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Tentatives de pourparlers internationaux dans une Birmanie marquée par des manifestations quotidiennes

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Plus tôt mercredi, des centaines de manifestants se sont rassemblés pour le deuxième jour de suite devant l’ambassade d’Indonésie, mécontents que ce pays voisin discute avec la junte.

Trois semaines après le coup d’Etat militaire, la diplomatie entre en scène. Mercredi 24 février, Wunna Maung Lwin, le ministre des affaires étrangères birman nommé par la junte, s’est rendu à Bangkok pour s’entretenir avec les puissances régionales, qui tentent de dégager un accord pour mettre fin aux troubles meurtriers.

Ces pourparlers surviennent alors que le bilan de la répression des manifestations contre le coup d’Etat s’est alourdi mercredi à cinq morts, une organisation de secours locale ayant annoncé le décès d’un manifestant en détention.

« Eviter les effusions de sang »

Cela fait plusieurs semaines que l’armée birmane est sous le feu des condamnations internationales pour avoir renversé la chef du gouvernement civil, Aung San Suu Kyi, lors d’un putsch le 1er février. Chez elle, la junte fait face à des manifestations quotidiennes massives et à un mouvement de désobéissance civile qui touche toutes les composantes de la société birmane.

La ministre des affaires étrangères indonésienne, Retno Marsudi, a fait part mercredi de sa préoccupation concernant la sécurité et le bien-être des citoyens birmans, jugeant qu’un « processus de transition démocratique inclusif » était nécessaire. « Nous demandons à toutes les parties de faire preuve de retenue et de ne pas avoir recours à la violence, pour éviter les victimes et les effusions de sang », a-t-elle déclaré à des journalistes à Djakarta.

Mme Marsudi avait évoqué la crise en Birmanie au cours des deux dernières semaines lors de visites à Brunei et à Singapour et d’appels téléphoniques avec d’autres homologues d’Asie du Sud-Est. La ministre avait espéré se rendre à Naypyidaw, la capitale administrative de Birmanie, après sa visite à Bangkok, pour transmettre directement la position de l’Indonésie et d’autres pays, mais elle a expliqué que cette visite avait dû être reportée.

« Arrêtez de négocier avec eux »

Plus tôt mercredi, des centaines de manifestants se sont rassemblés pour le deuxième jour de suite devant l’ambassade d’Indonésie, dans le centre de Rangoun, la plus grande ville birmane. Mécontents que ce pays voisin discute avec la junte – officiellement nommée Conseil d’administration de l’Etat –, ils portaient des pancartes disant « Arrêtez de négocier avec eux » et « Indonésie, ne soutenez pas le dictateur ».

« Le Conseil d’administration de l’Etat militaire n’est pas notre gouvernement légitime », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Seinn Lae Maung, une manifestante au drapeau birman peint sur le visage. « Merci de respecter nos votes et d’entendre nos voix. » « Ne rien faire n’est pas une option », a rétorqué plus tard Mme Marsudi en réaction aux critiques.

Répression sanglante

Ces trois dernières semaines, les généraux n’ont pas cessé d’intensifier le recours à la force afin d’affaiblir la mobilisation en faveur de la démocratie en Birmanie, où des milliers de personnes les ont défiés en descendant quotidiennement dans les rues. Ils ont utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des balles en caoutchouc contre les manifestants. Des tirs isolés à balles réelles ont également eu lieu.

Le nombre de morts depuis le coup d’Etat est monté à cinq mercredi, après la mort d’un homme de 20 ans qui avait été arrêté et souffrait d’une blessure à une jambe après une manifestation le week-end dernier à Mandalay, la deuxième plus grande ville du pays. Sa mère « a couru vers moi, en pleurant et en me serrant dans les bras, en disant que son fils était mort », a rapporté Khin Maung Tint, de l’organisation locale de secours Mandalay Rescue.

Trois autres personnes ont été tuées pendant des manifestations et un homme qui patrouillait pour éviter des arrestations massives dans son quartier, à Rangoun, a été abattu. La famille et les amis de cet homme, Tin Htut Hein, 30 ans, lui ont rendu un dernier hommage mercredi lors de ses funérailles. Dans l’assistance, certains portaient des tee-shirts avec son visage imprimé en signe de deuil, tandis que d’autres plaçaient des roses sur une pancarte indiquant « la dictature doit échouer ».

Les manifestations se sont poursuivies dans tout le pays mercredi, de Rangoun – où des groupes ethniques minoritaires vêtus de leurs tenues traditionnelles ont défilé avec leurs drapeaux – à Mandalay, où des manifestants ont défilé à dos d’éléphants. Les pachydermes portaient sur leur croupe une inscription disant « A bas la dictature militaire » en birman.

Depuis son arrestation au petit matin le 1er février, Aung San Suu Kyi n’a pas été vue en public. La lauréate du prix Nobel de la paix 1991, 75 ans, tenue au secret depuis son arrestation, est inculpée pour des motifs non politiques, accusée d’avoir importé « illégalement » des talkies-walkies et d’avoir violé une loi sur la gestion des catastrophes naturelles. Une audience est prévue le 1er mars.

Le Monde avec Agence France Presse – 24 février 2021

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