Exploitation illicite : le Vietnam fait feu de tout bois au Cameroun
Un rapport de l’ONG américaine Environnemental Investigation Agency et le Centre pour l’environnement et le développement (CED) camerounais publié en fin d’année dernière, révèle le mode opératoire des ressortissants de ce pays d’Asie du Sud-Est, pour sortir frauduleusement le bois du pays.
« La croissance exponentielle du commerce du bois entre le Cameroun et le Vietnam se fonde sur des stratagèmes choquants et des activités illégales », renseigne le rapport intitulé : « Bois volé, temples souillés ». Il s’agit notamment de la violation généralisée des lois sur l’exportation, de l’évasion fiscale, des opérations de blanchiment couvertes par la paperasse, etc.
Ainsi, l’on apprend par exemple qu’afin de maximiser leurs bénéfices, certaines sociétés vietnamiennes spécialiteurs du Vietnam, révèle alors l’enquête inédite menée pendant 3 ans par le CED et l’EIA.
C’est que les sociétés commerciales vietnamiennes ont établi un modèle commercial d’une simplicité trompeuse. Pendant des années, ces sociétés ont acheté de grands volumes de bois illégal et non durable, afin d’exporter une grande partie sous forme de grumes. Une plus petite partie est transformée en planches surdimensionnées ou en grumes équarries, en violation des lois camerounaises en matière d’exportation (voir les détails dans la section Ce modèle repose sur des relations que les sociétés vietnamiennes tissent avec des fournisseurs de bois qui offrent des grumes illé-gales/non durables fraîchement coupées, mais aussi avec des facilitateurs qui permettent l’exportation de produits dérivés en violation de la réglementation camerounaise en matière d’exportation.
Les sociétés commerciales vietnamiennes, exclues de la gestion à long terme de la forêt et de l’exportation officielle du bois, effectuent la plupart des paiements en espèces, et offrent des pots-de-vin de la même manière.
Elles font profil bas et essaient de passer inaperçues dans le secteur de l’exploitation des forêts camerounaises jusqu’à présent. Voici ce qu’en dit une source bien introduite interrogée par les enquêteurs du CED et de l’EIA : « Ce ne sont pas elles (sociétés vietnamiennes) qui violent directement la loi, mais elles «chargent» des sociétés camerounaises de le faire, et ces sociétés camerounaises ont bien sûr la «relation» requise pour cela. Ce sont également ces sociétés qui vont s’occuper des procédures d’exportation. »
Dans la plupart des cas, les sociétés vietnamiennes n’exportent pas elles-mêmes, mais s’appuient sur des agents ou des « transitaires » camerounais pour gérer l’ensemble du processus d’exportation, ainsi que le versement d’éventuels pots-de-vin aux autorités camerounaises.
Actu Cameroun – 17 février 2021
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