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Au Cambodge aussi, pour payer, on ne sort quasiment plus les billets mais le téléphone

Grâce à un système de paiement par téléphone mobile, les paiements via smartphones explosent au Cambodge, plébiscités par une population jeune et connectée.

À l’heure du déjeuner, le marché de Boeung Keng Kang, en plein cœur de Phnom Penh, se transforme en cantine géante où pullulent stands de nouilles sautées, soupes et canard laqué. Mais au moment de payer l’addition, de moins en moins de Cambodgiens sortent la sempiternelle liasse de billets, où se mélangent pêle-mêle riels cambodgiens et dollars américains, les deux monnaies ayant cours dans le pays.

Ils sont au contraire de plus en plus nombreux à dégainer leur smartphone pour scanner le QR Code du commerçant. En moins d’une seconde, la transaction est terminée.

« C’est vraiment très pratique, confie Poline, une vendeuse de nouilles fraîches qui a ouvert son premier compte bancaire l’année dernière, à 60 ans. Le client fait ses achats, sort son téléphone et scanne. Il n’y a aucun frais, et je ne risque plus d’avoir un billet déchiré que je ne pourrai pas échanger. »

Accélération de la méthode de paiement avec le Covid-19

À la faveur de la pandémie de Covid-19, où beaucoup craignaient la contagion par les billets de banque, les paiements dématérialisés se sont démocratisés à vitesse grand V dans ce pays en développement. Au marché, dans les tuk-tuks, les grandes surfaces ou sur les nombreuses applications de livraison, les Cambodgiens règlent désormais leurs achats via leur téléphone, par virement instantané ou en scannant un QR Code.

Selon le dernier rapport de la banque nationale, paru en juillet, les transactions électroniques ont atteint 272 milliards de dollars en 2022, contre 75,5 milliards deux ans plus tôt.

Un changement fulgurant, plébiscité par une population jeune, assoiffée de modernité et particulièrement connectée : le pays compte 11 millions de smartphones pour 16 millions d’habitants, dont 70 % ont moins de 40 ans.

« J’ai toujours un peu de liquide sur moi, pour les dépenses inférieures à 1 ou 2 dollars, ou lorsqu’il n’y a pas de 4G, reconnaît Ponlok qui, à 33 ans, incarne cette nouvelle génération. Mais en réalité, je paye avec mon téléphone dans la très grande majorité des cas. »

Une innovation enclenchée par la Banque nationale

Derrière cette petite révolution se cache une innovation de la Banque nationale : le bakong. Cette monnaie interbancaire, basée sur la technologie blockchain, a été lancée en 2020 et a permis aux 140 banques et instituts de microfinance du pays d’échanger leurs devises de manière dématérialisée.

Résultat, le nombre de comptes bancaire a été multiplié par dix en dix ans, passant à 14,3 millions en 2022. « Cela fait cinq ans que je travaille dans la même entreprise, et seulement trois ans que j’ai un compte bancaire, dit Sreyneang, une employée du secteur privé. Avant, mon salaire m’était payé par chèque, que je devais changer en liquide, puis mettre en sûreté chez moi. Mais aujourd’hui, je suis payée directement sur mon compte, c’est beaucoup mieux. »

En plus de favoriser l’inclusion bancaire des Cambodgiens, le bakong facilite les échanges avec les pays de la région. Après une série d’accords entre banques centrales, les Cambodgiens peuvent désormais payer en QR Code en Thaïlande, au Vietnam et, d’ici la fin de l’année, en Chine.

Par François Camps – Ouest France – 11 aout 2023

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