La condamnation d’un rappeur cambodgien confirmée en appel
La Cour d’appel de la province de Battambang a confirmé mercredi la condamnation de Kea Sokun, jeune rappeur, pour incitation. On lui reproche ses paroles nationalistes critiquant le gouvernement sur les questions frontalières avec le Vietnam.
Kea Sokun a été condamné le 23 décembre dernier par le tribunal provincial de Siem Reap à 18 mois de prison. Kim Bunnaroath, greffier de la Cour d’appel, a déclaré hier au Khmer Times que le tribunal avait entendu le cas d’appel de Sokun.
« Le Conseil des juges de la Cour d’appel de la province de Battambang a entendu son appel mercredi, mais la Cour d’appel a confirmé le jugement de la Cour provinciale de Siem Reap qui l’a condamné à 18 mois de prison », a déclaré Bunnaroath.
Le chanteur a fait appel de cette décision devant la Cour suprême le jour même.
Les autorités reprochent à Sokun les paroles de deux chansons – « Khmer Land » et « Sad Race » – qui ont été vues respectivement plus de 4 millions et 700 000 fois sur YouTube. Ces chansons reprochent au gouvernement d’avoir mené le Cambodge au déclin économique et exhortent la population à se dresser contre l’oppression et la corruption.
Les paroles accusent également le gouvernement de céder des territoires au Vietnam, un puissant trope du nationalisme cambodgien. C’est depuis longtemps une « ligne rouge » pour Hun Sen.
« Les poursuites engagées contre Kea Sokun ne sont pas un cas isolé ; elles s’inscrivent dans une tendance plus large. Le gouvernement cambodgien a mis en place de plus en plus des mesures répressives pour étouffer les dissidents et les voix opposées et critiques. Rien qu’en 2020, près de 60 personnes ont été condamnées pour ce que beaucoup considèrent comme des accusations politiquement motivées visant à punir les accusés pour leur appartenance au parti politique d’opposition cambodgien. » a déclaré L’Association du Barreau Américain.
Par Raphaël Ferry – Lepetitjournal.com – 18 juin 2021
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