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Birmanie : « la maison de Dieu », un lopin de terre pour les déplacés fuyant la guerre

Tailler, monter, attacher les longs poteaux de bambou qui formeront la structure de leur future maison: à Rangoun, des familles chrétiennes de l’ethnie Chin, qui ont fui le nord-ouest de la Birmanie ravagé par les combats, s’inventent une nouvelle vie.

Quelque 80 déplacés ont élu domicile le mois dernier sur un petit lopin dans la banlieue de la capitale économique qu’ils ont baptisé « Baythala« , « la maison de Dieu« . 

Une dizaine de maisons sur pilotis commencent à sortir de terre. Au coucher du soleil, des hommes coupent encore des tiges de bambou destinées à supporter un toit en tôle, des femmes préparent le dîner et des enfants improvisent une partie de volley avec un filet de fortune. 

La petite communauté chrétienne fait partie des 200.000 personnes déplacées par les violents combats dans le nord-ouest du pays entre les militaires birmans et l’Armée d’Arakan (AA), une faction rebelle qui milite pour plus d’autonomie en faveur de la population bouddhiste de la région (dite rakhine ou arakanaise). 

Ce conflit, qui a fait depuis 2018 plusieurs centaines de morts et de blessés, secoue l’Atat de Rakhine et se propage dans l’Etat voisin de Chin, forçant ses habitants à majorité chrétienne à quitter leurs villages et à s’installer dans des camps temporaires. 

« Nous étions les otages de cette guerre, pris en étau entre les deux camps« , raconte à l’AFP Kan Lwat, le leader de la petite communauté de « Baythala« . 

Leur village dans l’Etat de Chin a été bombardé. Ils ont alors parcouru plus de 600 kilomètres pour rejoindre Rangoun où ils ont d’abord vécu dans des camps de fortune.  

A « Baythala« , il n’y a pas encore d’eau ni d’électricité et la construction des maisons a pris du retard car les familles attendaient de recevoir des dons pour acheter les matériaux.  

La pandémie de coronavirus qui frappe la Birmanie (136.000 cas et 3.000 décès recensés) et particulièrement Rangoun, sa capitale économique plongée dans la crise, rend impossible la recherche d’un emploi. 

« Nous n’avons pas de travail pour le moment« , déplore Kan Lwat, ajoutant que les matériaux et les vivres proviennent d’organisations chrétiennes et d’autres groupes de défense des droits des Chin. 

Mais ces problèmes sont peu de choses face à la peur des bombardements ou à la crainte d’une invasion des soldats dans les villages, relève le pasteur Aung Far, un autre déplacé installé ici.  

« Même si nous voulions rentrer chez nous, nous ne pourrions pas vivre en paix car il y a encore trop de combats« , déplore-t-il.  

Kan Lwat espère qu’une fois la pandémie terminée, les adultes trouveront un emploi pour permettre à la trentaine d’enfants d’avoir accès à l’école et à « un avenir meilleur« . 

Agence France Presse – 24 janvier 2021

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