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Birmanie : dans la jungle des Rubis

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Au cœur de la forêt birmane, la région de Mogok abrite près des trois quarts des rubis de la planète et fait vivre plus de 100 000 personnes. Jalousement contrôlée par la junte militaire au pouvoir, la vallée des Rubis fait face à un phénomène qui pourrait changer son destin : les pierres se raréfient.

Lorsque Ma Wanna est descendu dans le ventre de la mine, à l’aube, le ciel était chargé de nuages menaçants. La pluie est tombée dru toute la matinée. Comme à chaque journée de mousson. Mais quand, en début d’après-midi, le gamin de 18 ans remonte à la surface après avoir passé sept heures par 300 mètres de fond, le soleil a gagné la partie. Ma Wanna plonge la main au fond du seau en plastique qui l’a accompagné en bas et sort, une à une, avec toutes les précautions du monde, les pierres précieuses qu’il a réussi à récupérer, avant d’aller les observer à la lumière du soleil. Certaines sont à peine plus grosses qu’une fourmi, mais leur éclat tranche avec le bayon boueux dans lequel elles reposent. Deux spinelles et un petit rubis, que Ma Wanna range dans un pochon de plastique. Il les vendra 2 ou 3 dollars pièce. « Je rêve de devenir riche, de trouver la pierre qui changera ma vie et celle de ma famille », lâche l’adolescent, tongs aux pieds, les yeux écarquillés, alors que les autres mineurs viennent lui taper dans le dos.

Ils sont une trentaine ce matin-là à caresser le même rêve. A plus de 1 500 mètres d’altitude, ils ont établi un campement et se relaient dans la mine. L’activité touchant des points d’eau, ils déblaient sans cesse pour éviter que l’eau ne remonte par le fond. L’installation est rudimentaire. Quelques bâches, montées sur des tréteaux, protègent les mines des caprices de la mousson. Sur les flancs de l’abri, les mineurs ont accroché toutes sortes de vivres, comme du riz ou des piments, et même… une guitare. Une moto, amputée de ses roues, tourne à plein régime. Son moteur est relié à un câble qui monte et descend les seaux. Juste à côté, une simple poche en plastique envoie de l’oxygène au fond. Le métier rapporte peu et fait risquer gros. Quelques jours avant notre passage, un mineur est mort. Le câble a cédé et a précipité un seau chargé 300 mètres plus bas, brisant le crâne du malheureux. Le père de Ma Wanna, mineur avant lui – les entrailles de la terre se transmettant en héritage, sans autre horizon –, est maintenant gravement malade. Et l’adolescent a déjà vu des compagnons perdre la vie dans les profondeurs de la terre. « Ça m’a effrayé au début, mais maintenant je n’ai plus peur. Je ferai ce métier tant que ma santé me le permettra. Je ne me sens bien qu’ici, dans la mine », dit-il en souriant, laissant paraître une rangée de dents rougies par le bétel, cette plante dont les feuilles ont des propriétés médicinales. Mais pour beaucoup de familles, la quête de ces pierres n’offre aucune perspective et l’on préfère marier les filles à des jeunes hommes de Yangon ou Mandalay.

Cent mille âmes habitent la vallée des Rubis. Un minuscule territoire de 16 kilomètres carrés, perché au cœur de la jungle de Haute-Birmanie, qui cache dans son sol boueux les trois quarts des rubis de la planète. Sans compter les saphirs, spinelles, péridots, lapis-lazuli et des dizaines d’autres variétés de pierres. Aujourd’hui, la vallée et ses trésors sont jalousement gardés par la junte militaire, au pouvoir dans le pays. Les habitants, eux, ne perçoivent que des miettes, qui constituent pourtant leur principale ressource. Chacune des montagnes de la vallée est criblée de trous. Ces cicatrices, symboles d’une exploitation massive depuis le XIXe siècle, dissimulent une réalité que tous redoutent : bientôt, il n’y aura plus de pierres. Mais au sujet de cette raréfaction qui se profile, l’armée, au pouvoir depuis 1962, reste silencieuse. Pour elle, la vallée des Rubis représente une extraordinaire manne financière. Ce commerce des pierres précieuses, qui s’exportent à l’international, représente 50 millions d’euros par an. Pour exploiter le minerai, chaque concessionnaire de mine – on compte près de 500 mines actives – doit s’acquitter d’une taxe de 20 % auprès du gouvernement, sur chacune des pierres extraites. Mais au printemps 2019, l’armée, sans prévenir, a décidé de fermer les mines et de suspendre les licences d’exploitation, prétextant un alignement des taxes sur la nouvelle année fiscale et une remise à plat administrative. Prévue pour quelques semaines, cette fermeture durera des mois et enflammera la vallée.

« Lorsque le gouvernement a pris la décision de fermer les mines, la population a été plongée dans l’incompréhension. Quelques jours plus tard, il y a eu des émeutes. Une des plus grandes mines a même été incendiée. La police est intervenue et des coups de feu ont été tirés », explique U Kyaw Soe. Ce mineur est né dans la région. Près de cinquante années passées à exercer son œil, à déceler les imperfections, à nourrir l’espoir de trouver un « sang de pigeon », le plus pur des rubis. Dans cette vallée qui cultive le secret, impossible de connaître le bilan des émeutes. « Mais après quelques jours, alors que les mines étaient toujours fermées officiellement, nous sommes revenus, parce que c’est le seul travail qu’on a. On doit nourrir nos familles », reprend-t-il.

A Mogok, les habitants alignent leur existence sur les soubresauts des pierres précieuses. Environ 10 000 personnes travaillent dans les mines. Des hommes exclusivement. Les femmes sont interdites d’entrée. De vieilles croyances les tiennent pour porteuses de malchance. Elles sont des milliers à tailler et polir les pierres. Toutes les autres les vendent, dans la rue parfois, dans les marchés surtout. C’est là que se négocient la majeure partie des pierres. Mais les plus grosses évitent le parcours traditionnel. Elles se changeront de main en main, directement vendues à des particuliers ou à des émissaires, pour atterrir dans les bijouteries de Bangkok, Hongkong ou Genève.

Comme chaque matin, Ma Cho Tu s’est levée à l’aube. Elle a rassemblé les pierres que son mari et son fils ont récupérées la veille dans la mine, puis s’est s’installée à son comptoir, le numéro 107, sous la grande halle couverte d’un toit de tôle. Autour du sien, 393 autres, presque tous occupés par des femmes. C’est le marché de Mani Mingalar. On y lit les visages de toute l’Asie : Népalais, Indiens, Hmong, venus courir depuis des siècles derrière la promesse d’une trouvaille couleur rouge sang. Leurs descendants sont restés. Les grands-parents de Ma Cho Tu sont venus de Chine. Elle ajuste son longyi traditionnel bleu nuit, et ses yeux noirs se perdent dans les souvenirs : « Lorsque j’étais enfant, il suffisait parfois de se baisser dans la rue pour trouver une pépite. Pendant la mousson, les alluvions transportaient les pierres. Avec mes frères et sœurs, on jouait avec ça. » Aujourd’hui, elle a 42 ans et a passé plus de la moitié de sa vie à vendre des pierres précieuses. « Quand on habite dans cette vallée, on n’a pas le choix. Les bons mois, je gagne autour de 160 000 kyats (soit près de 100 euros, à peine plus que le salaire birman moyen). Mais je ne suis pas à plaindre. »

Difficile d’appliquer un prix moyen sur ces joyaux. En fonction de la couleur, de la clarté, de la taille, il varie énormément. Certaines pierres peuvent être vendues cinquante fois plus cher que d’autres. Les prix faramineux qu’atteignent certaines gemmes – en 2018, un rubis de 24 carats était vendu pour 13 millions de dollars aux enchères de Hongkong ! – apparaissent comme une insulte à la réalité des habitants de Mogok. Une vie de dur labeur, si loin du faste des salons d’exposition et des grandes bijouteries. « Aujourd’hui, ce sont les Chinois qui achètent le plus à Mogok. En quantité, mais pas toujours la meilleure qualité. Ils cherchent surtout à faire les meilleures affaires », explique Federico Barlocher. Cet Italien, négociant en pierres précieuses, connaît la vallée mieux que quiconque. Il s’y est rendu près de 160 fois depuis son premier passage en 1993. Il a notamment acquis le plus gros rubis jamais trouvé, surnommé le « King of Mogok ». Aujourd’hui, il vit à Bangkok, mais continue de se rendre fréquemment à Mogok. Ces derniers mois, il a vu l’activité de la vallée vaciller. « Avec la pandémie liée au Covid-19, la demande a complètement chuté. En ce moment, 30 mines à peine sont ouvertes. Les concessionnaires ne veulent pas investir, alors qu’ils savent que personne ne sera là pour acheter. Et puis, l’extraction de rubis est devenue extrêmement coûteuse. » En cause, la raréfaction des pierres. « Auparavant, la plupart des pierres que l’on trouvait venaient du limon [une terre boueuse portée par les eaux]. Désormais, il faut creuser à même la roche. Cela coûte environ dix fois plus cher, il faut des machines et plus de main-d’œuvre. »

Pour ne rien arranger aux affaires, les rubis de Mogok sont la cible d’un boycott international. « Pour moi, les boycotts ne changent pas grand-chose, dit toutefois Ma YY Chi Ti. J’ai toujours le même acheteur à Bangkok. Lorsque je trouve une grosse pierre, je l’appelle et il se déplace. Il connaît le marché, il y aura toujours des acquéreurs. » A 38 ans, Ma YY Chi Ti est l’une des seules femmes propriétaires de mines dans la vallée, comme sa grand-mère avant elle. Et, pour elle, tous les jours répondent au même cérémonial : « Je commence par prier Bouddha, c’est capital si l’on veut que les plus belles pierres se montrent à nous. » Il y a deux ans, elle a acheté un terrain et y a creusé un sillon, à grands coups de dynamite. Une turbine tourne en permanence pour renvoyer de l’eau vers la vallée. En contrebas, trois mineurs trient les pierres qui descendent par le courant. Soudain, un cri déchire la combe. Un des hommes, funambule à flanc de montagne, vient de trouver quelque chose. Ma YY Chi Ti se précipite vers lui. C’est un péridot, une pierre semi-précieuse, verte et transparente. Pour une gemme de cette taille, elle peut espérer une cinquantaine de dollars. Mais sa prospérité découle surtout de l’extraction de masse. Depuis que le gouvernement a suspendu les licences, Ma YY Chi Ti exploite cette mine illégalement. Elle a constamment l’œil en alerte, guettant le contrôle des militaires. « Peu avant que le gouvernement ne ferme les mines, on avait encore 100 travailleurs ici, tous les jours. Maintenant, ils ne sont plus que trois. » Ces derniers mois, l’activité lui apportait entre 1 000 et 3 000 euros.

Dans le village de Bwoma, situé à quelques kilomètres de Mogok, toutes les femmes travaillent, certaines cumulent même cette tâche avec les travaux des champs

Mais le labeur n’a pas partout la même valeur. En contrebas, une dizaine de femmes s’agitent. Elles sont accroupies, les pieds plongés dans la boue. On les appelle les « kannasee ». Avec un simple tamis, elles cherchent des miettes de pierres précieuses dans les résidus de la mine. Daw Asami vient de repérer quelque chose coincé dans le grillage. Elle s’empresse de le placer sous sa langue pour être sûre de ne pas l’égarer. Avec cette moisson, elle espère toucher 1 ou 2 dollars par jour. Elle a 58 ans. « Mon mari, mon fils et mon petit-fils sont tous les trois à la mine. » Elle défait le nœud qui enserre son longyi et en dégage un petit sachet au fond duquel s’entassent sept minuscules pierres. Avec cet argent, le fruit d’une semaine de travail, elle achètera du riz, de l’huile et des légumes pour remplir les six estomacs qui se partagent une moto et une petite maison construite en tek, un arbre tropical. Dans le village de Bwoma, situé à quelques kilomètres de Mogok, toutes les femmes travaillent, certaines cumulent même cette tâche avec les travaux des champs, dans d’interminables journées. Mais Daw Asami sourit, malgré ce dos qui la fait souffrir, malgré les angoisses quotidiennes quand elle voit les hommes de sa vie partir à la mine. Elle sourit car, l’année dernière, elle a pu envoyer sa petite-fille dans une des écoles de Mogok – qu’elle-même n’a jamais eu la chance de fréquenter –, la chargeant des espérances de toute une famille.

Vallée des Rubis : un intérêt mercantile et stratégique

Au-delà de ses richesses, largement ponctionnées par l’armée, sa situation frontalière concentre des garnisons militaires de défense. Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse au Centre Asie Ifri, à Paris, nous l’explique.

Paris Match. Quel est l’intérêt stratégique de la vallée des Rubis pour l’armée birmane ?
Sophie Boisseau du Rocher. Il y a plusieurs intérêts. Le premier est purement géostratégique. Il faut regarder attentivement une carte : nous ne sommes pas très loin de la frontière chinoise. Mogok constitue une étape intermédiaire pour maîtriser les flux de toutes sortes – y compris les circulations militaires – en provenance du Yunnan (une province de Chine) ou des régions voisines, notamment de l’Etat kachin, en guérilla permanente avec l’Etat central. Ce n’est donc pas un hasard si l’armée birmane y entretient plusieurs garnisons. Mogok est également rattaché au district de Pyin U Lwin, où se trouve l’académie des services de défense. Celle-ci a d’ailleurs été attaquée en août 2019 par des éléments de l’Alliance du Nord, coupant la route vers l’Etat kachin. Qu’elle ait aussi fait construire ce qui a longtemps été la seule route entre Mogok et Mandalay, une autre ville située dans ce district, n’est pas fortuit. Enfin, il y a aussi l’intérêt mercantile. Pays fermé puis semi-fermé pendant des dizaines d’années, la Birmanie a été dirigée par l’armée, qui s’est imposée comme un intermédiaire dans le commerce de plusieurs produits, dont les pierres précieuses. A ce titre, le négoce des rubis birmans, parmi les plus beaux au monde avec notamment le fameux “sang de pigeon”, est passé sous son contrôle. Des joint-ventures ont été créés au début des années 1990 avec des grands marchands, mais quelques représentants de l’armée haut placés y trouvaient un intérêt très concret. D’ailleurs, il est arrivé que la surveillance des mines soit assurée par des soldats. Pendant longtemps, on ne pouvait acheter des rubis que dans des boutiques détenues par des militaires ou leur famille. Les Etats-Unis ont d’ailleurs mis en place un embargo sur les rubis et le jade birman, en 2018 : il s’agissait de tarir les sources de revenus de l’armée.

Les grandes marques lancent des campagnes de boycott sans véritablement comprendre la situation sur le terrain

Comment l’armée utilise-t-elle ce mythe des rubis pour appuyer le rayonnement international de la Birmanie ?
La fermeture du pays, au moment même où ses voisins d’Asie du Sud-Est, notamment la Thaïlande, valorisaient le tourisme de masse, a entretenu le mythe d’un endroit extraordinaire mais inaccessible. Les réseaux d’accès aux richesses birmanes étaient très secrets, et le restent encore, dans une moindre mesure. Leurs acteurs n’ont aucun intérêt à dévoiler leurs pratiques commerciales. Aujourd’hui, les mines, surexploitées, donnent moins. Mais la qualité de la production locale permet d’augmenter substantiellement les prix. Face à la concurrence des rubis africains, la Birmanie entretient la réputation de ses pierres via des ventes prestigieuses. Celles-ci ont lieu la plupart du temps à Hongkong, voire en Chine continentale.

Avec le boycott de marques comme Cartier et Tiffany, suite à la crise des Rohingyas, quelles ont été les conséquences sur l’économie ?
L’impact a été massif, et pas seulement pour les pierres précieuses : tous les secteurs de l’économie birmane ont été touchés. Ceci dit, les grandes marques lancent des campagnes de boycott sans véritablement comprendre la situation sur le terrain, mais pour répondre à une demande émotionnelle de leur clientèle. Côté pierres précieuses, les marchés asiatiques sont devenus déterminants et compensent les pertes induites par les marchés occidentaux. Et tant qu’ils peuvent acheter des pierres de grande qualité, ces marchés sont moins sensibles à la corruption, aux dégâts environnementaux causés par une extraction de masse ou au travail forcé observé dans certaines mines. Sur place, j’ai pu voir de nombreux émissaires envoyés par de riches entrepreneurs chinois.

Certains Chinois sont prêts à payer des fortunes pour obtenir une pierre, non seulement en raison de sa qualité intrinsèque, mais aussi par ce qu’elle signifie

Aujourd’hui, dans quelle mesure la vallée des Rubis et les mines de jade ont-elles un impact dans les relations sino-birmanes ?
Les Chinois sont d’abord les premiers clients pour le jade, puis pour les pierres précieuses birmanes. Certains sont prêts à payer des fortunes pour obtenir une pierre, non seulement en raison de sa qualité intrinsèque, mais aussi par ce qu’elle signifie. Elle a en effet une valeur de superstition, à laquelle les Chinois sont très sensibles. L’exploitation du jade impose de déplacer de très gros blocs qui peuvent atteindre plusieurs tonnes ; cela nécessite donc une logistique lourde. Dans un contexte plus général, les relations sont plutôt bonnes bien que les Birmans restent très méfiants à l’égard des intentions chinoises. Ils sont pragmatiques : l’économie a besoin d’investissements et la crise des Rohingyas a objectivement porté un coup d’arrêt brutal à l’intérêt des Occidentaux. Je le redis cependant : la méfiance est réelle de la part de Birmans très nationalistes, et les Chinois n’ont pas la marge de manœuvre qu’ils souhaiteraient.

Beaucoup de gens à Mogok craignent une raréfaction des pierres précieuses. Dans quelle mesure celle-ci pourrait affaiblir l’armée ?
L’armée birmane est bien renseignée ! Non seulement elle connaissait la baisse prévisible de la production – qu’elle avait compensée en augmentant le prix des pierres sur le marché –, mais elle savait aussi que les mines dites industrielles (celles qu’elle exploitait fortement) seraient fermées. L’exploitation des petites mines a quant à elle été reprise par les communautés locales. Elle a, par conséquent, diversifié ses activités dans des secteurs comme le tourisme.

Par Hugo Nazarenko – Paris Match – 26 Août 2020

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