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Le Viêt Nam se moque ouvertement du réchauffement

Le tigre asiatique promet d’accroître sensiblement ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Une autre conception du rehaussement de l’ambition.

De prime abord, on est tenté d’applaudir. Le Viêt Nam a déposé, le 11 septembre, sa seconde «contribution déterminée au niveau national» (NDC), esquisse de politique climatique devant être révisée tous les 5 ans.

Ce faisant, l’ancien cauchemar des Etats-Unis est l’un des rares pays à être presque dans les clous onusiens. Selon l’accord de Paris, les parties pouvaient publier leur seconde NDC jusqu’à neuf mois avant l’ouverture de la COP 26 (initialement prévue en novembre 2020).

3 pays sur 183

En février dernier, seuls le Suriname et la Norvège avaient tenu cet engagement. Ils ont désormais trois. Les 180 autres parties ayant ratifié l’accord conclu à l’issue de la COP 21 vont profiter du récent report d’un an de la COP 26 pour affiner leur stratégie. Ce n’est que le 16 septembre que la Commission européenne, au hasard, dévoilera ses nouveaux objectifs climatiques. Mais revenons au Viêt Nam.

Dans sa seconde NDC, Hanoï piétine allègrement l’esprit et la lettre de l’Accord de Paris. En son article 4, le texte stipule que la «contribution déterminée au niveau national suivante de chaque Partie représentera une progression par rapport à la contribution déterminée au niveau national antérieure et correspondra à son niveau d’ambition le plus élevé possible. » Une injonction curieusement interprétée par les autorités vietnamiennes.

Dans sa première politique, publiée en 2016, le Viêt Nam prévoyait de stabiliser ses émissions autour de 787 millions de tonnes équivalent CO2 (Mtéq.CO2) à l’horizon de 2030. Ce qui représentait tout de même un triplement des rejets carbonés en 20 ans. Tout espoir n’était pas perdu. Selon l’intensité des politiques climatiques nationales et de l’aide internationale (achat de crédits carbone, par exemple, le Viet Nam pouvait stabiliser sa contribution au renforcement de l’effet de serre entre 726 et 590 Mtéq.CO2. Nous n’en sommes plus là.

un milliard de tonnes

Si le pays poursuit son développement accéléré, sans la moindre inflexion carbonique, il sera l’un des rares pays au monde à émettre près d’un milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année. Certes, ce bilan tendanciel peut être atténué: de 9 à 27%, selon les efforts d’efficacité énergétique et de décarbonation de l’énergie et de l’industrie. Ce qui porterait le bilan carbone national entre 696 et 845 Mtéq.CO2 par an.

Il y a quatre ans, le Viêt Nam prévoyait de doubler, voire tripler ses émissions entre 2010 et 2030. Il hésite désormais entre les tripler et les quadrupler. Une autre conception du rehaussement de l’ambition. 

Ce mercredi, dans son discours sur l’état de l’Union européenne, la présidente de la Commission devrait dévoiler les nouveaux objectifs que se fixe le bloc communautaire. Selon toute probabilité, Ursula von der Leyen devrait confirmer que les 27 s’accordent pour baisser, collectivement, de 55% leurs émissions de GES entre 1990 et 2030. Le dernier paquet énergie-climat fixait un objectif de -40% pour la même période.

Aucun autre pays développés ou en développement n’a pris pareil engagement.

Par Valéry Laramée de Tannenberg – Journal de l’environnement – 14 septembre 2020

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