Cambodge : ouverture d’une enquête sur la disparition présumée d’un opposant thaïlandais en exil
Wanchalearm Satsaksit est recherché en Thaïlande, en vertu du «Computer Crimes Act», une loi controversée de contrôle d’Internet, pour avoir géré une page Facebook antigouvernementale.
La police cambodgienne va ouvrir une enquête sur la disparition présumée d’un dissident thaïlandais en exil qui aurait été enlevé la semaine dernière à Phnom Penh, démentant toute responsabilité dans cette affaire.
Après l’avoir exclu dans un premier temps, nous avons décidé de «lancer des investigations», a annoncé mardi 9 juin à l’AFP son porte-parole, Chhay Kim Khoeun.
Wanchalearm Satsaksit aurait été enlevé le 4 juin en plein jour devant son domicile de Phnom Penh par «un groupe d’hommes armés» qui l’aurait poussé dans une voiture, selon Human Rights Watch (HRW). L’ONG s’appuie sur des témoignages et des images de vidéosurveillance. «Les autorités cambodgiennes ou la police n’ont pas interpellé cette personne», a assuré Chhay Kim Khoeun, «nous ne savons pas encore si l’information (d’HRW, ndlr) est exacte».
La famille de l’opposant, sans nouvelles de lui, a de son côté lancé un appel exhortant à sa «libération», tandis qu’une vingtaine de militants pro-démocratie se sont rassemblés lundi devant l’ambassade du Cambodge à Bangkok exigeant des explications sur son sort. Wanchalearm Satsaksit est recherché en Thaïlande, en vertu du «Computer Crimes Act», une loi controversée de contrôle de l’Internet, pour avoir géré une page Facebook antigouvernementale.
La vidéo de trop?
Le 3 juin, dans une vidéo vue plus de 12.000 fois, il avait visé directement le chef du gouvernement thaïlandais, le général Prayut Chan-O-Cha, un homme «dépourvu de compétence pour gouverner», selon lui.Le premier ministre est critiqué pour sa gestion économique de la crise du coronavirus alors que des millions de personnes, employées notamment dans l’industrie du tourisme, se retrouvent au chômage. Quelques heures avant sa disparition, Wanchalearm Satsaksit avait posté un dernier message énigmatique: «en mode compromis».
Depuis le coup d’État militaire de 2014, le gouvernement thaïlandais traque les opposants les plus virulents, en particulier ceux qui s’en prennent à la monarchie protégée par une loi draconienne. Et l’enlèvement présumé de Wanchalearm Satsaksit n’est pas la première disparition suspecte de dissidents thaïlandais en exil dans des pays voisins notamment au Laos, au Cambodge ou au Vietnam.
Huit activistes thaïlandais auraient ainsi disparu depuis 2014, d’après HRW, dont deux retrouvés morts en janvier 2019 dans le Mékong, le corps mutilé et rempli de béton. Prayut Chan-O-Cha a conservé le pouvoir à l’issue d’élections controversées en mars 2019 et est désormais à la tête d’un gouvernement civil au sein duquel l’armée reste toutefois très puissante.
Le Figaro avec Agence France Presse – 9 juin 2020
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