Birmanie: le Conseil de sécurité de l’ONU réclame l’application du plan de l’Asean
Le Conseil de sécurité de l’ONU a réclamé vendredi dans une déclaration unanime l’application du plan de l’Asean en cinq points en faveur notamment d’une « cessation immédiate de la violence en Birmanie », un texte adouci à la demande de la Chine et de la Russie.
Ce plan, qui prévoit aussi la nomination d’un émissaire de l’Association des nations d’Asie du sud-est (Asean), doit être appliqué « sans délai », précise le Conseil dans sa déclaration initiée par le Royaume-Uni.
Faisant suite à une réunion à huis clos dans la matinée, ce texte a nécessité pour les Occidentaux de faire des concessions à l’égard de Pékin et Moscou. Ces derniers ont réclamé et obtenu la suppression d’une mention dans un premier projet de texte obtenu par l’AFP, dans laquelle le Conseil condamnait « à nouveau fermement la violence contre des manifestants pacifiques » et exigeait des « militaires la plus grande retenue ».
« Ce qu’il faut éviter, c’est de perdre l’unité du Conseil au point de le mettre hors jeu. C’est de la dentelle, c’est très progressif », explique un diplomate sous couvert d’anonymat en reconnaissant l’obligation de plier devant la Chine, premier soutien de la Birmanie, pour la garder dans le consensus international.
Depuis le coup d’Etat militaire du 1er février, le Conseil de sécurité aura adopté quatre déclarations en incluant celle de ce vendredi, toutes amoindries lors des négociations par Pékin.
La réunion vendredi avait été convoquée par le Vietnam afin de présenter les conclusions du récent sommet en Indonésie de l’Asean.
La déclaration adoptée encourage une visite en Birmanie de l’émissaire de l’ONU, Christine Schraner Burgener, « aussitôt que possible ».
« Action urgente »
En tournée dans la région, cette dernière a répété au Conseil de sécurité son appel à une position internationale collective pour espérer peser sur l’évolution de la situation, selon des diplomates.
Elle a aussi rendu compte d’un long entretien tenu en marge du sommet de l’Asean avec le chef de la junte birmane, le général Min Aung Hlaing. Selon des diplomates, elle a alors essuyé un nouveau refus de l’officier pour pouvoir se rendre en Birmanie. Vendredi, elle a indiqué au Conseil avoir émis la veille une nouvelle requête pour aller dans le pays.
Lors de la réunion, le gouvernement de Bruneï, président en exercice de l’Asean, a envisagé l’idée d’une visite conjointe en Birmanie de l’émissaire de l’ONU avec son futur homologue de l’Asean, selon un diplomate.
« Nous estimons qu’il a eu depuis février environ 20.000 personnes déplacées et près de 10.000 ont fui vers les pays voisins. Les implications régionales nécessitent une action urgente », a déclaré l’émissaire, selon des extraits de son intervention obtenus par l’AFP.
« L’aspiration commune à la démocratie a uni le peuple de la Birmanie malgré ses divisions religieuses, ethniques et communautaires comme jamais auparavant. Une telle unité forte a créé des difficultés inattendues pour les militaires dans la consolidation du pouvoir et la stabilisation après le coup d’État », a-t-elle estimé.
Près de 760 civils sont tombés sous les balles de la police et de l’armée ces trois derniers mois, d’après l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). La junte ne reconnait que 258 morts au 15 avril, qualifiant les manifestants d' »émeutiers » se livrant à « des actes de terrorisme ».
Agence France Presse – 1er mai 2021
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