pays voisins étaient convenus d’une trêve fin juillet, à la suite de cinq jours d’affrontements qui avaient fait au moins 43 morts de part et d’autre. Ces heurts sont la dernière manifestation d’un différend ancien portant sur des temples qui jalonnent leur frontière contestée de 800 kilomètres.
De nombreuses violations de cessez-le-feu
Depuis lors, les deux parties s’accusent mutuellement de violations du cessez-le-feu. Winthai Suvaree, porte-parole de l’armée thaïlandaise, a déclaré jeudi dans un communiqué que les civils cambodgiens impliqués dans les violents incidents de la veille avaient «délibérément et illégalement occupé le territoire thaïlandais pendant une longue période».
Des clips vidéo partagés en ligne montrent des villageois cambodgiens, armés de longs bâtons, faisant face aux autorités thaïlandaises. Winthai Suvaree a accusé les militaires cambodgiens de ne pas être intervenus face à leurs compatriotes. Dans sa lettre, Hun Manet a expliqué que l’armée thaïlandaise avait «l’intention d’utiliser la force pour s’emparer de 17 autres sites» le long de la frontière.
Il a également demandé à la Malaisie, actuellement à la tête de la présidence tournante de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (Asean), d’exhorter la Thaïlande à s’abstenir de recourir à la force contre les civils et à «mettre fin aux expulsions forcées prévues». Les affrontements de juillet, les plus meurtriers depuis des décennies, ont déplacé 300.000 personnes le long de la frontière.
Le Figaro avec Agence France Presse – 18 septembre 2025
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