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Vietnam : des inondations d’une intensité exceptionnelle submergent le centre du pays

Les communes de Hoa Thinh et Dong Hoa, dans la région centrale du Vietnam, ont été frappées par une vague d’inondations d’une violence exceptionnelle. Après plusieurs jours de pluies torrentielles, ces zones ont été entièrement submergées : certaines maisons ont disparu sous trois à six mètres d’eau. Totalement isolées pendant des heures, elles sont rapidement devenues l’épicentre du désastre, qualifié par les habitants de « nombril de l’inondation ».

La maison de M. Mai Huu Du fut entourée par les eaux de crue pendant de nombreux jours. Sa femme et ses enfants montèrent tous à l’étage pour y vivre. Sur le toit, il ouvrit une ouverture pour observer facilement l’extérieur. Photo tirée de Thanh Nien.

Des pluies diluviennes et une montée des eaux fulgurante

Entre le 16 et le 21 novembre, des pluies continues, renforcées par un afflux d’air froid et des vents d’est puissants, ont saturé l’ensemble du bassin versant. En seulement cinq jours, Hoa Thinh a enregistré 1 056 mm de précipitations, tandis que Dong Hoa en recevait 730 mm. La convergence des crues venues de l’amont a accentué la montée brutale des eaux, rendant toute maîtrise impossible.

Une région particulièrement vulnérable

La topographie locale a joué un rôle déterminant dans la gravité de la catastrophe. Situées dans une cuvette au pied des montagnes et le long des zones basses de la rivière Ba, Hoa Thinh et Dong Hoa reçoivent directement les crues rapides des cours d’eau voisins. 

En aval, la pente très faible, le lit étroit de la rivière, des embouchures encombrées et la présence des routes nationales 1, 25 et 29, véritables digues artificielles, freinent considérablement l’écoulement. La marée haute, au même moment, a bloqué l’évacuation vers la mer, ralentissant drastiquement la décrue.

Le niveau mesuré à la station hydrologique de Phu Lam a dépassé de 19 centimètres le record établi en 1993. Les habitants des zones les plus basses sont restés prisonniers des eaux pendant au moins 46 heures, et plusieurs secteurs sont demeurés inaccessibles bien après le début de la décrue.

Des secours confrontés à des conditions extrêmes

Les équipes de sauvetage ont dû affronter des courants violents, des tourbillons, de forts vents et d’importants débris dérivant à la surface. 

Plusieurs bateaux ont dû faire demi-tour face à des vagues de quatre à cinq mètres. Des renforts ont été mobilisés depuis Tuy Hoa, Khanh Hoa et le district de Song Hinh, mais certaines zones isolées n’ont pu être atteintes qu’après une navigation longue et périlleuse.

Dak Lak noyée : scènes d’inondations profondes à Binh Kien et Tuy Hoa

Le 21 novembre à la mi-journée, alors que certains secteurs commençaient seulement à voir reculer les eaux, de vastes zones de Dak Lak restaient submergées. Dans le quartier de Binh Kien, l’eau montait encore jusqu’à la poitrine, voire au cou, paralysant complètement la vie quotidienne. 

À Truong Quang, les maisons étaient encerclées par l’eau, rendant toute sortie à pied impossible. Des habitants ont fabriqué des radeaux de fortune avec des troncs de bananiers ou se sont déplacés à la force des bras sur des éponges pour rejoindre des zones plus sûres. Malgré un léger retrait, la plupart des maisons restaient à moitié inondées.

À Tuy Hoa, la situation demeurait critique. Les rues Duy Tan, Hai Ba Trung et Nguyen Hue étaient toujours sous l’eau en fin d’après-midi. À mesure que l’eau reculait lentement, les habitants entamaient le nettoyage de leurs habitations.

Un bilan humain et matériel très lourd

Au 22 novembre, Dak Lak enregistrait 44 morts et huit disparus, soit 61 % des victimes recensées au niveau national. Des milliers d’habitations ont été englouties, les routes principales et secondaires ont été détruites ou gravement endommagées, et de nombreuses zones agricoles et montagneuses demeuraient submergées. Les communes de Hoa Xuan, Dong Hoa, Hoa Thinh et Hoa My figurent parmi les plus sinistrées.

Les études hydrologiques menées ces dernières années avaient pourtant identifié Tay Hoa, Dong Hoa, Phu Hoa et la ville de Tuy Hoa comme particulièrement vulnérables en cas d’inondation extrême. L’urbanisation rapide, la densité des constructions près des rivières et la réduction des zones naturelles d’absorption ont aggravé l’impact de l’épisode actuel.

Une région face à des défis croissants

La catastrophe qui vient de frapper Hoa Thinh, Dong Hoa, Binh Kien et Tuy Hoa met en lumière la fragilité croissante du centre du Vietnam face aux phénomènes météorologiques extrêmes. La combinaison de pluies exceptionnelles, d’un relief défavorable, d’un drainage insuffisant et d’une marée haute a transformé plusieurs communes en zones sinistrées. Alors que la décrue se poursuit lentement, les autorités locales et les habitants s’attaquent désormais à l’immense tâche d’évaluer les dégâts et de renforcer les stratégies de prévention face à des inondations qui, selon les experts, pourraient devenir de plus en plus fréquentes.

Lepetitjournal.com – 23 novembre 2025

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