Birmanie: briser le tabou des menstruations féminines
Une association féministe birmane a lancé sur Facebook une campagne pour s’attaquer à un tabou : celui des menstruations féminines. Le slogan de cette campagne : « Les règles ne sont pas honteuses. »
Les croyances autour des menstruations féminines sont nombreuses en Birmanie. Elles peuvent varier selon les communautés, mais toutes renvoient à l’idée que les règles sont quelque chose de sale et d’impur, dont les femmes devraient avoir honte. Nandar, la jeune Birmane de 25 ans à l’origine de cette campagne, raconte en avoir fait elle-même l’expérience : lors de ses premières règles, ses parents lui ont interdit de rester sous le toit familial. Pendant les suivantes, elle devait s’asseoir par terre dans un coin de la pièce, et ne plus bouger. Interdiction de se rendre dans un temple bouddhiste ou de toucher un homme, même de sa famille, afin, lui a t-on dit de ne rien contaminer. C’est une situation qu’ont vécu et que vivent encore de nombreuses jeunes femmes en Birmanie. Avec des conséquences qui peuvent être lourdes, puisque certaines d’entre elles ne vont pas à l’école lorsqu’elles ont leurs règles.
Une situation qui s’explique par le manque de connaissances sur ce sujet
La campagne sur Facebook va notamment mettre en ligne une interview de médecin. Le but : normaliser la discussion autour des règles, expliquer pourquoi elles sont naturelles. Car aujourd’hui, le sujet est tabou en Birmanie, tout comme l’éducation sexuelle en général. Tabou au sein des familles déjà, même entre une mère et sa fille. Tabou aussi dans la société. Pour parler de la vulve, les Birmans utilisent des mots d’argot ou des mots d’enfant. En théorie, des cours sont prévus dans le cursus scolaire depuis 2006, pour parler de la reproduction par exemple. Mais les professeurs osent rarement en parler.
Un manque d’éducation sexuelle qui fait qu’en Birmanie, des études montrent que 40% des adolescents pensent que ce n’est pas possible qu’une femme tombe enceinte après un seul rapport sexuel.
Des réactions mitigées
Selon l’association féministe qui a lancé la campagne Facebook, the Purple Feminist group, les réactions sont mitigées, dans un pays où le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes reste difficile. L’ONG a reçu des messages disant qu’il ne fallait pas parler de ce sujet-là, que ce n’était pas si important. Un activiste, ancien prisonnier politique, a par exemple commenté en disant : « Les règles, c’est comme la transpiration, cela ne mérite pas une campagne. »
Mais l’ONG a reçu aussi beaucoup de témoignages de femmes, et d’hommes, qui racontent leurs expériences. Un partage possible grâce aux réseaux sociaux, qui permettent de se confier plus facilement, dans un pays où Facebook est très populaire. La parole commence à se libérer en Birmanie, en tout cas dans les grandes villes comme Rangoun. L’an dernier, pour la première fois, la pièce Les monologues du vagin a été jouée en public en birman.
Radio France Internationale – 18 février 2020
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