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Birmanie : Aung San Suu Kyi sous le coup de nouvelles poursuites pénales

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L’ex-dirigeante birmane est désormais poursuivie dans six dossiers. Accusée d’avoir perçu des pots-de-vin, elle pourrait être inculpée de « corruption », une procédure qui l’empêcherait d’exercer de nouveau le pouvoir.

La présidente de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et ancienne dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, chassée du pouvoir le 1er février par la junte militaire, a été visée, lundi 12 avril, par de nouvelles poursuites pénales, a annoncé son avocate.

« Elle est poursuivie dans six dossiers, cinq à Naypyidaw et un à Rangoun », a déclaré Min Min Soe à l’issue d’une audience dans un tribunal de Naypyidaw, la capitale, où l’ex-dirigeante de 75 ans a comparu en visioconférence – elle est, depuis le coup d’Etat militaire, tenue au secret dans une résidence de la ville. « Aung San Suu Kyi a une nouvelle fois été inculpée en vertu de la section 25 de la loi sur la gestion des catastrophes naturelles », a ajouté son avocate.

La junte cumule les accusations

Déjà poursuivie pour avoir illégalement importé des talkies-walkies, Aung San Suu Kyi avait été inculpée une deuxième fois, à la mi-février, pour avoir violé la loi sur la gestion des catastrophes naturelles. Le 25 mars, les autorités ont entamé une nouvelle procédure, l’accusant d’avoir violé la loi sur les secrets d’Etat. Par ailleurs, la lauréate du prix Nobel de la paix 1991 est poursuivie pour « incitation aux troubles publics » et est accusée d’avoir perçu plus de 1 million de dollars et 11 kilos d’or sous forme de pots-de-vin, mais elle n’a pas encore été inculpée de « corruption ». Si elle est reconnue coupable, elle encourt de longues années de prison, risquant d’être bannie de la vie politique.

La crise consécutive au coup d’Etat éclipse par ailleurs la Fête de l’eau, qui donne le coup d’envoi du Nouvel An bouddhiste. Le régime de la junte semble promouvoir la tradition, mais la tenue d’événements publics est incertaine. Les opposants au coup d’Etat ont appelé à boycotter les festivités organisées par la junte. A Nyaung-U, dans la région de Mandalay (centre), des militants ont accroché,lundi, des tracts de couleur jaune sur la tête de statues de danseuses traditionnelles, exhortant la population à ne pas participer à la Fête de l’eau. Des manifestations ont également eu lieu à Kalay, dans l’ouest, et à Rangoun, la capitale économique du pays, où des bus municipaux ont été incendiés dans la nuit. La crise a aussi entraîné des affrontements entre l’armée et de nombreuses factions ethniques armées, dont certaines soutiennent ouvertement le mouvement de contestation. Lundi, des affrontements se sont produits dans l’Etat Kachin (nord) entre l’armée et l’Armée pour l’indépendance kachin (KIA). Selon des sources locales, trois villageois ont été tués par des tirs d’artillerie sans qu’il soit possible de déterminer de quel camp ils provenaient.

La diplomatie stagne

Selon le décompte tenu par l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), la répression des manifestations a fait 701 morts depuis le 1er février. La junte fait état, pour sa part, de 248 morts. Quelque 3 000 personnes ont, en outre, été arrêtées depuis le coup d’Etat, selon l’AAPP. A Tamu, dans la région de Sagaing, près de la frontière avec l’Inde, une fillette de 6 ans a été tuée, lundi matin, alors qu’elle allait à pied faire des courses, a dit un habitant à l’Agence France-Presse. Lors de l’une des journées les plus sanglantes depuis plus de deux mois, la répression des forces de sécurité a fait au moins 82 morts, vendredi 9 avril, à Bago, au nord-est de Rangoun.

La répression a entraîné de nombreuses condamnations des capitales occidentales, parfois assorties de sanctions visant la junte militaire et ses intérêts financiers. Mais la situation stagne sur le plan diplomatique. L’Union européenne accuse la Russie et la Chine, alliées traditionnelles de l’armée birmane, de faire obstruction aux efforts au sein du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour l’adoption d’un embargo international sur la vente d’armes à la Birmanie. L’envoyée spéciale de l’ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, a, quant à elle, entamé vendredi en Thaïlande une tournée asiatique qui doit la conduire en Chine et dans des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean). La Birmanie a refusé de l’accueillir.

Par Le Monde avec Agence France Presse – 12 avril 2021

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