Les militaires avancent leurs pions dans une Birmanie qui s’isole
Flydubai, Qatar Airways, Jetstar Airways, Bangkok Airways, Thai Lion Air, Korean Air, VietJet sont venus se joindre à la déjà très longue liste des compagnies aériennes qui ne desservent plus l’aéroport international de Yangon.
Toutes soit par crainte de transporter des passagers malades, soit parce que leurs vols sont presque vides et leur coûtent désormais beaucoup d’argent. D’autres, comme Nok Air, ont restreints leur nombre de vols. Nok Air ne conserve aujourd’hui que son vol du soir entre Yangon et Bangkok.
Pour l’instant ces fermetures ne sont bien sûr que temporaires, et la plupart des compagnies annoncent une reprise des plages horaires normales à partir du 30 avril, certaines même au 15 avril, sauf contrordre des autorités birmanes. Seule pour l’instant Flydubai a prévu de reprendre ses vols tard, vers le 21 mai. Les compagnies respectent en cela les restrictions à l’entrée en Birmanie pour certaines nationalités – dont la France – qui sont mises en place pour l’instant jusqu’à ce 30 avril. Neuf nouveaux pays sont d’ailleurs venus s’ajouter à cette liste des « exclus par prudence » qui se voient imposer une quarantaine de 14 jours s’ils parviennent à rejoindre la Birmanie, une quarantaine qui n’a rien d’un ostracisme mais relève bien de la précaution et concerne aussi les citoyens birmans qui seraient passer par ces pays, qui sont l’Autriche, la Belgique, le Danemark, les Etats-Unis, les Pays-Bas, la Norvège, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse. Ce sont donc maintenant 16 pays qui sont soumis à cette restriction. Dans le même temps, l’octroi de visa à l’arrivée et de visa en ligne est suspendu pour tous les pays jusqu’au 30 avril toujours.
Manœuvres politiques de la part des alliés des militaires
Pendant que le gouvernement prend des décisions pour juguler au mieux une épidémie éventuelle dans le pays, le jeu politique suit malheureusement son cours. Et le 15 mars dernier, 15 parmi les presque cent partis politiques que compte le pays ont publier une déclaration commune appelant le Conseil national de défense et sécurité à prendre en main la politique de lutte contre le Covid-19. Le parti de l’Union pour la Solidarité et le Développement (USDP), qui constitue le bras politique des dirigeants militaires, figurait au rang des signataires. Le Conseil national de défense et sécurité est une instance constitutionnelle Ad Hoc supposé assumer la direction du pays en cas de menaces graves et notamment d’état d’urgence. Il comporte onze membres, dont cinq dépendent de l’armée, y compris le chef d’état-major. Et mettre le Conseil aux affaires reviendrait à redonner officiellement à de hauts gradés des responsabilités politiques desquelles ils sont en théorie aujourd’hui écarté, même s’il est notoire et évident que leur influence se perçoit partout.
La manœuvre consistant à suggérer un retour à un ordre que beaucoup considéré comme révolu n’est pas passée inaperçue, et le 18 mars dernier, 14 organisations du monde du travail se sont réunies au centre Birman pour la liberté d’expression et ont publié une réponse, affirmant que « le communiqué du 15 mars fait comme si le gouvernement n’agissait pas, alors même qu’il prend des mesures fortes, et laisse entendre que le Conseil national de défense et sécurité serait une solution alors que cela n’est absolument pas nécessaire et qu’il n’existe aucune situation d’urgence le requérant ». Et les 14 signataires de poursuivre : « La crise que nous traversons ne peut se résoudre que par une coopération étroite entre le gouvernement, les salariés et les employeurs. Le Conseil national de défense et sécurité n’a rien à y faire ». Et l’un des représentants d’une organisation parmi les 14 d’enfoncer le clou : « Pour nous, les choses sont claires : l’appel au Conseil n’est pas motivé par des considérations sanitaires, économiques ou de sécurité. C’est une manœuvre avec uniquement des arrière-pensées politiques ».
Lepetitjournal.com – 22 mars 2020
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