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La santé insolente de l’économie du Vietnam malgré la crise du Covid-19

Réponse forte face au Covid-19, boom des exportations, finances publiques saines… Le Vietnam tire son épingle du jeu face à la crise et signera en 2020 l’une des croissances économiques les plus élevées au monde. Le triomphe relatif du Vietnam cette année pourrait devenir un avantage sur le plus long terme.

Le Vietnam fait mieux que résister à la crise du Covid-19. Avec une croissance qui devrait atteindre 2,4% en 2020 – une des plus élevées au monde – , notre ex-colonie affiche une santé économique insolente, qui contraste avec les turbulences que doivent encore affronter de nombreuses grandes puissances. Une réponse forte à la pandémie, des exportations en forte hausse et des finances publiques saines, c’est le cocktail qui a permis au Vietnam de maintenir la tête hors de l’eau. Car de nombreux secteurs, comme le tourisme et l’aviation, ont souffert et malgré sa réussite, le pays sera loin du taux de croissance prévu avant la crise, 6,8%.

Avec moins de 1.500 cas et 35 décès, l’épidémie de Covid-19 a largement été maintenue sous contrôle grâce à une réponse forte et rapide. Très vite, les Vietnamiens ont été soumis à des quarantaines de masse, un système de traçage très efficace a été mis en place et les déplacements extrêmement contrôlés. « Le verrouillage du pays a duré moins de trois mois, donc l’activité intérieure est rapidement revenue à la normale dès le mois de juin », a déclaré à l’AFP Nguyen Xuan Thanh, professeur de politique publique à l’Université Fulbright.

Les exportations ont également tiré la croissance. Économie très dépendante des marchés extérieurs, le Vietnam avait beaucoup à perdre alors que la demande en vêtements ou en smartphones s’effondrait dans certains de ses plus gros clients, comme l’Union européenne ou le Japon. « Mais il s’est avéré que les exportations ont encore continué à promouvoir la croissance cette année », explique Thanh. « C’est parce que le Vietnam a diversifié ses exportations. Il ne dépend pas d’un seul marché. » Selon les douanes vietnamiennes, les exportations vers la Chine ont ainsi augmenté de 15% au cours des neuf premiers mois de 2020, et vers les États-Unis de 23 % atteignant 54,7 milliards de dollars.

Plusieurs secteurs en ont profité, comme l’électronique (+26%) ou l’industrie du meuble (+12%), tirés par la forte demande d’équipement en téléviseurs, en ordinateurs ou en mobilier de bureaux, en raison des confinements décidés dans de nombreux pays. Le pays est aussi en train de tirer son épingle du jeu dans la guerre commerciale que se livrent les États-unis et la Chine, de nombreux industriels ayant décidé de s’approvisionner au Vietnam plutôt qu’en Chine afin d’éviter les droits de douane.

Moins rose est la situation du secteur touristique, touché comme partout en Asie par la disparition des touristes étrangers. A Hue, ancienne cité impériale et haut lieu touristique, 8000 salariés ont perdu leur emploi et 80% des hôtels ont fermé, selon le département du tourisme de la province de Thua Thien Hue. Idem à Hanoï, la capitale, où « le tourisme est mort », constate Nguyen Dinh Toi, un patron d’hôtels à Hanoï et dans la baie d’Ha Long. « Nous avons survécu à l’épidémie de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), à la tempête financière de 2009-2010 … mais la situation actuelle est inimaginable », déclare-t-il.

Pourtant, l’économie vietnamienne est moins exposée que d’autres pays de la région, comme la Thaïlande, où le FMI prévoit que l’économie s’effondrera de 7,1% cette année. Le gouvernement vietnamien a également aidé à amortir le choc en injectant de l’argent dans des projets d’infrastructure tels que des routes et des ponts, explique Nguyen Xuan Thanh. « Cela a crée une demande supplémentaire, compensant le Covid et la baisse de la consommation, et cela a aussi crée des emplois », dit-il. Les investissements publics au cours des onze premiers mois de 2020 ont augmenté de 34% d’une année sur l’autre, la hausse la plus élevée depuis 2011, selon les chiffres du gouvernement.

Le triomphe relatif du Vietnam cette année pourrait devenir un avantage sur le plus long terme, estime Adam McCarty, économiste en chef du cabinet Mekong Economics. Certaines entreprises japonaises et le géant américain Apple envisagent déjà de transférer une partie de leur production vers ce pays d’Asie du Sud-Est. La façon dont le coronavirus a été traité a « presque rendu le Vietnam célèbre dans le monde entier », remarque Adam McCarty, ajoutant que cela devrait inciter les grands groupes mondiaux à adopter une autre vision du Vietnam.

Capital.fr avec Agence France Presse – 16 décembre 2020

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