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Birmanie : Londres demande aux Britanniques de partir, Moscou s’inquiète du nombre de victimes

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Dans plusieurs villes de Birmanie, fonctionnaires, infirmières, médecins et étudiants sont descendus dans la rue ce vendredi 12 mars pour rejoindre la campagne de désobéissance civile, les trois doigts en l’air en signe de résistance. Le Royaume-Uni demande à ses citoyens de quitter la Birmanie. Moscou s’inquiète du nombre de victimes.

Londres conseille à tous les ressortissants britanniques de quitter le pays et met en garde contre les violences qui ont gagné toute la Birmanie depuis le coup d’État du 1er février. 

Cet avertissement fait suite aux déclarations du rapporteur spécial de l’ONU devant le Conseil des droits de l’Homme: selon Tom Andrews, la junte a « assassiné » au moins 70 personnes et elle a commis des actes de tortures et de persécution qui peuvent constituer des crimes contre l’humanité. « La Birmanie est contrôlée par un régime meurtrier et illégal », a déclaré Tom Andrews à Genève.

Si nous voulons que justice soit faite, que les coupables répondent de leurs actes, que la terreur cesse et que les droits de l’Homme soient respectés, la communauté internationale, vous tous, les Etats membres de l’ONU, vous devez agir ! Ce régime doit savoir qu’il y a un prix à payer pour ces agissements illégaux – nous devons exercer une pression maximale. Si le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas prêt à prendre une décision, les nations qui y sont prêtes doivent le faire. Des actions coordonnées entre Etats seront le moyen le plus efficace. Nous avons besoin de sanctions sévères qui ciblent les flux financiers de la junte et qui bloquent son accès au marché international de l’armement. Nous devons aussi mettre les responsables devant chaque tribunal capable de recevoir ce dossier, de la Cour pénale internationale jusqu’au tribunaux nationaux qui exercent une compétence universelle. Il faut également suspendre l’aide humanitaire et l’aide au développement qui passe par la junte, pour travailler directement avec les organisations locales de la société civile. Enfin, les Etats membres de l’ONU ne doivent pas reconnaître le régime militaire en tant que gouvernement représentant le peuple birman, car justement il ne le représente pas !

La Russie durcit le ton 

Même la Russie qui a, tout comme la Chine, des liens étroits avec la Tatmadaw l’armée birmane, prend ses distances : le Kremlin se dit inquiet du nombre croissant de victimes civiles et juge la situation « alarmante ». 

« Nous sommes préoccupés par les informations provenant de là-bas et faisant état d’un nombre croissant de victimes au sein de la population civile », a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe lors de son briefing quotidien. Il a par ailleurs jugée « la situation alarmante » dans le pays, après une journée jeudi lors de laquelle neuf manifestants ont été tués.

La junte s’en prend durement à la presse 

Vendredi, cinq journalistes, dont un photographe de l’agence Associated Press, arrêtés le mois dernier alors qu’ils couvraient une manifestation à Rangoun, ont été officiellement inculpés.

La semaine aura été particulièrement dure pour la presse : perquisition de journaux, suspension des licences de 5 organes de presse et arrestation vendredi matin d’un journaliste polonais. Le ministère polonais des Affaires étrangères a confirmé ce vendredi 12 mars l’arrestation d’un journaliste polonais Il a indiqué que ses diplomates cherchaient à établir le contact avec lui « de façon urgente ».

Tout a commencé lundi 8 mars avec la perquisition de la police dans les locaux de Myanmar Now, l’un des médias les plus réputés. Dans la foulée, la télévision d’État a annoncé que cinq médias étaient officiellement fermés, que leurs licences étaient révoquées. Et le lendemain, deux de ces médias ont à leur tour été perquisitionnés. Aujourd’hui, on compte 11 journalistes derrière les barreaux. Cinq d’entre eux sont poursuivis pour diffusion de fausses informations pouvant causer des troubles à l’ordre public…

La junte renoue avec ses démons

La junte renoue très clairement avec ses pratiques du passé qui avaient perduré entre 1967 et 2011 : contrôler totalement l’information, ne laisser aucune place à une information indépendante. Il faut savoir que les pratiques de la junte sont très archaïques. Avant 2011, chaque article devait être envoyé au bureau de la censure et il était sévèrement caviardé pour qu’aucune information compromettante pour le gouvernement, pour l’armée ne sorte.

« Les choses avaient changé, avant Aung San Suu Kyi qui est arrivé au pouvoir en 2016, avec la levée de ce régime de la censure préalable qui a permis une vraie multiplication des organes de presse, souligne Daniel Bastard. Ceux qui étaient exilés à l’étranger ont pu rentrer, même si cette libéralisation a eu des limites très sérieuses avec la crise des Rohingyas en 2017, avec l’arrestation de deux journalistes de Reuters, condamnés à 7 ans de prison pour avoir seulement enquêté sur les Rohingyas. C’était une question très tabou. Aung San Suu Kyi n’a pas du tout fait évoluer la liberté de la presse».

Malgré la pression internationale, la junte continue à s’acharner contre l’ancienne cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi et l’accuse d’avoir reçu 600 000 dollars de pots-de-vin et plus de 11 kilos d’or. Des accusations rejetées en bloc par son avocat.  

Radio France Internationale – 12 mars 2021

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