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En Thaïlande, le mouvement pro-démocratie ne faiblit pas

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Au lendemain d’une manifestation historique, des militants pro-démocratie ont effectué une action symbolique afin de défier l’autorité royale en Thaïlande.

Dimanche, la contestation a pris un nouveau tournant. Dans la matinée, des manifestants ont cimenté une plaque à Sanam Luang, près de l’ancien palais royal de Bangkok, indiquant que la Thaïlande appartient au peuple et non au roi. Un défi à la monarchie, jusqu’ici sujet tabou dans le pays. “La nation n’appartient à personne, mais à nous tous”, a renchéri Parit Chiwarak, l’une des figures de la contestation. “A bas la féodalité, vive le peuple”, a-t-il ajouté. 

La Thaïlande connaît un vif élan pro-démocratie depuis les élections législatives de mars 2019, qui ont confirmé Prayut Chan-O-Cha et la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État, intervenu il y a maintenant six ans. Depuis le début de l’été, la pression s’accentue sur le régime soutenu par le roi Rama X. Le mouvement, porté par des étudiants et qui n’est pas sans rappelé celui de Hongkong, demande non seulement la démission du Premier ministre, mais aussi, à présent, une réforme de la monarchie constitutionnelle. Dans le viseur : l’abrogation de la loi draconienne sur le lèse-majesté ou encore le retour des biens de la Couronne dans le giron de l’Etat. 

L’ampleur des manifestations et leur régularité sont du jamais-vu en Thaïlande où, en dépit des renversements successifs de régimes (12 coups d’État depuis 1932), la royauté reste jusqu’ici intouchable. Le souverain thaïlandais, bien au-delà de son statut de monarque constitutionnel, dispose d’une influence considérable qu’il exerce le plus souvent dans l’ombre. 

Une manifestation historique, samedi

Samedi, sous la pluie, une nouvelle mobilisation dans les rues de la capitale a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes. Il s’agissait du plus grand rassemblement depuis le coup d’Etat de 2014.  

La manifestation a commencé en début d’après-midi sur le campus de la faculté de Thammasat, théâtre en 1976 d’un massacre, quand des dizaines d’étudiants réclamant la démocratie avaient été tués par les forces de l’ordre épaulées par des milices ultra-royalistes. Les opposants se sont ensuite rendus à Sanam Luang, une place située juste en face du célèbre Grand Palais, où sont organisées des cérémonies royales. 

La jeunesse thaïlandaise a réitéré à plusieurs reprises son “three-finger salute”, inspiré du film Hunger Games et popularisé lors du coup d’Etat de 2014. Le geste symbolise également trois demandes prioritaires de plusieurs groupuscules pro-démocratie : la dissolution du Parlement, la fin des menaces contre les citoyens critiquant le pouvoir, et une nouvelle constitution. 

Pas détruire, mais moderniser

Derrière les actes, les leaders du mouvement pro-démocratie assurent agir de façon modérée. “Notre objectif n’est pas de détruire [la monarchie], mais de la moderniser, de l’adapter à notre société”, souligne Panusaya Sithijirawattanakul, dit Rung, une figure du mouvement d’opposition. 

L’actuel monarque, Maha Vajiralongkorn, Rama X, est monté sur le trône en 2016 à la mort de son père, le vénéré roi Bhumibol, est une personnalité controversée. En quelques années, il a renforcé les pouvoirs d’une monarchie déjà toute puissante en prenant notamment directement le contrôle de la fortune royale.  

Ses fréquents séjours en Europe, même en pleine pandémie causée par le coronavirus, ont aussi soulevé des interrogations. Les manifestations, dans un royaume habitué aux contestations matées dans le sang (en 1973, 1976, 1992 et 2010), se sont pour l’instant déroulées dans le calme. 

Depuis le début de la contestation, plus de vingt militants, dont Penguin et Rung, ont été inculpés de “sédition”, un crime passible de sept ans de prison. 

S’opposer au régime reste “dangereux”, relève Prontip Mankhong, une militante de 32 ans arrêtée en 2014 pour une pièce de théâtre satirique jugée diffamatoire envers la royauté. “Si vous choisissez de vous battre contre la monarchie en Thaïlande, vous devez être prêt pour le pire des scénarios”, estime la jeune femme, libérée en 2016 et qui vit actuellement en Europe.

L’Express avec Agence France Presse – 20 Septembre 2020

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