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Cambodge. Une séquence vidéo exclusive révèle des conditions carcérales déplorables

Amnesty International révèle des images choquantes qui apportent des preuves directes des conditions inhumaines et de la surpopulation extrême qui ont cours dans une prison cambodgienne.

L’organisation a récemment décrit les centres de détention du pays comme étant des « bombes à retardement » pour une épidémie de COVID-19 au potentiel désastreux.

« Ces conditions déplorables tournent en dérision les règles de “distanciation sociale” et montrent l’absence totale de considération des autorités cambodgiennes envers les droits fondamentaux de ces prisonniers, même au cœur d’une pandémie », a déclaré David Griffiths, directeur du bureau du secrétaire général d’Amnesty International.

« Ces conditions n’ont jamais été acceptables. Aujourd’hui, elles sont totalement inadmissibles. Les autorités doivent de toute urgence atténuer ce problème de surpopulation tout en accordant à tous les détenus l’accès à des soins adaptés sans discrimination. »

La vidéo est récente et a été filmée dans l’une des prisons du pays. La date et le lieu exacts de cette séquence ne peuvent être révélés afin d’en protéger la source.

D’après les données du gouvernement, 38 990 personnes étaient détenues dans les prisons du Cambodge au 2 avril 2020, alors que la capacité d’accueil de ces prisons est estimée à 26 593 personnes seulement. Des estimations placent le taux de surpopulation de certains centres de détention à 463 %.

La population carcérale du Cambodge a augmenté d’environ 78 % depuis décembre 2016, en raison de la campagne punitive et violente de lutte contre les stupéfiants menée par le gouvernement, qui entre dans sa 4e année. Plus de 72 % des personnes détenues au Cambodge seraient en détention provisoire et des milliers de personnes sont emprisonnées pour des délits mineurs et non violents, comme la détention ou la consommation de stupéfiants.

Des milliers de personnes sont actuellement détenues contre leur gré dans des centres de « désintoxication » et des centres d’« affaires sociales » répartis dans tout le pays.

La détention obligatoire en vue de désintoxication, qui prévoit la détention de personnes soupçonnées d’avoir consommé des stupéfiants, dans le but de les faire cesser cette consommation, est arbitraire par nature. Bien que le nombre de personnes détenues dans des centres de désintoxication au Cambodge ne soit pas rendu public, des informations qu’a reçues Amnesty International indiquent une surpopulation aussi grave dans ces centres que dans les autres prisons du pays.

Complément d’information

En réponse à la pandémie de COVID-19, plusieurs gouvernements dans le monde, notamment l’Éthiopie, Bahreïn et l’Iran, ont pris des mesures décisives pour alléger la surpopulation dans les centres de détention, en libérant les personnes détenues pour des motifs politiques ou des délits mineurs non violents, les personnes en détention provisoire, les personnes âgées et les personnes souffrant de problèmes de santé.

Amnesty International engage les gouvernements à évaluer la nécessité du maintien en détention, afin de protéger la santé des personnes détenues, du personnel pénitentiaire et de la population. Les gouvernements doivent envisager des libérations conditionnelles ou anticipées, ou des mesures de substitution non privatives de liberté. Ils doivent tenir compte de chaque situation individuelle et des risques auxquels sont exposés certains groupes spécifiques de détenus, comme les personnes âgées, celles souffrant de graves problèmes de santé ou celles dont le système immunitaire est faible.

La propagation de maladies contagieuses étant une question de santé publique, particulièrement en milieu carcéral, il est souhaitable que tous les détenus puissent avoir accès, sous réserve de leur consentement, à des tests de dépistage du COVID-19, notamment les personnes éligibles à une libération anticipée. Pour les personnes qui demeurent incarcérées, les autorités doivent dispenser un niveau de soins médicaux qui réponde aux besoins de chaque personne et garantisse une protection maximale contre la propagation du COVID-19.

Amnesty International – 10 avril 2020

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