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Cambodge : le patron du Pentagone Lloyd Austin en opération de charme

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Regagner la confiance des dirigeants et contrebalancer l’emprise de la Chine – c’était l’objectif d’une visite express du secrétaire américain de la Défense, Lloyd Austin, ce mardi 4 juin, au Cambodge. Pékin investit des milliards de dollars dans le petit royaume situé entre la Thaïlande et le Vietnam dans le cadre de ses « Nouvelles routes de la Soie ». Mais Washington ne veut pas laisser le champ libre à la Chine dans ce pays si stratégique.

Les États-Unis voient d’un mauvais œil que Pékin finance la modernisation et l’agrandissement de l’unique base navale du pays à Ream, à 25 kilomètres de Sihanoukville dans le sud du Cambodge. Des images satellitaires publiées récemment par le cercle de réflexion américain « Centre for Strategic and International Studies » (CSIS), montrant que deux navires de guerre chinois y accostent déjà depuis plus de cinq mois, ont ravivé l’inquiétude de Washington.

La Chine finance la modernisation de la seule base navale du pays

Les États-Unis craignent que les cales sèches et les jetées de Ream puissent être accaparées par les seuls Chinois. L’armée chinoise pourrait alors y implanter sa deuxième base militaire dans le monde, après celle de Djibouti, dans la corne de l’Afrique. Déjà en 2019, le quotidien américain Wall Street Journal avait révélé un prétendu pacte secret entre Pékin et Phnom Penh,visant l’utilisation exclusive d’une partie de la base par la Chine. En juin 2022, le Cambodge a confirmé sa coopération avec la Chine sur la base navale, mais dément depuis une quelconque utilisation exclusive, interdite d’ailleurs par la Constitution cambodgienne.

L’endroit est convoité aussi bien par Pékin que par Washington pour sa situation géographique. Ream donne sur le Golfe de Thaïlande et se trouve à proximité de la mer de Chine du Sud, qui est revendiquée par Pékin dans sa quasi-totalité. C’est là où des gardes côtes chinois harcèlent régulièrement des bateaux philippins à coups de canons à eaux, et c’est là aussi que l’armée chinoise a construit des îles artificielles. Pas si loin se trouve d’ailleurs Taïwan, menacée d’annexion par la Chine. La base de Ream donne aussi un accès facile au détroit de Malacca, crucial pour le commerce maritime mondial.

Lloyd Austin compte profiter du changement à la tête de l’Etat

Le moment semble propice à un rapprochement entre Washington et Phnom Penh. Lloyd Austin compte profiter du changement à la tête de l’État. Après 38 ans, Hun Sen a laissé le pouvoir à son fils Hun Manet l’an dernier. Il se trouve que ce dernier a fréquenté l’académie militaire américaine West Point – la même que Lloyd Austin. C’est donc l’occasion pour les deux hommes de nouer un contact plus personnel et plus étroit. « Nous avons discuté de la manière dont les États-Unis et le Cambodge peuvent renforcer leurs relations en matière de défense pour soutenir la paix et la stabilité régionales », a écrit le patron du Pentagone sur son compte X.

Aujourd’hui, les relations entre les deux pays ne sont pas bonnes : en 2017, le Cambodge a mis fin aux exercices militaires conjoints, puis des aménagements militaires américains ont été démolis en 2020 sur la base navale de Ream. La Chine qui loue régulièrement son « amitié inébranlable » avec le Cambodge, s’est engouffrée dans cette brèche. Pas plus tard que le mois dernier, des soldats cambodgiens et chinois ont mené ensemble des manœuvres appelés « Dragon d’or ».

Il faut dire que Washington n’hésite pas à dénoncer les violations des droits humains au Cambodge, où la répression cible toute voix critique. Les États-Unis ont aussi sanctionné des responsables politiques à la suite des élections que Washington a qualifiées comme étant « ni libres ni équitables ». Mais cette visite de Lloyd Austin au Cambodge pourrait marquer un tournant. C’est en tout cas ce que les Américains espèrent. Il est notamment question d’une reprise des exercices militaires conjoints entre soldats américains et cambodgiens.

Par Heike Schmidt – Radio France Internationale – 7 juin 2024

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