Chiens et chats dans la rue : le Vietnam triple les amendes
Le gouvernement vietnamien a annoncé une nouvelle réglementation prévoyant de tripler les amendes infligées aux propriétaires de chiens et de chats laissés sans surveillance dans l’espace public. Une décision qui illustre la volonté des autorités de renforcer la discipline urbaine et de prévenir les risques sanitaires liés aux animaux errants, dans un pays où les chiens et les chats circulent encore librement dans de nombreuses rues.
Selon le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, le montant des amendes passera de 600 000 à 2 millions de dôngs (environ 80 euros) pour tout propriétaire qui laisse son animal se promener sans laisse ni muselière, ou errer sans surveillance.
Ces nouvelles dispositions visent à renforcer la responsabilité des propriétaires et à répondre aux plaintes croissantes concernant les morsures, les nuisances et la propreté dans les zones urbaines.
Dans les rues de Ho Chi Minh-Ville, les chiens non muselés sont toujours monnaie courante. Il n’est pas rare de voir des dizaines d’animaux se promenant librement dans les parcs du centre-ville, notamment le parc 23/9 ou la promenade Nguyen Hue, malgré une interdiction déjà en vigueur depuis plusieurs mois. Ce décalage entre la réglementation et la réalité du terrain illustre la difficulté pour les autorités locales de faire appliquer des mesures de contrôle strictes.
Un enjeu de santé publique
Au-delà de la question de la propreté, le risque sanitaire reste un argument majeur de cette politique. La rage continue de sévir dans certaines provinces rurales et périurbaines du Vietnam. À Hanoï, les autorités ont mis en place depuis plusieurs années des équipes municipales chargées d’attraper les chiens errants ou suspects de rage, dans le cadre d’un plan national visant à vacciner 90% des chiens et chats d’ici 2030.
Selon le ministère de la Santé, plus d’un millier de cas d’exposition à la rage sont recensés chaque année dans le pays, souvent liés à des morsures de chiens non vaccinés.
Vers un encadrement plus large des animaux domestiques
La politique de durcissement ne s’arrête pas aux sanctions. Ho Chi Minh-Ville avait déjà mis en place un projet de puçage électronique des chiens et chats, afin d’améliorer le suivi vétérinaire et d’identifier plus facilement les propriétaires en cas d’incident. Ainsi, cette nouvelle initiative s’inscrit dans une évolution plus globale des politiques publiques vietnamiennes envers les animaux de compagnie.
En avril dernier, un manuel parlementaire sur le bien-être animal a été lancé par l’Assemblée nationale, à destination des élus et décideurs. L’objectif : harmoniser les politiques de protection animale, mieux encadrer la détention et renforcer la législation en matière de maltraitance. Cette démarche témoigne d’une volonté politique croissante d’inscrire la question animale à l’agenda législatif, un tournant pour un pays longtemps marqué par l’absence de réglementation claire en la matière
Une question culturelle et urbaine
Dans un pays où les chiens et chats font partie du paysage urbain, compagnons de vie pour certains, sources de nuisances pour d’autres, la gestion de leur présence dans l’espace public reste un sujet sensible. Les campagnes de capture ou de vaccination suscitent parfois des réactions négatives des habitants, attachés à la liberté de leurs animaux ou critiques de la brutalité des méthodes employées.
À Ho Chi Minh-Ville, plusieurs associations locales plaident pour une approche plus éducative : sensibilisation à la stérilisation, adoption responsable, et création d’espaces dédiés pour promener les chiens. Cette tension entre modernisation urbaine et habitudes de vie ancrées s’observe aussi dans la lutte contre le commerce illégal d’animaux sauvages ou exotiques, toujours présent dans certaines zones malgré les risques juridiques.
La question animale, qu’il s’agisse d’animaux domestiques ou sauvages, devient ainsi un symbole des transformations sociales et réglementaires du Vietnam contemporain.
Un tournant réglementaire à concrétiser
Le triplement des amendes s’inscrit donc dans une stratégie plus large visant à responsabiliser les propriétaires et à mieux encadrer la cohabitation entre humains et animaux.
Reste à savoir si les mesures seront réellement appliquées : plusieurs précédents montrent que l’efficacité dépendra avant tout du contrôle local et de la coopération des citoyens.
En attendant, les Vietnamiens devront s’habituer à voir leur animal en laisse… sous peine d’amende.
Lepetitjournal.com – 14 novembre 2025
Articles similaires / Related posts:
- COVID-19 : le vaccin « made in Vietnam » se révèle efficace sur la souris Après 2 semaines de vaccination contre le virus SARS-CoV-2, le nombre de souris testées est stable....
- PESTE PORCINE AFRICAINE : LE VIETNAM MET AU POINT UN VACCIN, UNE PREMIÈRE MONDIALE Le Vietnam a annoncé ce jeudi 2 juin avoir mis au point le tout premier vaccin contre la peste porcine africaine. Les autorités vietnamiennes devraient délivrer une autorisation de mise sur le marché du vaccin dans les vingt-quatre heures....
- Premier vaccin vietnamien au monde contre la peste porcine africaine Le Vietnam a déclaré début juin avoir développé un vaccin contre la peste porcine africaine et autorisé sa mise sur le marché. Une première mondiale....
- Le Vietnam sous la menace du chikungunya L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé en juin dernier une alerte sur la progression rapide du chikungunya, désormais signalé sur plusieurs continents. En Chine, dans la province du Guangdong, plus de 4800 cas ont été recensés au premier semestre de 2025, constituant la plus grave épidémie jamais recensée dans la région....
- Avertir la communauté vietnamienne au Cambodge de ne pas rentrer illégalement Face à la propagation de l’épidémie de COVID-19 au Cambodge, avec le nombre croissant de nouvelles infections et de décès, l’ambassade du Vietnam au pays a exhorté samedi 24 avril la communauté vietnamienne à ne pas rentrer par les moyens non autorisés....