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Cambodge : que sait-on des centres d’arnaques, où se côtoient travail forcé, torture et dollars ?

Soixante-quatre ressortissants sud-coréens soupçonnés d’avoir été impliqués dans des centres d’arnaque en ligne au Cambodge ont été rapatriés samedi 18 octobre. Ces lieux fonctionnent comme de véritables usines de la fraude, ciblant leurs victimes aux quatre coins du globe. Et derrière les murs, se cache un véritable esclavage moderne.

Un trafic d’êtres humains à échelle industrielle. Soixante-quatre ressortissants sud-coréens soupçonnés d’avoir été impliqués dans des centres d’arnaque en ligne au Cambodge ont été rapatriés samedi 18 octobre, a indiqué la police locale. La Corée du Sud avait envoyé mercredi une équipe dans ce pays d’Asie du Sud-Est, où environ 1 000 de ses citoyens travailleraient dans des centres de cyberarnaque, pour y discuter des dizaines de cas d’enlèvements via des promesses d’emplois frauduleuses. Quelque 200 000 personnes seraient « employées » dans ces structures d’arnaque au Cambodge, dont certaines sous la menace de violences de la part des bandes criminelles qui les gèrent.Un trafic d’êtres humains à échelle industrielle. Soixante-quatre ressortissants sud-coréens soupçonnés d’avoir été impliqués dans des centres d’arnaque en ligne au Cambodge ont été rapatriés samedi 18 octobre, a indiqué la police locale. La Corée du Sud avait envoyé mercredi une équipe dans ce pays d’Asie du Sud-Est, où environ 1 000 de ses citoyens travailleraient dans des centres de cyberarnaque, pour y discuter des dizaines de cas d’enlèvements via des promesses d’emplois frauduleuses. Quelque 200 000 personnes seraient « employées » dans ces structures d’arnaque au Cambodge, dont certaines sous la menace de violences de la part des bandes criminelles qui les gèrent.

C’est à la fin des années 2010 que remonte l’implantation de ces centres de fraude dans la région, lorsque des organisations criminelles chinoises ouvrent les premiers « scam centers » au Cambodge – rapidement devenu l’un des principaux épicentres de la cybercriminalité en Asie du Sud-Est. Ces opérations frauduleuses, souvent dissimulées derrière les façades de zones économiques spéciales, d’anciens hôtels de luxe ou casinos, se sont rapidement étendues aux pays voisins, notamment la Birmanie, plongée dans le chaos depuis le coup d’État militaire de 2021.

Véritables usines de la fraude

C’est toutefois après la pandémie de Covid-19 que cette industrie illégale connaît une véritable explosion. Très lucratives, ces activités frauduleuses seraient devenues « un pilier central de l’économie locale », rapporte The Conversation« Il s’agit du secteur illégal à la croissance la plus rapide », affirme dans Le Point Jason Tower, directeur, pour la Birmanie, à l’Institut des États-Unis pour la paix. Au total, ces activités pèseraient environ 70 milliards de dollars par an au niveau mondial.

Ces centres fonctionnent comme de véritables usines de la fraude, ciblant des victimes aux quatre coins du globe grâce à la technique dite du « pig butchering » – ou « engraissement du porc ».

Leurs « employés » gèrent des dizaines de comptes créés sur les réseaux sociaux et applications de messagerie. Se présentant comme des influenceurs ou des experts en investissements, ces faux profils utilisent des tactiques de manipulation psychologique pour gagner la confiance de leur victime. Ils lui présentent ensuite de prétendus « bons plans », impliquant souvent des cryptomonnaies. L’objectif promis ? Faire rapidement fortune. La personne investit alors de grosses sommes d’argent dans des plateformes fictives, pour tout perdre lorsque son contact disparaît.

Esclavage moderne

Venant du monde entier, les personnes qui travaillent dans ces centres sont en réalité très souvent piégées par des organisations criminelles. Recrutées via de fausses offres d’emploi promettant de hauts salaires, elles sont kidnappées puis maintenues dans des complexes où tout est fait pour qu’elles n’en sortent jamais. « Ces lieux disposent de restaurants, dortoirs, salons de coiffure et même de bars karaoké. Les gens peuvent y rester enfermés pendant des mois », rapporte UN News.

Selon Amnesty International, il existerait « une coordination, voire une collusion » entre les patrons des centres et la police cambodgienne. Les travailleurs forcés ne retrouvent leur liberté que si une rançon est versée par leur famille. En cas de tentative de fuite ou de rébellion, ces esclaves modernes subissent « tortures, mauvais traitements, violences graves, électrocutions, isolement cellulaire et violences sexuelles », listent les Nations Unies. « La situation a atteint le niveau d’une crise humanitaire », alertent les experts de l’institution.

Face à l’ampleur du phénomène, plusieurs gouvernements ont lancé des opérations de démantèlement. Des raids ont été organisés, notamment au Cambodge – classé parmi les pays les plus corrompus au monde selon Transparency International.

En juillet dernier, 2 767 personnes suspectées d’avoir travaillé dans ces centres ont été interpellées. Mais certains dénoncent une opération de façade : « L’absence persistante d’identification des véritables cerveaux de ces réseaux remet en cause l’efficacité réelle de ces actions », s’alarme le Khmer Times.

Par Charlotte de Frémont – La Croix – 18 octobre 2025

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