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Le sourire Khmer, un film d’animation fabriqué entre Alpes et Cambodge, pâtit de la crise sanitaire

Le Sourire Khmer, un long métrage d’animation, a été imaginé par deux sociétés de production d’Annecy et de Chambéry en collaboration avec des studios cambodgiens. Mais avec la crise sanitaire, la fabrication a pris du retard. Une campagne de financement participatif a été lancée.

Le Sourire Khmer, c’est d’abord l’histoire de Fabrice Beau, son réalisateur. Une histoire d’allers-retours entre la France et l’Asie. « Je suis né en 1974, au mois de juin ou peut-être un mois plus tôt, un mois plus tard, je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que je suis né au Cambodge », raconte son personnage dans une séquence du film. Fabrice a été adopté quelques mois après sa naissance par une famille en France. En 2010, il est retourné pour la première fois dans le pays qui l’a vu naître. C’est ce voyage de retour et de découverte qu’il a voulu mettre en scène. 

Adoption et quête des origines

« C’est une aventure, un road movie animé », explique-t-il. Fabrice n’a pas grandi dans les Alpes mais il y a une dizaine d’années, il a décidé de s’installer dans « la Mecque du film d’animation », à Annecy. Il y créé une société de production, Animalps production, pour mener à bien son projet de film « autour de deux thèmes qui sont l’adoption certes mais aussi l’identité qui est un thème universel ». Ce long-métrage est donc inspiré de son expérience et de « la confrontation des cultures ». Lorsqu’il retourne au Cambodge, on lui disait « Fabrice, tu es cambodgien physiquement mais, en fait, intérieurement tu es français ».

Pour autant, ce n’est pas l’histoire du génocide, qui a fait près de deux millions de morts entre 1975 et 1979. « On a voulu essayer de montrer une histoire positive. On évoque très peu cette histoire dramatique des Khmers rouges. 90% du film, c’est une aventure. On va suivre des personnages sous un aspect dynamique et très positif », indique Fabrice Beau.

« Un film positif », au-delà du génocide

Dès l’écriture du scénario, le réalisateur se met en tête de travailler avec des studios d’animation cambodgiens, pour transmettre son savoir-faire. Là-bas, le secteur du cinéma d’animation est en phase d’éclosion. « C’est aussi ma manière à moi de contribuer à quelque chose de social et de contribuer à une nouvelle économie. J’essaye de créer un point entre France et Cambodge, et je trouve que le dessin animé, qui est un genre universel, est la meilleure façon d’aborder la chose »

D’autant que le cinéma a connu de grandes heures au Cambodge avant l’arrivée des Khmers rouges. « On parle d’âge d’or », explique Jeanne Basset, la coproductrice du film basée à Chambéry, à la tête de la société Luchafilms. « Le roi produisait des centaines de films par an, donc il y a une culture du cinéma, qui renaît depuis dix ans avec des réalisateurs qui souhaitent développer le cinéma cambodgien au-delà du génocide »

Un an de retard à cause de la crise sanitaire

Scénario et storyboard en main, Fabrice et Jeanne se rendent donc à Battambang pour tracer les grandes lignes du film et lancer tout le travail d’animation. Leur dernière visite remonte à un an, tout juste avant le premier confinement et le déclenchement de la crise sanitaire.

La Covid aura entraîné la fermeture temporaire des studios au Cambodge, puis l’obligation de collaborer à distance, par écrans interposés. Tout se fait désormais en visio. La fabrication du film a donc pris « environ un an de retard ». Le budget du long-métrage d’1,5 million d’euros était bouclé grâce à des fonds privés mais le retard génère des frais supplémentaires qu’il faut désormais financer. 

Les deux sociétés de production alpines ont donc lancé une campagne de financement participatif pour trouver une partie des 300 000 euros qu’ils doivent débourser. Ils espèrent financer le reste grâce à un distributeur ou un diffuseur, malgré la conjoncture.

« Ici, les festivals, les rencontres, ont été beaucoup plus compliquées parce que tout se fait en ligne. Ce n’est pas pareil, les distributeurs ont des bouchons dans leurs tuyaux. Nous, c’était cette année qu’on était censé trouver un diffuseur ou un distributeur », regrette Jeanne Basset.

Si les financeurs sont au rendez-vous, le sourire Khmer pourrait sortir en 2022.

Le rêve pour les équipes basées dans les Alpes, serait de le voir programmé un jour par le festival international du film d’animation d’Annecy.

Par Cécile Mathy – France 3 TV – 17 février 2021

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