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« S’il vous plaît, aidez-nous ! » : au Sénat, l’appel à l’aide du gouvernement birman en exil

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La commission des Affaires étrangères auditionnait mercredi 30 juin plusieurs membres du gouvernement birman en exil suite au coup d’État militaire de février.

« Votre soutien est absolument crucial pour faire cesser ce règne de la terreur. Une catastrophe militaire se profile, notre pays est défaillant, tous les services de base sont défaillants. […] Depuis le coup d’État, la junte a assassiné plus de 915 personnes, dont 72 enfants ». Auditionné par la commission sénatoriale des Affaires étrangères, Docteur Sasa, l’actuel ministre de la coopération internationale au sein du gouvernement d’unité national birman, a tenu devant les sénateurs à pousser un cri d’alarme sur la situation du pays, cinq mois après le coup d’État.

Le gouvernement en exil dont il est membre a été créé en réaction au coup d’État militaire du 1er février dernier. Perpétré par la toute-puissante armée birmane, échaudée par son échec aux élections législatives de 2020, il est venu mettre fin à quatre années d’une relative expérience démocratique, qui avait vu l’arrivée aux affaires d’Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix, actuellement de nouveau emprisonnée par les militaires. Plongeant le pays dans une grave crise humanitaire, les militaires n’hésitent pas à réprimer dans le sang les manifestations demandant le retour de la démocratie.

Une situation étudiée de près au Sénat, en témoigne la proposition de résolution déposée par le sénateur LR Pascal Allizard le 28 mai, invitant le gouvernement à reconnaître le gouvernement en exil comme représentant officiel de la Birmanie. Un gouvernement que la commission des Affaires étrangères a tenu à entendre aujourd’hui. « Nous sommes à vos côtés, pour tenter de tout faire pour rétablir la démocratie », a fait savoir le président de la commission Christian Cambon.

Un appel à une action plus volontaire de la France

« Je voudrais remercier le Sénat, au nom du peuple de Birmanie, nous redire votre gratitude pour votre action ». Face aux sénateurs, Moe Zaw Oo, ministre des Affaires étrangères du gouvernement en exil, a tenu à saluer l’activisme de la Haute Assemblée sur le sujet birman. Tout en appelant le gouvernement à être, lui, plus volontaire sur la question. « Nous aimerions insister sur le fait que le problème ne peut pas être résolu par le peuple birman seul. J’aimerais lancer un appel au gouvernement français, il faut des mesures supplémentaires » a-t-il continué.

Une demande appuyée par le Docteur Sasa, pour qui la reconnaissance du gouvernement dont il fait partie est une étape nécessaire afin que « les défenseurs de la démocratie mettent fin à cette dictature ». « S’il vous plaît, aidez-nous » a enjoint Zaw Wai Soe, ministre de la Santé du gouvernement en exil, attirant l’attention sur la situation sanitaire dramatique.

Une demande entendue par Christian Cambon, qui a affirmé sa « volonté d’insister auprès du gouvernement et de lui demander de prendre cette décision, car vous avez besoin de cette reconnaissance internationale pour faire pression sur la junte ».

La question de l’acheminement de l’aide humanitaire

Quant à la situation humaine et sanitaire sur place, décrite par les ministres auditionnés comme dramatique, avec « 1 million de Birmans forcés de quitter leur foyer », débouchant sur un possible « risque de famine d’ici fin octobre », l’acheminement de l’aide humanitaire a été présenté comme cruciale.

Mais comme l’a rappelé Jean-Marc Todeschini, sénateur socialiste de la Moselle, les associations humanitaires comme le gouvernement français se retrouvent face à « l’impossibilité de rentrer dans votre pays ». Un point également relevé par Joëlle Garriaud-Maylam, sénatrice des Français établis hors de France et présidente du groupe d’amitié France Birmanie « depuis 17 ans », « amie de la famille d’Aung San Suu Kyi ». « Nous ne pouvons pas vous aider directement, il est difficile de faire rentrer l’aide humanitaire en Birmanie ».

Face à ces limites, les ministres birmans présents ont évoqué la possibilité de faire transiter l’aide humanitaire par l’Indonésie, ou par voie terrestre.

Le rôle de Total dans le financement de la junte

Pour faire pression sur la junte, Joëlle Garriaud-Maylam a évoqué la possibilité de passer par l’entreprise Total. Car d’après les révélations du journal Le Monde, l’entreprise financerait en partie les généraux, via l’exploitation d’un gisement gazier au large de la Thaïlande dont une partie des bénéfices reviendrait aux militaires. L’entreprise française a déjà annoncé qu’elle suspendait une partie de ces versements fin mai. Joëlle Garriaud-Maylam appelle à aller plus loin.

Tout comme Christian Cambon, qui juge que « la société Total peut apporter des éléments de pression forts. On connaît le profit que la junte récupère avec la vente de gisements gaziers. Nous allons interpeller Total pour qu’elle amplifie ses sanctions contre la junte » a-t-il fait savoir.

Plusieurs pistes évoquées donc, pour continuer à lutter contre la junte militaire, qui, la dernière fois qu’elle s’est installée au pouvoir, y est restée près de 50 ans. « En espérant qu’un sursaut international fera cesser cette dictature sanguinaire », a appelé de ses vœux Christian Cambon.

Par Jules Fresard – Public Sénat Tv – 1er juillet 2021

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