Une nouvelle équipe pour défendre la Birmanie à la Haye
Le régime militaire actuel vient de se doter d’une nouvelle équipe juridique pour se défendre contre l’accusation de génocide des populations musulmanes dites « rohingyas » dans l’Arakan lors de l’audition prévue devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) le 23 juillet prochain.
Le nouveau ministre des Affaires étrangères U Wunna Maung Lwin présidera ce groupe de huit personnes, avec la procureure générale de l’Etat, Daw Thida Oo, comme vice-présidente.
Les autres membres seront le ministre du Bureau de la présidence, le général Yar Pyae, le ministre de la Planification et des Finances, U Win Shein, le ministre de la Coopération internationale, U Ko Ko Hlaing, le vice-ministre des Affaires étrangères, U Kyaw Myo Htut, l’experte en droit pénal international, Daw Khin Oo Hlaing, et le général Myo Zaw Thein. Sachant que U Wunna Maung Lwin et U Win Shein ont un passé d’officier, la moitié du groupe est donc composé de militaires ou anciens militaires.
L’équipe juridique précédente était dirigée par Daw Aung San Suu Kyi, qui avait en décembre 2019 défendu bec et ongles l’armée régulière birmane (la Tatmadaw) devant la CIJ à La Haye, rejetant haut et fort les allégations de la Gambie, auteure de la plainte. La Prix Nobel de la paix 1991 avait notamment minimisé les atrocités commises sur les populations musulmanes et trouvé des mots pour excuser les militaires de son pays, consentant avec difficulté à reconnaître certains massacres et viols de masse mais les associant à quelques soldats dévoyés et en aucun cas à un plan organisé de la Tatmadaw. Celle-ci avait nié tout usage excessif de la force dans sa répression et à l’époque une grande partie de la population birmane avait abondé en ce sens, niant cet usage excessif et soutenant sa dirigeante et son armée. Beaucoup justifiaient alors l’extrême violence subie par ces musulmans par l’affirmation « qu’ils n’étaient pas chez eux et n’avaient rien à faire en Birmanie ».
En janvier 2020, la Gambie avait obtenu de la CIJ des « mesures provisoires » pour empêcher de nouvelles violences. La Cour avait notamment ordonné que la Birmanie se conforme aux conventions internationales sur le génocide et que Nay Pyi Taw rende compte tous les six mois de son respect de ces mesures provisoires. Le gouvernement civil dirigé par Daw Aung San Suu Kyi avait alors répondu qu’il n’acceptait pas le terme « rohingya » mais qu’il se plierait à la décision de la Cour. Il a depuis soumis deux rapports, avant coup de force du 1er février 2021.
Lepetitjournal.com – 28 Juin 2021
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