D’Indochine à la Guyane, les Hmong ont trouvé leur terre
En 1977, à leur arrivée dans le village de Cacao, en Guyane française, il n’y avait rien. Ils ont tout construit : routes, écoles, habitations, cultures agricoles… Aujourd’hui, les Hmong, supplétifs de l’armée française lors de la guerre d’Indochine, semblent avoir réussi leur intégration au sein de la société guyanaise multi-ethnique.
Mais 43 ans plus tard, qu’en est-il réellement ? Et quel avenir s’offre à leurs enfants ? Notre journaliste nous entraîne au cœur de la forêt amazonienne, à la rencontre de ce peuple singulier.
Ils sont bien moins connus que les Harkis venus d’Algérie, et pourtant leur destin est assez proche. Les Hmong d’Indochine ont eux aussi connu l’exil forcé, parfois jusqu’à l’autre bout du monde. Cette ethnie, installée aux confins de la Chine, du Vietnam et du Laos, a été christianisée à la fin du XIXe siècle par des missionnaires français.
Lorsque la guerre d’Indochine éclate en 1946, certains d’entre eux combattent aux côtés des forces françaises, puis aux côtés des Américains durant la guerre du Vietnam. Alors, quand les communistes prennent le pouvoir dans la péninsule en 1975, les Hmong sont considérés comme des traîtres. Plusieurs centaines de milliers d’entre eux doivent fuir le Vietnam et le Laos pour se réfugier en Thaïlande. L’ONU leur reconnaît le statut de réfugié. Et des pays occidentaux, notamment la France et les États-Unis, proposent d’accueillir certains d’entre eux.
Pour un millier de ces réfugiés, la destination sera… la Guyane française. Le gouvernement estimant que les Hmong s’adapteront très bien au climat difficile, les premiers d’entre eux débarquent le 4 septembre 1977 à l’aéroport de Cayenne. Ils sont conduits par l’armée vers le site d’un ancien bagne, au cœur de la forêt amazonienne. Seul le nom est accueillant : Cacao. Tout est à construire. Mais les Hmong vont rapidement se révéler être des agriculteurs hors pair.
Aujourd’hui, bien que les Hmong ne représentent que 2 % de la population guyanaise, ils produisent 70 % des besoins en fruits et légumes du département. Leurs choux, haricots, ramboutans, piments et autres produits originaires d’Asie ont trouvé leur place sur les marchés guyanais… Signe de cette réussite économique, le taux de chômage à Cacao est bien inférieur à celui du reste de la Guyane.
Mais que reste-t-il de leur culture et de leurs traditions ? Avec la disparition des anciens, l’histoire des Hmong de Guyane se perd peu à peu, comme nous l’explique Vang, qui parcourt la planète à la rencontre des communautés hmong exilées… Et la vie agricole traditionnelle au village ne correspond plus vraiment aux attentes d’une jeunesse moderne et occidentalisée.
Quel avenir s’offre à leurs enfants ? Notre journaliste vous emmène à la rencontre de Claire, une jeune élue hmong qui, entre assimilation et préservation, veut sauvegarder l’identité de son peuple.
Par Pierre Vaireaux – France 24 TV – 6 Novembre 2020
Articles similaires / Related posts:
- Indochine, Cambodge… Un universitaire d’Angers recherche des témoignages d’enfants déracinés Depuis plusieurs années, Yves Denéchère, professeur d’histoire à l’Université d’Angers (Maine-et-Loire), se penche sur l’histoire d’enfants métis, nés en Indochine, Vietnam, Laos ou au Cambodge. Son objectif : mettre en lumière ces parcours de vie, cachés derrière la grande histoire. Entretien....
- La Princesse Kham-Chanh Parisot, une passion laotienne Gavroche aime l’histoire et les personnages qui la font et défont. Francis Engelmann, basé à Vientiane, est l’un des plus fins connaisseurs de l’histoire du Laos. Il nous dresse ici un portrait-hommage de la Princesse Kham-Chanh Parisot-Phetsarat – la princesse Tiane – née à Vientiane (Laos) le 6 février 1919, est décédée le 29 décembre 2019 à Cannes, sur la Côte d’Azur où elle résidait depuis longtemps....
- Le Mékong et la diplomatie de l’eau, un enjeu crucial pour l’Indochine Notre chroniqueur Ioan Voicu s’interroge dans cette nouvelle analyse sur l’impact de la diplomatie de l’eau et de la Commission du fleuve Mékong....
- Connectez-vous le mercredi 12 janvier pour une conférence de l’INALCO sur les Lao-Issara Une occasion inédite d’apprendre l’histoire du mouvement d’indépendance nationale lao....
- Cinquante ans après la guerre du Viêt Nam, le Laos déterre toujours des bombes américaines Les millions de bombes larguées par les États-Unis entre 1964 et 1973 commencent enfin à faire moins de morts au Laos. Mais les démineurs formés par Handicap International peuvent encore désamorcer jusqu’à dix engins explosifs à sous-munitions par jour....