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Procès d’Aung San Suu Kyi : une première audience en catimini

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L’ex-conseillère d’Etat, qui comparaissait mardi soir à huis clos et sans son avocat au tribunal de Naypyidaw, est visée par une nouvelle accusation qui pourrait lui valoir jusqu’à six ans de prison.

C’est la grande absente, mais elle est partout présente. Depuis le coup d’Etat du 1er février et son arrestation à l’aube par les troupes du général Min Aung Hlaing, Aung San Suu Kyi trône en majesté sur les tee-shirts, les pancartes des cortèges des manifestants et du mouvement de désobéissance civile qui ont envahi en masse les rues de Rangoun ou Mandalay mercredi. La veille, avec vingt-quatre heures d’avance sur le jour prévu, Aung San Suu Kyi comparaissait à huis clos et par visioconférence au tribunal de Naypyidaw lors du premier jour d’un procès qui a tout d’une farce judiciaire, comme les militaires aiment les mettre en scène depuis trente ans.

L’avocat d’Aung San Suu Kyi, Khin Maung Zaw, s’est présenté en toute hâte au tribunal de Naypyidaw, mais faute de procuration, il n’a pu assister à cette première audience expédiée en moins d’une heure. Déjà accusée d’avoir illégalement importé six talkies-walkies et d’autres équipements trouvés à son domicile de Naypyidaw, l’ancienne conseillère d’Etat doit aussi répondre d’une violation de la loi sur la gestion des catastrophes naturelles. Il lui est reproché d’avoir été en contact avec des foules en pleine pandémie de coronavirus. Une accusation identique à celle formulée à l’encontre du président Win Myint, arrêté lui aussi le 1er février et toujours détenu par les forces armées. D’après le New York Times, ils pourraient écoper d’une peine de trois à six ans de prison.

Après cette première comparution en hâte et en catimini, une nouvelle audience doit se tenir le 1er mars, a expliqué Khin Maung Zaw à la presse birmane, ajoutant que ce procès pourrait durer encore six mois, voire un an. L’avocat dispose d’un peu de temps pour construire la défense de sa cliente. Il va notamment pouvoir creuser la première et farfelue accusation sur la violation des règlements d’importation par Aung San Suu Kyi. Les talkies-walkies étaient bien utilisés par son équipe de sécurité, mais celle-ci a été mise à disposition de la Dame de Rangoun par le ministère de l’Intérieur, contrôlé et dirigé… par l’armée.«Cette question est la première que je soulèverai au tribunal quand j’en aurai l’occasion, a déclaré Khin Maung Zaw. Voyons comment ils y répondront.» Accusation boomerang ?

Par Arnaud Vaulerin – Libération – 18 février 2021

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