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La Birmanie sous pression internationale

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Les dix pays de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) se réunissent le 24 avril à Djakarta, en présence du général putschiste birman Min Aung Hlaing. Il s’agira de trouver les moyens d’apaiser la situation et de relancer le processus démocratique en Birmanie.

La diplomatie asiatique se lance à nouveau au secours du peuple birman. Deux mois et demi après le coup d’État du 1er février dernier en Birmanie, qui a déjà causé plus de 800 morts et des milliers d’arrestations, un sommet spécial de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) se réunit samedi 24 avril à Djakarta pour tenter de résoudre la crise birmane. Le général putschiste birman Min Aung Hlaing sera présent au sommet, pour son premier déplacement à l’étranger depuis son coup de force.

« La situation humanitaire ne cesse de se détériorer dans toute la Birmanie, confie un diplomate occidental basé à Rangoun, les chancelleries occidentales ne cessent de dénoncer les violences sanglantes de l’armée birmane contre les populations civiles pacifiques, mais il faut l’implication de tous les voisins asiatiques afin de tenter de trouver une issue au drame que vivent tous les Birmans. » La hiérarchie militaire birmane retranchée et isolée dans sa capitale de Naypyidaw n’a cessé de rejeter les accusations occidentales contre leur coup d’État et défend toujours l’idée d’une élection parlementaire « volée » et « manipulée » en novembre dernier.

Un gouvernement d’unité national s’est créé la semaine dernière

Cet argument sera repris par le général Min lui-même à Djakarta le 24 avril, mais sa présence même suscite de violentes critiques des militants prodémocratie qui demandent aux dirigeants étrangers de ne pas reconnaître la junte. « Les militaires birmans sont des terroristes, dénonce Maung Zarni, exilé politique birman basé à Londres, et inviter le général Min, chef des terroristes, est un non-sens. L’Asean devrait commencer par dénoncer ce chef de gang qui fait couler le sang. » Et inviter à sa place des représentants du nouveau Gouvernement d’unité nationale (GUN), formé la semaine dernière.

« Si l’Asean veut aider à résoudre la situation en Birmanie, elle n’arrivera à rien si elle ne consulte pas et ne négocie pas avec le GUN, soutenu par le peuple et qui a une pleine légitimité », a déclaré Moe Zaw Oo, ministre adjoint des affaires étrangères de ce gouvernement fantôme au service birman de Voice of America. « Il est important que le conseil militaire ne soit pas reconnu », a-t-il ajouté. Alors que dans les rues de Rangoun ou de Mandalay les manifestations se poursuivent, malgré l’état d’urgence.

En dépit de la répression sanglante, la résistance intérieure ne désarme pas et s’organise dans les provinces, notamment en lien avec de nombreuses factions rebelles ethniques (Shan, Karen, Kachin). Mais le rapport de force est déséquilibré face à une armée birmane ultra-équipée qui achète ses armes à la Russie et à la Chine. Seules les pressions extérieures pourraient infléchir la violence aveugle des généraux birmans.

« La répression doit cesser » a averti Josep Borrell

Les États-Unis ont déjà sanctionné plusieurs hauts dignitaires et coupé les finances de certains groupes industriels birmans, liés à l’armée. L’Union européenne a sanctionné en début de semaine dix membres de la junte et deux sociétés qui lui assurent un financement. « La répression doit cesser », a averti Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne. « Poursuivre sur la voie actuelle n’apportera que davantage de souffrance et n’accordera aucune légitimité », a-t-il ajouté.

Alors que l’ONU craint un conflit généralisé dans un pays déjà plongé dans le chaos, le secrétaire général Antonio Guterres et son prédécesseur Ban Ki-moon ont lancé un appel urgent à l’Asean en début de semaine afin qu’elle trouve une solution en Birmanie. « Son rôle est plus crucial que jamais alors que la région est confrontée à une crise urgente en Birmanie », a souligné Antonio Guterres. « Le principe de non-ingérence ne doit pas être utilisé comme un prétexte à l’inaction », a insisté Ban Ki-moon en réclamant aussi au Conseil de sécurité, où la Chine et la Russie s’opposent à une action forte, « d’agir de manière décisive pour empêcher le pire en Birmanie et au-delà. »

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Chronologie depuis le coup d’État

1er février. Coup d’État militaire. La présidente Aung San Suu Kyi et des députés sont
arrêtés. L’état d’urgence est proclamé pour un an.

7 février. Des manifestations inédites depuis 2007 rassemblent quelque 100 000 contestataires à Rangoun.

8 février. La loi martiale
est décrétée.

10 février. L’ASEAN appelle
au dialogue.

10 mars. Le Conseil de sécurité de l’ONU condamne la violence mais pas le coup d’État. La Chine et la Russie s’y opposent.

10 avril. Sanctions américaines contre des généraux birmans.

19 avril. Sanctions de l’Union européenne.

22 avril. Près de 800 morts et plus de 3 000 arrestations.

Par Dorian Malovic – La Croix – 23 avril 2021

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