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Paix ou pas paix : qu’ont signé la Thaïlande et le Cambodge à Kuala Lumpur ?

Dans la tentative de résolution du conflit entre la Thaïlande et le Cambodge, on nage en pleine incertitude sémantique. Trump et la France parlent de paix, la Thaïlande d’une simple déclaration.

En matière de diplomatie, les mots doivent être maniés avec délicatesse. On a pourtant ici un peu de mal à s’y retrouver. Que s’est-il exactement passé, dimanche 26 octobre 2025 à Kuala Lumpur, en Malaisie ?

A priori, ce qui était attendu. Les premiers ministres thaïlandais et cambodgien entouraient Donald Trump, pour la photo, et pour formaliser un accord qui tente de régler leur différend frontalier qui dure depuis des décennies mais s’est fait plus violent depuis le début de l’été.

Mais en réalité, les interprétations diffèrent quant à la qualification de l’accord.

Du Trump dans le texte !

Jamais en retard d’une paix qui lui est due, Donald Trump a défini cette signature comme les « Accords de paix de Kuala Lumpur ». « C’est tellement excitant car nous avons fait quelque chose que beaucoup de gens disaient impossible, et nous avons peut-être sauvé des millions de vies. Au nom des États-Unis, je suis fier de contribuer à régler ce conflit et à forger un avenir pour la région où des nations fières et indépendantes pourront prospérer et s’épanouir. » Du Trump dans le texte ! Le président américain qui s’est empressé d’ajouter que, comme convenu, il allait maintenant pouvoir signer des accords commerciaux avec les deux pays.

La France emploie, elle aussi, le mot « paix »

Même Jean-Noël Barrot, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères s’est avancé à utiliser le mot « paix ». «  L’adoption à Kuala Lumpur d’une déclaration de paix entre le Cambodge et la Thaïlande sous l’égide de la présidence malaisienne de l’ASEAN et des États-Unis est une étape importante pour la stabilité régionale : la France appelle les parties à en assurer la pleine mise en œuvre », a-t-il écrit.

Quant à la Thaïlande, elle l’évite soigneusement…

Seulement, problème, les principaux intéressés se refusent à employer le même vocabulaire. Le Premier ministre thaïlandais aurait même eu des mots avec Donald Trump quant à savoir comment définir le document signé. Lui le qualifie de simple « déclaration » axée sur la frontière. Il s’agit certes d’une avancée mais non d’un traité de paix. En tant que telle, elle a été approuvée par le gouvernement mais ne nécessite pas l’approbation du Parlement. Anutin Charnvirakul rappelle qu’il n’a pas rencontré son homologue cambodgien en tête-à-tête et que les quatre conditions préalables à une paix pleine et entière demeurent. Pour rappel, il s’agit du retrait des troupes et des mines terrestres, de la répression des opérations de cyberescroquerie et de la réinstallation des citoyens cambodgiens qui empiètent sur la frontière telle que la voient les Thaïlandais.

Les principales dispositions de la déclaration conjointe

Quel que soit le nom qu’on lui donne, un document à été signé. Le Premier ministre thaïlandais affirme qu’il ne contient rien qui puisse affaiblir son pays. Voici les principales dispositions de cette déclaration conjointe :

Cessation des hostilités et principes :

  • les deux parties réaffirment leur engagement à s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, à promouvoir le règlement pacifique des différends et à respecter le droit international ;
  • elles reconnaissent la cessation des hostilités actives dès la mise en œuvre effective des mesures convenues.

Désescalade militaire et renforcement de la confiance :

  • libération des prisonniers de guerre : la Thaïlande s’engage à libérer rapidement 18 soldats cambodgiens détenus, à titre de mesure de confiance ;
  • retrait des armes : les deux parties s’engagent à retirer les armes lourdes et destructrices des zones frontalières dans le cadre d’un plan progressif ;
  • déminage conjoint : les deux parties s’engagent à mener des opérations de déminage humanitaire dans les zones frontalières afin de protéger la vie des civils ;
  • les deux parties s’engagent à s’abstenir de toute réthorique nuisible : les deux gouvernements conviennent d’éviter les fausses informations, les accusations et les déclarations incendiaires.

Suivi et vérification :

  • mise en place d’une équipe d’observateurs de l’ASEAN ;
  • chaque partie désignera des équipes pour rédiger un plan pratique, étape par étape, pour le retrait des troupes.

Résolution à long terme :

  • chacun réaffirme son engagement en faveur du règlement et de la démarcation des frontières par des moyens pacifiques et conformément au droit international ;
  • chacun reconnaît les mécanismes bilatéraux existants, notamment le Comité régional des frontières, le Comité général des frontières et la Commission mixte des frontières, comme les principaux canaux pour résoudre les problèmes frontaliers.

Les optimistes diront que si ce n’est pas encore la paix c’est le chemin qui y mènera. Les pessimistes liront des résolutions qu’ils ont déjà lues et qui, à ce jour, demeurent pour le moins incertaines dans leur mise en œuvre. Il faudra certainement encore un peu de temps pour savoir lesquels sont aujourd’hui dans le vrai.

Par Frank Stepler – Lepetitjournal.com – 27 octobre 2025

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