Au Cambodge, le combat de la sœur d’un militant thaïlandais disparu
La sœur de Wanchalearm Satsaksit est en quête de justice. Cet activiste thaïlandais connu pour ses positions anti-monarchie et ouvertement opposé au régime militaire, se réfugie au Cambodge suite au coup d’État de 2014.
Le 4 juin dernier, selon des témoins et des images de vidéosurveillance, un SUV noir s’arrête au pied de son immeuble et des hommes armés le forcent à monter dans le véhicule. Sa sœur, venue de Thaïlande, est convoquée le 8 décembre prochain par un juge de Phnom Penh et compte fournir des éléments pour relancer enquête.
Une courte cérémonie bouddhiste sur le lieu de l’enlèvement présumé. Six mois jour pour jour après la disparition de son frère, Sitanan Satsaksit prie pour que son séjour au Cambodge fasse avancer l’enquête sur la disparition de Wanchalearm.
En juin dernier, les autorités cambodgiennes nient d’abord avoir connaissance de l’affaire ou même de la présence de l’activiste thaïlandais sur leur territoire. « Le tribunal nous convoque pour nous demander les informations et les preuves qui attestent de la présence de Wanchalearm à Phnom Penh, afin de pouvoir enquêter, nous explique Sitanan Satsakit. Nous sommes allés sur place et nous avons rassemblé les déclarations de témoins et de journalistes. Tous confirment sa présence sur place ainsi que sa disparition ce jour-là. »
Neuf disparitions d’activistes depuis 2014
Wanchalearm Satsaksit n’est pas le premier activiste thaïlandais en exil dans un pays de l’ASEAN à disparaître dans des circonstances troubles. Depuis le coup d’État de 2014, neuf cas ont ainsi été recensés. Mais c’est la première fois qu’une procédure reste ouverte si longtemps.
« En dépit de tout, confie la sœur du militant thaïlandais, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ce genre de disparition ne se produise plus jamais. »
Sitanan s’est longtemps tenue à distance des engagements politiques de son petit frère. Mais la disparition Wanchalearm est venue cristalliser la grogne du mouvement pro-démocratie qui agite la Thaïlande depuis plusieurs mois.
« Je pense que la nouvelle génération a conscience de l’injustice qu’a subie Wanchalearm, ou du manque de justice en Thaïlande, assure Sitanan Satsakit. Je crois que s’il pouvait voir cela, il serait vraiment heureux. »
Sitanan était au téléphone avec son frère au moment de l’enlèvement présumé. Elle doit présenter les preuves dont elle dispose devant un juge cambodgien mardi 8 décembre prochain.
Par Juliette Buchez – Radio France Internationale – 5 décembre 2020
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