Birmanie : Total assure que l’armée ne recevra plus de versements liés à un gazoduc
Critiqué pour son rôle dans le pays, le groupe pétrolier a affirmé que les actionnaires d’un gazoduc qu’il exploite, dont une entreprise contrôlée par l’armée birmane, allaient cesser de percevoir des paiements.
Les actionnaires d’un gazoduc exploité par Total en Birmanie, dont une entreprise contrôlée par l’armée birmane, vont cesser de percevoir des versements, a assuré, mercredi 26 mai, le groupe pétrolier français, qui a été critiqué pour son rôle dans le pays.
« Compte tenu du contexte instable en Birmanie, à la suite d’une proposition conjointe par Total et Chevron lors de l’assemblée générale de Moattama Gas Transportation Company Limited [MGTC] du 12 mai dernier, toutes les distributions aux actionnaires de cette société ont été suspendues », a affirmé Total dans un communiqué. Parmi ces actionnaires figure la Myanmar Oil and Gas Enterprise (MOGE), contrôlée par l’armée birmane.
Les autres actionnaires sont Total (31,24 %), l’américain Chevron (28,26 %) et le thaïlandais PTTEP (25,5 %). Total est présent en Birmanie depuis 1992 et plusieurs ONG l’ont pressé de « cesser de financer la junte ».
Montage financier
Au début du mois de mai, Le Monde a révélé comment le groupe français a mis en place un système de partage des revenus avec la junte, en passant par les Bermudes. Total avait, pour sa part, réfuté l’existence d’un montage particulier, l’estimant « classique » et avalisé par les autorités précédentes. Le groupe pétrolier avait ensuite annulé une campagne publicitaire à hauteur de 50 000 euros, prévue dans les colonnes du Monde.
D’après son rapport annuel, le groupe avait écrit avoir versé 37 millions de dollars (30,3 millions d’euros) d’impôts et de taxes dans le pays l’an dernier. S’y ajoutent des livraisons de gaz sous forme de « droits à la production » pour une valeur de 138 millions de dollars (113 millions d’euros).
Le MGTC achemine le gaz provenant du gisement en mer de Yadana, que Total continue d’exploiter. « Total continue d’opérer le champ de Yadana de façon responsable, en maintenant la production de gaz dans le cadre des lois en vigueur, afin de ne pas interrompre la fourniture d’électricité qui est indispensable aux populations du Myanmar et de la Thaïlande », explique le groupe. Il ajoute qu’il « condamne la violence et les abus des droits humains » et « réaffirme qu’il respectera toute décision qui pourrait être prise par les organisations internationales ou nationales compétentes, y compris les sanctions applicables imposées par les autorités européennes et américaines ».
Le Monde avec Agence France Presse – 26 mai 2021
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